Chapitre 23

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   Le réveil que j'ai activé la veille me fait l'effet d'une douche froide. Je suis si bien que je me sens incapable de bouger. Pourtant, il le faut. Les auditions menacent d'écrouler mon monde, je ne peux tolérer ça.

   Je bâille longuement et retrouve peu à peu les sensations de mon corps endormi. Il fait super chaud ici, c'est si agréable. J'étends mon bras et soudain, c'est de nouveau la douche froide. Je réalise avec effroi que je ne suis pas seule. Ma tête est posée sur le torse musclé de Thomas, lui-même encerclé de mon bras. Je me suis endormie ici.

   Il dort à poings fermés, son long bras placé au niveau de mes côtes, près de mes hanches. La proximité d'hier soir était déjà énorme, mais cette fois, ça dépasse bien mes limites. Je suis complètement paralysée, prisonnière et terrifiée. Alors pourquoi je ne bouge pas ?

   Mince, je vais être en retard ! Il va bien falloir que je le réveille.

   J'essaie de m'extirper délicatement, mais monsieur se retourne et me serre encore plus. C'en est trop. Je me racle la gorge, à regret, ce qui suffit à enfin l'alerter.

   Il lutte d'abord pour ouvrir les yeux, mais lorsqu'il me voit, il ne lui faut pas plus d'une seconde pour se retrouver assis, la main derrière sa tête, gêné. J'aimerais lui crier dessus mais ce geste est bien trop attendrissant. Thomas est si vulnérable au réveil, ça me déconcerte complètement, je crois même que ça me plaît, juste un peu. Bien que je ne sois pas en position de force pour autant, vu mon propre état.

– Pardon, je bouge beaucoup pendant mon sommeil, me murmure-t-il d'une sublime voix cassée.

   Je ne trouve pas les mots. Ne m'étant jamais retrouvée dans une telle situation, je ne sais absolument pas comment réagir. Attends, je respire encore au moins ?

   Mon corps recule légèrement, par instinct. Je panique de plus en plus.

– Merde, mes parents ! je parviens enfin à crier en cherchant mon téléphone.

– Ava, calme-toi, me dit Thomas en me le tendant. Ils sont déjà prévenus.

– Quoi ? Attends mais ils pensent que je suis chez Dylan !

   J'extirpe chaque mot de manière saccadée, au bord de la crise de panique. Thomas le remarque et se rapproche légèrement, tout en gardant une certaine distance.

– Exactement. Je lui ai écrit et il t'a couverte, commence-t-il calmement. Officiellement, vous avez travaillé très tard, tu as donc dormi chez lui et vous vous rendrez ensemble à l'académie.

   Il me prononce chaque mots très distinctement.

   Mais comment fait-il ça ? C'est comme si un courant d'air venait de balayer l'entrave dans ma poitrine.

– Merci, je lui souffle pleine d'une reconnaissance dont il n'a même pas idée.

   Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et me rue dans ses bras. La chaleur de son corps m'enveloppe de nouveau. Je ne m'étais pas rendue compte du vide qu'il avait laissé. Je pourrais rester comme ça éternellement.

   Mais l'académie m'attend...

   Pendant que Thomas me trouve gentiment de quoi manger, je tente de me recoiffer avec son peigne, regrettant qu'il n'y ait que des mecs dans cette maison. C'est mission impossible avec mon épaisseur et mes nœuds. De plus, j'ai dormi habillée, je suis dans un état désastreux. Il va falloir que je repasse chez moi.

   J'opte en attendant pour deux tresses qui masqueront les dégâts et rejoins Thomas au rez-de-chaussée. Son frère et son père ne sont pas là, ouf. Je serais repartie en crise d'angoisse sinon.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant