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« Les derniers bastions sont là. Nous sommes moins d'une centaine au total. A présent nous attendons que d'autres nous rejoignent, si d'autres personnes il y a.

Une poignée de survivants. Les Derniers. Tout ce qu'il reste de l'humanité. L'approche de l'achèvement de notre espèce nous rend tous différents, mais ne reste qu'une seule volonté : rester ensemble. Ne pas s'éteindre seul. Avoir quelqu'un pour nous tenir la main, quelqu'un pour penser à nous et nous pleurer.

Je ne veux pas me résigner. J'interroge chaque personne sur son métier avant la Fin. Ils me disent que ça n'a plus aucun intérêt à présent.

Ça en a.

Il y a encore de l'espoir, je m'accroche à un rêve qui n'existe pas. L'eldorado du bunker-laboratoire encore en état.

Je cherche des scientifiques, des biologistes, des médecins. Je cherche la pensée, le savoir. Je cherche un moyen de nous sauver.

Un moyen de ne pas oublier.

Avant d'être Zephyr, survivant, attelé aux maigres récoltes, j'étais ingénieur en biochimie moléculaire.

S'il y a une réponse, elle doit être là. »

Mémoires, Zephyr E.S, septembre 2125.

*

Namjoon

Le bruit, le rythme, la cadence.

Le travail, l'habitude, les pensées.

Tu ne cesses de te souvenir de cette nuit et les paroles échangées, de cette énergie que tu as ressentie, de ce livre que tu as tenu. De cette rencontre avec le Changement. Même la peur de te faire attraper a disparu. Il ne te reste rien d'autre que la joie et l'espoir.

Les moments importants. La parole, la confiance, la main sur ton épaule, le regard, le faible sourire. Le sentiment d'un ensemble, d'appartenir à un tout. A ceus qui créeront un nouveau monde.

Tu ne t'es jamais senti·x aussi bien, aussi compris·x et écouté·x. Tu as un destin et il ne se muselle plus à ce que la société a décidé.

Tu n'es plus seulement Rouge.

Tu es Namjoon. Un individu, une fourmi dans la fourmilière, un rouage dans une grande machine. Il suffit d'un grain de sable pour que tout se brise.

Tu veux en être.

Tu veux voir le ciel. L'embrasser de tout ton soûl, ouvrir les bras face à l'univers. Montrer que tu existes, que ce que tu as à dire est important.

Soudain, l'engin devant toi s'arrête, le tapis automatique qui fait glisser les fruits s'immobilise. Les formes abstraites jaunes, vertes, oranges et rouges reprennent forme. Avec confusion tu relèves la tête. Shady te fixe à son tour sans comprendre. Toutes les activités sont en pause.

Les arymas sont en alerte face au silence, ce changement dans la cadence.

Tu sens le frisson.

Tu sens l'angoisse.

Ton cou te démange, ton numéro te brûle.

Les enceintes du bâtiment crachotent des propos confus avant de s'éclaircir :

— Numéros rouges. Convocation immédiate.

Tu pivotes, le cœur battant. Il n'y a qu'une seule raison qui explique une telle annonce.

Les ParticulesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant