Chapitre 9 - Pandore

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Après deux semaines loin de l'université, le directeur avait enfin prévenu tous les étudiants que les cours reprenaient dès lundi. Cette nouvelle fut à la fois un soulagement et une inquiétude. J'avais envie de retourner travailler, étudier, apprendre des choses, retrouver mes amis aussi et reprendre le quotidien à l'internat, mais quitter cette bulle de paix que nous venions de créer allait être si bizarre. Jamais je n'aurais pensé me sentir aussi bien avec Orion, Xan, et Hëna, et pourtant, nous avions réussi à créer une faille temporelle, un moment hors du temps, où rien ne nous faisait plus peur, où nous étions plus forts. Abandonner cela ne m'enchantait pas.

Je me questionnais sur ce qui allait changer en pliant mes vêtements pour les ranger dans ma valise. Je me demandais si ma relation avec ces trois nouveaux proches serait différente. Est-ce que nous allions continuer de parler ?

Et Hëna... Nous étions nous deux seulement dans la chambre, en train de terminer de préparer nos affaires. Nous le faisions en silence, submergées par des secrets et non-dits. Comment allait évoluer notre relation ? J'avais peur de m'avouer tout ce que je pouvais ressentir, je préférais ignorer, je préférais me dire que ce n'était rien, mais je savais que si on finissait par s'ignorer, mon cœur se briserait lentement. Et j'entendrais chacune de ses fissures, trop douloureuses pour ne pas les ressentir totalement.

Mais j'étais trop effrayée pour prendre cela au sérieux, de peur que ce ne soit pas le cas pour elle. Alors je me forçais à ne pas l'aimer.

Je repensai à Amélia, à ce qu'Orion m'avait dit de leur relation... Elle était bien semblable à la nôtre, et Hëna était parvenue à l'oublier en quelques instants seulement. Je levai mes yeux vers ma camarade, le plus discrètement possible, mais celle-ci me remarqua, je baissai alors immédiatement le regard. Je n'ai jamais su comment me comporter avec elle. Et j'aurai toujours peur d'être trop ou pas assez. Elle ne releva pas mon comportement et je la remerciai silencieusement. J'ignorai tout autour de moi et terminai de préparer ma valise rapidement avant de rejoindre Xan et Orion dans le salon.

La mère d'Orion, dans toute sa bienveillance, avait proposé de nous ramener dans la soirée du dimanche, ce que nous avions accepté avec plaisir. Orion et Xan étaient perdus dans une discussion sur le stress de la reprise quand je les rejoignis. Xan se tourna vers moi :

— Comment te sens-tu par rapport à la rentrée ?

— Plutôt bien, je suis contente de pouvoir retrouver l'université en sécurité.

— Oui, ça c'est sûr que ça va tout changer, marmonna Orion en s'installant sur le rebord du canapé. Je me demande comment ça va être, l'ambiance.

— Plus détendu, j'imagine ! espéra Xan.

— Je me demande si nous nous sentirons vraiment en sécurité ou si nous nous méfierons...

Mes amis haussèrent les épaules. Nous étions incapables de savoir clairement ce qu'il s'était passé en notre absence, mais j'espérais que nous pouvions faire confiance à ceux qui ont pris en charge cette affaire. Xan interrompit mes pensées :

— En tout cas je n'ai pas hâte de retrouver la foule et tout le travail...

Je ne me prononçai pas, Orion saurait mieux lui répondre. J'ai toujours été reconnaissante de mon amour pour les études, depuis toute petite ça avait été une obsession ; bien travailler, faire de mon mieux, rendre mes parents fiers... Et à la mort de mon père j'ai moins travaillé, je me suis laissée allée, mais comprenant que me morfondre ne changerait rien, j'ai redoublé d'efforts, en me disant qu'il aurait aimé me voir réussir et que je pouvais justement me battre là où il ne s'était pas battu. Mais avant ce besoin d'être la meilleure, j'étais surtout passionnée de savoir, de culture, je voulais comprendre le monde et me faire ma propre idée de tout ce qu'il englobe. J'avais ce besoin consumant de me cultiver sur tout ce qui pouvait exister.

Sous le murmure des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant