Destins Croisés

Chapitre 3 : Révélations

L'atmosphère sur la terrasse de la maison familiale des Wagners se remplit vite de rires, de discussions animées et du doux parfum des plats traditionnels alsaciens. Louis et Pierre s'occupent, comme à leur habitude, du four à tartes flambées, prévu pour ouvrir l'appétit. Mais c'est surtout le bibeleskaes de mamie Nicole qui est le clou du repas au grand dam de papy Louis qui tente chaque année de grignoter des parts d'estomac en proposant une véritable carte, digne d'un restaurant, pour les différentes possibilités de flam's. Cette année c'est pas moins de quatorze combinaisons que Louis propose. Il est particulierement fier de sa tarte flambée "Alsacienne Plus", avec sur la couche de fromage blanc mélangé à une creme épaisse, un lit de choucroute et des knacks locales coupées finement en lamelles. Un véritable régal il faut l'avouer.

Et moi, la fille unique d'Anne et Paul, je me contente d'observer avec excitation le visage de chacun, cherchant le bon moment pour partager la nouvelle qui fait déjà briller les yeux de Mamie Nicole, dont je croise régulièrement le regard complice. Mon cœur bat à une vitesse supérieure à la normale. Mon esprit, quant à lui, oscille entre appréhension et fierté. Je suis sur le point de révéler le plus grand projet de ma jeune carrière à ma famille. La réaction de chacun est très importante pour moi. Je me suis battue contre la volonté de mon père pour cette orientation. Pour lui, l'événementiel était trop éphémère. Mais soutenue en cachette par ma mère et surtout ma grand-mère, j'ai fini par avoir gain de cause.

Alors que les rires et les conversations semblent se calmer légèrement, je me lève doucement, prends une profonde inspiration et fait sonner mon verre, pour attirer l'attention de tous. Le choc de sa petite cuillère à moka avec le cristal du service de mariage de mes grands-parents a l'effet escompté. Les regards interrogatifs de toutes les personnes invitées se fixent sur moi d'un seul coup. Pour le coup, je ne suis plus sûre et certaine de vouloir un auditoire aussi important et prestigieux pour moi. Heureusement les très jeunes enfants, eux, font comme si de rien était.

C'est avec tout le courage que j'arrive à puiser dans la complicité offerte par ma grand-mère, que j'aspire tout l'air que je peux et prend la parole comme le ferait un collégien avant un exposé à l'oral et devant toute la classe.

"Chers membres de la famille Wagner", dis-je d'une voix solennelle, claire et empreinte d'émotion,

"j'ai une annonce à vous faire qui me remplit de joie et de fierté. Comme vous le savez tous, je pense, j'ai terminé mes études de paysagiste urbain l'année dernière. Merci à ma famille de m'avoir permis de choisir ce chemin"

En disant cela, j'ai un regard tendre pour ma grand-mère.

"Je travaille à mon compte depuis l'année dernière et même s'il est normal que les affaires ne commencent que trop doucement, Il est important que ça progresse vite."

En disant cela, je suis déjà à bout de souffle. Je me tourne maintenant vers mon père.

"Déjà, de un j'ai quelque chose à prouver à mon père, que je remercie ici devant vous pour sa présence. Mais aujourd'hui c'est auprès de vous tous que je veux me confier. Je veux vous annoncer une nouvelle que je ne pensais pas arriver aussi vite"

J'ai réussi à les retenir jusqu'à maintenant mais là, mes larmes inondent mes joues déjà rougies par l'émotion du moment.

"Bon sang de bois ! Tu es enceinte ma petite Alice ! C'est ça ?" lance Louis en se levant de table, persuadé d'avoir mis à jour le secret de sa petite fille.

"Mais arrête donc de dire des bêtises !" Intervient Nicole en lui tirant le bras pour qu'il s'assoie

Cette remarque à eu l'effet de me faire sourire. Encore plus en apercevant le regard effrayé de ma maman à l'annonce de mon grand-père.