Je franchis les portes du nouveau lycée, une atmosphère totalement différente de celle de mon ancien bahut au Mexique. Pas de tags, pas de policiers aux portes, pas de bagarres... Le bâtiment semble flambant neuf, ses murs sans graffitis. Une ambiance détendue flotte dans l'air, mais je sens tous les regards posés sur moi, comme si j'avais quelque chose sur le visage.
Je marche d'un pas assuré le long du couloir, les yeux rivés droit devant moi. Pourtant, tout le monde continue à me dévisager. Ça commence sérieusement à me gonfler.
Je cherche désespérément la salle de classe, mais les murs sont lisses, pas une porte en vue. Un groupe d'élèves se rassemble autour de moi, m'oppressant davantage. Mon cœur s'emballe, ma respiration se saccade. Le groupe se referme, me serrant, m'étouffant.
Je lutte de toutes mes forces, en vain. Ils continuent de me presser. La chaleur m'étouffe, je transpire abondamment. Je me débats jusqu'à l'épuisement, sentant l'air me manquer, puis je lâche prise. Mes paupières se ferment...
Je me réveille en sursaut, ma main se posant instinctivement sur mon front trempé de sueur. Un cauchemar, rien de plus pensé-je avec amertume en repoussant les draps.
Le soleil inonde déjà ma chambre de sa chaleur à travers les rideaux mal fermés. Il doit être tard. Je m'assois sur le bord du lit, tentant de chasser les dernières bribes de mon rêve angoissant.
La maison est encore silencieuse, mais je sens l'agitation matinale monter doucement. Je me lève, enfile rapidement un top et un short avant de descendre, attirée par les odeurs alléchantes venant de la cuisine.
"Valentina, je sais que tu es réveillée. Descends manger !" m'appelle la voix chaleureuse de ma mère.
Je me précipite dans l'escalier, un sourire étirant mes lèvres à la vue de mon petit-déjeuner préféré.
-Des Huevos Rancheros ! m'écrié-je en enlaçant ma mère avec enthousiasme.
-Quel enthousiasme, commente-t-elle, amusée.
La voix de ma grand-mère attire soudain mon attention.
-Mi nieta, viens voir ta vieille abuela."
Je sursaute, réalisant qu'elle était là depuis le début.
-Tu m'as fait peur !
Elle me regarde avec malice, riant de bon cœur avec ma mère.
-Mi nieta, une mamie comme moi t'a fait peur ? Allez, raconte-nous ton rêve.
Je la fixe d'un air blasé tout en mangeant.
-Tu es toujours obsédée par tes histoires de voyance, abuela.
Ma grand-mère est très spirituelle, persuadée que les rêves recèlent des messages des esprits.
-Chut, ils pourraient t'entendre, réplique-t-elle d'un air sérieux en fronçant les sourcils.
-Qui ça ?demande ma mère, retenant un sourire moqueur.
-Les esprits.
Cette fois, nous ne pouvons réprimer nos rires. Abuela n'a vraiment plus toute sa tête.
-Si tú lo dices, mamá... si tú lo dices...soupire ma mère d'un air affectueux.
Le petit-déjeuner se poursuit dans la joie et les rires, savourant chaque instant avant mon départ imminent. Une larme coule malgré moi lorsque je serre ma mère une dernière fois dans mes bras, notre étreinte tendre interrompue par des klaxons venant de l'extérieur.
C'est mon beau-père. Je prends mes valises, serre abuela et ma mère contre moi, savourant leur chaleur réconfortante. Puis je monte dans la voiture, le cœur serré par l'angoisse.
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La cité des anges
Подростковая литератураValentina, une adolescente d'origine mexicaine, voit sa vie chamboulée lorsque son père réapparaît après des années d'absence et l'emmène à Los Angeles. Dans la prestigieuse Tennerson Academy, elle doit naviguer entre une nouvelle famille, des rival...