Chapitre 33 : Courir mais à quel prix ?

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La marée humaine s'écarte pour me laisser passer. Hommes comme femmes s'extasient devant mon bijou alors que je roule au pas à la recherche de Devious. Lorsque je le repère dans la foule, je me stationne à ses côté. J'ai à peine le temps de quitter ma voiture qu'il me saute dessus pour me souffler à l'oreille un énième merci soulagé.

D'un coup de tête, je salue les cinq garçons qui l'accompagnent. Mais je n'ai pas le temps de m'acclimater à ce nouvel environnement car déjà un homme d'environ une vingtaine d'années interpelle Devious qui se crispe aussitôt. Son corps est rempli d'encre noir. Son sourire carnassier me donne la chair de poule alors qu'il me dévore du regard. Et il ne me faut pas longtemps pour comprendre que ce type traine dans des trucs louches. Je regrette déjà l'absence d'Ace, j'étais confiante dans ses bras plus tôt dans la journée.

— Tu nous ramènes deux sacrés bijoux Devious. J'espère que c'est un moyen pour régler tes dettes.

Je croise les bras alors que déjà les gens forment un cercle autour de nous à la recherche de divertissement. Ils sont semblables à des chiens qui remuent la queue face à un nonosse. Cependant, je ne vais pas me plaindre, c'est mon occasion de le défier. Entouré d'autant de gens, il ne refusera jamais une course contre une fille de peur de perdre toute crédibilité

— En effet. Je viens courir au nom de Devious.

Son rire guttural me fout les jetons. Je serais prête à parier qu'il a des troubles psychologiques. Je déglutis et relève les épaules. Je ne veux pas qu'il s'aperçoive de la terreur qui m'anime. Bien que j'aille l'affronter sur son terrain, les courses sont ma vie, personne ne les maitrise mieux que moi.

— Tu es aussi désespéré pour ramener une pute courir à ta place.

Il rira moins quand je lui aurais mis un vent sur ce putain de circuit de sable. Il n'est pas encore prêt à se faire laminer par une "pute". Mais en attendant je reçois ses insultes sans y répondre car il n'y aucune réplique qui le fera taire si ce n'est la défaite qu'il s'apprête à déguster. Alors je patiente.

— J'ai un marché plus qu'alléchant si tu es certain de gagner.

— Fais-moi rêver ma jolie.

Je déglutis difficilement en m'insultant de m'être mis dans une merde pareille mais il n'y a plus de retour en arrière à présent, c'est trop tard. Je n'ai plus qu'à passer la sixième et foncer dans le mur en espérant avoir les capacités pour éviter le choc inévitable.

— Si tu gagnes, tu remportes ma Shelby.

Des sifflements admiratifs s'élèvent dans la foule prête à m'engloutir. Je ne baisse pas les yeux, gardant le regard fixé sur le tatoué qui se lèche les lèvres. Il doit déjà s'imaginer en train de conduire ma caisse sans savoir que jamais je ne lui laisserai. Je me battrais à la mort pour gagner cette course.

Devious tique à ma phrase. Ses doigts s'enroulent sur mon poignet mais je ne me détourne pas du tatoué. Je prie pour qu'il refuse mais il n'y a aucune hésitation dans son regard, il n'a rien à perdre et nous le savons tous les deux.

— Mais, je continue, si je gagne, tu effaces toutes les dettes de Devious.

— Tu ferais tout ça pour ce fils de pute ?

— Tu acceptes ?

— Si je gagne, je veux la caisse et toi.

Je ne peux retenir une grimace de dégout en imaginant ses mains sales sur mon corps. Il semble lire dans mes pensées car un sourire pervers étire ses lèvres mais il s'évanouie aussitôt que je secoue la tête. Laisser ma caisse est une chose, donner mon corps en est une autre et il est hors de question qu'il me touche.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant