Je suis un arbre.
Mes doigts sont tordus, comme les branches d'un arbre mort. Ou d'un arbre différent. Qui ne pousse pas comme les autres. Tout les arbres sont différents, aucun ne pousse comme les autres. Mais les tilleuls poussent comme des tilleuls et les lauriers comme des lauriers.
Je ne suis rien.
Mes idées et mes rêves germent pareils à des bourgeons, s'envolent, chutent, restent un instant sur Terre puis un lourd soulier les écrase, elles se craquelent et enfin tombent en poussière; mes feuilles d'automne aux reflets nostalgiques.
Mon apparence m'encre dans le sol, cette racine qui m'empêche de voler.
Mes poumons qui aspirent les Vents d'Éole, se soulèvent et s'affaissent en suivant le même tempo piano que les feuilles qui ondulent sous les effets de la brise.
Mes yeux sont froids, comme habités par une chaîne de fourmis rouges, à la carapace dure et brillante, prêtes à piquer de leur dard jusqu'à obtenir la goutte sanglante toute lisse de quiconque oserait les approcher de trop près.
Ma musculature et mes os sont noueux, s'entrelacent dans un inquiétant lacis de branchages.Mon enveloppe charnelle trop petite pour contenir mon esprit sève qui se débat à l'intérieur, frappant de toute ses forces sur ma chair, créant des bosses à sa surface comme les nœuds des arbres aux croisements des branches, lorsque les pensées sont divergentes.
Je suis dans une écorce de frêne, mais ma sève est celle du chêne.
VOUS LISEZ
Moi, Le Chêne.
RandomVoici le secret de mes mains. Je dédie cette autobiographie à la mère d'un homme. Arsène