14. Charme inévitable

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Harrison.

Blondinette et moi avons passé une demi-heure dans le bureau à parler des changements opérés pour accueillir le tournoi. Elle parlait, j'écoutais.

C'est l'une des plus longues conversations que nous ayons eues.

Ensuite j'ai dû la virer afin de fermer le gymnase.

Je suis rentré chez moi la tête entière concentrée sur la miseuse, le tournoi et Luke.

Je me suis infiltré dans le club pour ce dernier — ou pour ma conscience selon les points de vue. Je ne me suis pas compliqué la tâche en me présentant à sa place, sous son identité. Son nom était déjà inscrit, ça m'a épargné la sélection pour les boxeurs.

Ma vie est devenue cet objectif, à partir de l'instant où mon cerveau a décrété qu'il fallait trouver le coupable je m'y suis dédié. Le positif est qu'avant ça, je n'avais aucune raison de me lever le matin, désormais je vis pour ce point d'interrogation devant l'identité de ce bâtard.

J'ai besoin d'un qui, d'un quoi, d'un , d'un pourquoi.

La miseuse m'aide sans le savoir. Mais bien sûr qu'elle n'est pas ignorante pour autant, elle devine que je traîne des motivations pas nettes dans mon chariot. Elle s'en fiche royalement.

Dans l'autre sens, je sais qu'elle n'est pas toute blanche. Nous sommes juste trop éblouis par nos volontés propres pour se soucier de celles de l'autre. Ça me plaît de cette manière, c'est plus simple.

Encore faut-il que je déniche un moyen d'apprendre ses sources et ses alliés.

Elle doit me faire confiance, le hic est que je n'ai aucun grand talent d'acteur, elle ne peut pas me faire confiance si moi-même je n'ai pas confiance en elle. Je ne me laisserai pas entourlouper par ses manipulations de marionnettistes, faire l'aveugle risque d'être compliqué.

Le seul moyen que je possède pour le moment, c'est le tournoi. En toute franchise, davantage j'ai de détails, davantage mon envie de fuir ce sac à ennuis s'amplifie.

Toutes ces conclusions tirées ne mènent à aucune illumination, l'ampoule de mon crâne est grillée par toutes ces conneries.

Puis en me réveillant ce matin, j'ai lu un message envoyé par la Blonde à cinq heures du matin. J'en ai déduis qu'elle devait traîner au club cette nuit.

Miseuse pro : Je t'attends à dix heures dans ce café. J'ai pensé que changer de lieu de rendez-vous t'aérerais l'esprit et que tu laisserais ton humeur à bailler chez toi.

 

Une adresse a été fournie avec le texto.

Quand je sortais du brouillard, cette idée ne me semblait pas aussi mauvaise alors je me suis bougé et me suis rendu au café. Ce n'est qu'en chemin que le fait qu'elle ait choisi un endroit public m'a perturbé.

Nous nous sommes cachés dès le départ, plus ou moins. Le choix de la salle d'entraînement de Richard comme lieu de rencontre n'était pas un hasard. Maintenant elle propose un café.

C'est plus fort que moi, je remets en question chacun de ses faits et gestes. Elle tire les rênes et je n'aime pas ça, à tous moments je me retrouve en plein milieu d'une affaire dont je ne sortirai pas.

— Je vous sers quelque chose ?

La serveuse me fixe avec un regard cerné qui ressemble à celui que j'avais lorsque je faisais des nuits blanches. Elle n'est pas maquillée pourtant du mascara se trouve au-dessus de sa paupière, ses cheveux n'ont pas été coiffés vu les nœuds désespérés qui sont réunis en queue de cheval. Je lui commande un café. Elle tourne les talons vers l'acheminement de ma boisson.

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