Chapitre 29 : Ryan
Les jours qui suivent sont certainement les plus longs de ma vie. Peut-être que j'exagère. Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Dans les couloirs de l'université, je ne la vois pas. Ni même dans les amphithéâtres ou dans les salles de classe. Elle est absente et ça me rend mal. Terriblement mal.
Mon cœur va exploser.
J'ignore si son père a survécu ou non et c'est ça qui me rend le plus nerveux, le plus agité. Je sais ce que cela fait de perdre un parent mais je n'imagine même pas la douleur de perdre carrément les deux.
Mais ne peut-on dire que j'ai perdu mes deux parents, moi aussi ?
Après tout, ma mère est six pieds sous terre tandis que mon père est en prison. Puis-je considérer ce dernier comme mort ?
Et je ne veux pas que Nina souffre de ça.
Elle me déteste toujours mais hier, elle a accepté mon étreinte. Mais je sais que ce n'était pas de son plein gré mais plutôt parce qu'elle était trop bouleversée pour se débattre.
J'aurais aimé qu'elle se réfugie dans mes bras parce qu'elle en avait envie et non pas parce qu'elle était trop bouleversée. Et maintenant, cette image d'elle dans mes bras me colle aux fesses.
Putain. Ryan, qu'est-ce qui t'arrive ?
Je vais en cours, comme d'habitude mais je ne peux m'empêcher de repenser à ma course jusqu'à sa résidence et la façon dont ses yeux embués de larmes m'ont paralysé.
En revoyant Nina par terre, le corps de son père inerte devant elle tandis qu'un voisin essaie de ranimer son cœur, je ne peux que repenser à la façon dont j'étais aussi figé sur le sol, des années auparavant, devant le corps sans vie de ma mère, tuée par son mari.
La tension électrique s'installe dans le salon alors que je rentre de l'école. Mes pas résonnent comme des échos dans le silence de la maison. À peine je franchis le seuil que l'air semble chargé d'une présence sinistre.
Dans un coin sombre du salon, ma mère est là, figée dans une posture de terreur, son regard écarquillé fixant un point invisible dans l'horreur. Mon père se tient devant elle, une silhouette menaçante dans la pénombre, une arme à feu serrée dans sa main tremblante.
Une arme ? Une arme à feu ?
Le temps semble suspendu alors que j'absorbe la scène avec incrédulité, mon cœur battant la chamade plus violemment que jamais dans ma poitrine. La tension est palpable, électrisante, alors que la tragédie se déroule sous mes yeux impuissants.
Il va la tuer.
Ma mère est assise par terre, dominée par mon père.
— Non, John, ne fais pas ça ! implore-t-elle d'une voix tremblante, ses mots chargés d'une détresse palpable. Pense à Ryan, pense à notre fils ! Tu n'es pas dans ton état normal !
Figé sur place par l'horreur de la scène qui se déroule devant moi, je me sens comme paralysé, incapable de bouger ou de réagir. Ma mère, dans un dernier geste désespéré pour me protéger, m'adresse un regard empli de détresse.
— Ryan, mon chéri, sauve-toi, vite ! Va-t'en d'ici, trouve de l'aide ! Ton père n'est pas dans son état normal mais tout va bien ! Tout va bien se passer, je te le promets.
Je savais qu'à ce moment-là, ce serait ses dernières paroles.
Le silence s'installe et j'ai peur. Terriblement peur que je veux me précipiter dans ma chambre et appeler quelqu'un mais au lieu de ça, je n'arrive pas à bouger.
Il va la tuer.
Un cri déchirant brise le silence, le son strident résonnant dans la pièce, emplissant l'air de désespoir et d'agonie. C'est le dernier cri de ma mère, un appel à l'aide qui reste suspendu dans l'atmosphère comme un écho déchirant.
Puis, dans un éclair de violence insensée, mon père lève l'arme, son visage déformé par la rage et la folie. Le coup de feu retentit, déchirant l'air de son crépitement sinistre. Un instant de silence glacé suit, un moment suspendu dans le temps, avant que le corps inerte de ma mère ne s'effondre au sol, comme une marionnette sans vie, le sang formant bientôt une flaque sur le sol du salon.
La scène est figée dans l'horreur, un tableau macabre de la cruauté humaine et de la destruction, gravé à jamais dans ma mémoire. Mon esprit tourbillonne dans un tourbillon de choc et de désespoir, alors que je me retrouve face à l'impensable : la perte irréparable de ma mère, la trahison impardonnable de mon père, et un avenir marqué par le poids insupportable de la douleur et de la culpabilité. Parce que je ne me suis pas interposé. Je n'ai rien su faire d'autre que de regarder la scène, paralysé par l'effroi.
Ce moment hante mes cauchemars les plus sombres. Je ne peux pas m'empêcher de revoir le visage durci par la haine de mon père et entendre les coups de feu. Je ne peux pas non plus m'empêcher de repenser au corps sans vie de ma mère et à la suite des évènements. Un voisin alerté par le bruit. Mon père, déposant l'arme au sol et hurlant que nous sommes tous des enculés. La police, arrivant pour arrêter mon père. Des gens me rassurant, tentant de calmer mes cris tandis qu'on emmène le corps de ma mère.
Je savais que mon père pouvait parfois être violent mais j'ignorais qu'il pouvait aller jusqu'à la tuer. En plus, j'ai failli y passer.
Au lieu de ça, j'ai passé mon adolescence à faire des conneries plutôt qu'à profiter gentiment de mon temps.
Vie de merde.
Vie. De. Merde.
Et maintenant, je suis incapable d'écouter mon cours de civilisation britannique parce que je m'inquiète pour Nina. Elle a déjà perdu sa mère et s'en sent coupable (par ma faute, reprécisons-le) et son père est peut-être mort aussi. Et je l'ai harcelé pendant longtemps, la poussant presque au suicide.
Et là, je me rends compte que Nina et moi ne sommes pas si différents que ça, finalement.
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Does Love Need Forgiveness ?
Romance« Le passé refait souvent surface quand on ne s'y attend pas... » Nina, dix-huit ans, fait sa rentrée à l'université. La jeune fille est bien décidée à travailler dur afin de réussir haut la main son année. Rien ne semble la perturber, mise à par...