Chapitre 14

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Sydney:

Les bulles se rapprochent encore, elles sont roses, vertes, bleues...

Mais moi j'en veux une jaune.

Je pousse toutes les bulles lègères et en attrape une jaune.

J'aime cette couleur.

Je crois que les développeurs de ma vie ont été envahis par un bug informatique.Tout n'est que pixels.

–Tu ne devrais pas être là.

–Peut-être, mais je suis bien ici.

Les chiffres et les lettres dans les bulles dansent.

–Tu sais qu'ils vont finir par te retrouver.

–Qui ça?

–Les méchants.

Je décide d'ignorer le mur qui me parle et m'en éloigne mais, il tente de me faire revenir.

–Tu sais que j'ai raison Madeline.

Je l'ignore définitivement et me noie dans les bulles colorées et savonneuses qui m'entourent.

L'image de Célèstine apparait devant moi, ses cheveux blanc volent entre les bulles qui passent sur son visage viellit par les années.

Elle était si belle avant. Avant qu'il ne la brise.

Puis, elle prononce à nouveau la phrase qui à fait basculer ma vie et brisé mon existence entière.

–Il faut que je te dise qui il est...

Les dernières vapeurs de sommeil s'estompent, me laissant planer dans l'atmosphère emplie de vapeurs d'alcool et de cannabis.

–Hey, regardez qui se réveille.

Mon corps est complètement paralysé.

Perdue entre les draps crades de Joe, je le fixe consciente que mes yeux sont dans le même état que chaque jour depuis un mois.

Injectés de sang, cernés et dilatés.

Le quarantenaire me fixe un joint au coin des lèvres et une bière à la main.

Je tends la mienne dans sa direction sans me lever du lit.

–Passe le moi. Demandais-je d'une voix suppliante.

Il comprend que l'objet que je convoite est celui qu'il tient au coin des lèvres et me le tend.

–C'est pas recommandé dans ton état tu sais?

Je le prends et tire une longue latte qui me monte rapidement au cerveau.

–Alors pourquoi tu me le donne?

–Parce que tu as tes raisons.

Je ferme les yeux, profitant de ce long moment de calme loin de ma vie d'avant.

J'entend mon téléphone sonner au loin mais je ne m'en préoccupe pas.

–C'est Stanley, il te demande de le rappeler. Me dit Joe en se saisissant de mon téléphone.

–Remet le mode hors ligne.

Il s'exécute et repose l'appareil sur la table de chevet au-dessus de ma tête.

Je suis allongée de travers dans le lit, les oreillers par terre et la couverture sur moi.

–T'es vraiment dans un sale état.

je me retourne et m'allonge sur le ventre.

avant de me mettre à glousser.

–Ça ne ferait pas rire mon papa.

Mon père.

Un mois que je n'ai pas repenser à lui.

En même temps je n'ai pas penser à grand chose ce dernier mois. Je ne suis pas sûre de me souvenir de la moitié de ce que j'ai fait.

Les bulles colorées me reviennent en mémoire, cette sensation que le monde n'est pas réel résume ma vie durant les quatres ou cinq dernières semaines.

Je ne suis plus sûr de rien.

–C'était génial hier soir. Dis-je avec enthousiasme à mon hôte aux activités douteuses.

–Il ne s'est rien passé hier soir. Me répond Joe d'un air blasé comme à son habitude.

–Si, tu sais j'ai pris un truc hallucinogène. Dis-je la voix traînante.

Il me regarde un instant en cherchant dans sa mémoire.

–C'était y'a trois jours, t'es en redescente depuis.

Putain trois jours.

Je flotte parmi des milliers de bulles dans un trip de bug informatique depuis trois jours?

–Ben c'était amusant.

–Pour toi ouais, pour moi moins.

–Pourquoi?

–Tu t'es pas vue sous drogue, une vrai enfant j'ai même cru qu'il fallait que je sécurise les prises.

J'explose de rire à l'idée qu'il m'ait babysitter pendant 72 heures.

–Ouais c'est ça, trop marrant. Lâche-t-il en levant les yeux au ciel.

Je mange une troisième assiette de pattes sous le regard ébahi de Joe.

–Tu sais ce que je pense?

–Nop.

–Je pense que tu devrais rentrer chez toi Sydney.

Je relâche bruyamment ma fourchette dans mon assiette.

–Tu veux me foutre dehors?

–Tu sais bien que non mais, je n'ai aucune envie de voir débarquer ta famille milliardaire ici et me coller un procès pour enlèvement.

–Tu ne m'as pas kidnappé, c'est moi qui suis venue.

–Oui mais, tu les connais, ils disent bien ce qu'ils veulent.

–Je ne veux plus aller là-bas, si tu ne veux plus de moi je pars mais je ne retournerais pas à Upper East Side.

Il lâche l'affaire comprenant que je suis très sérieuse.

–Ok, alors reste. Je ne te veux pas dans les rues.

Deux semaines supplémentaires passent durant lesquelles j'ai occupé mon temps à être plus dans un état second à parler aux murs que Sydney.

Pendant quelques jours je crois même que je ne m'appelait plus Sydney.

Non pas pour redevenir Madeline mais parce que je ne connaissais tout simplement plus mon prénom.

Je hurle victoire tandis que mon portable entre dans l'eau dans un lourd clapotis à la surface du lac.

Jeté de toutes mes forces, il coule doucement vers le fond d'un plan d'eau près du Bronx.

–Ce quartier n'est pas si terrible finalement.

Je me souviens que, petite, le Bronx et le Queens me terrifiaient.

Notamment parce que mes parents me racontaient tout un tas d'histoires censées me dissuader d'y aller.

Et ça a marché jusqu'à aujourd'hui.

–Il a juste très mauvaise réputation mais, évite de trop y traîner seule la nuit.

–Ça ne peut pas être plus terrifiant que chez moi.

Joe me lance un regard désolé et se retourne vers le plan d'eau. Au loin, le soleil qui se couche laisse ses derniers rayons orangés se refléter sur la surface redevenue calme de l'eau. Je fixe un moment l'horizon fermant les yeux et les oreilles aux pensées intrusives qui m'agressent chaque fois que je suis sobre. Jo semble comprendre à mon froncement de sourcil le combat qui se déroule dans mon esprit. Mon cœur se serre en repensant à Stanley et aux appels que je lui ai refuser.

–Bon aller, on se casse.

My dear husband (My dear intern T.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant