Cinq mille raisons de te détester

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Mon père referme la porte derrière lui, me laissant seule face à cette grande chambre qui m'est si étrangère. D'un rapide coup d'œil, je détaille les meubles luxueux et les objets de décoration hors de prix. C'est presque trop... parfait, dérangeant.

D'un geste machinal, je commence à défaire mes valises et à ranger mes affaires dans l'immense dressing.

Après avoir fini, je m'approche de la fenêtre. Le jardin à la française s'étend, parfaitement entretenu avec ses fleurs, ses fontaines et ses sculptures.

Une silhouette attire mon regard. Hallie, ma nouvelle belle-mère, se promène, suivie d'un immense chien. Grande, mince, vêtue avec élégance, elle arbore un sourire éclatant en m'apercevant et me fait un geste amical de la main. Je lui rends maladroitement son salut, une boule au ventre. Cette femme occupe désormais la place de ma mère auprès de mon père...

Un goût amer à la bouche, je m'éloigne de la fenêtre et me laisse tomber sur le lit. D'une main tremblante, je compose le numéro de Sam.

— Allô ?

Sa voix familière résonne comme un baume apaisant.

— Salut Sam... Ça va pas fort en fait...

— Oh ma Valentine ! Qu'est-ce qui se passe ?

Je pousse un profond soupir.

— Mon père s'est remarié. Avec une femme que je n'ai jamais vue. La parfaite belle-mère, tu vois le genre ?

Sam laisse échapper un rire.

— Bree Van de Kamp ?

— Exactement ! Un bref sourire étire mes lèvres avant de s'effacer. Il me l'a présentée comme si c'était la chose la plus naturelle du monde...

— Ce type est juste un sale égoïste, gronde Sam avec colère. Il t'a arrachée à moi, à ta meilleure amie, ta sœur !

Sa voix se brise. Un long silence s'installe, seulement troublé par nos respirations au bout du fil.

— Et du coup, qu'est-ce que tu comptes faire ? reprend-elle.

Je passe une main lasse sur mon visage.

— Je sais pas trop... Je suis un peu coincée ici pour l'instant.

— Mais tu peux pas rester avec eux ! Il faut que tu rentres, on a tellement besoin de toi !

Un sourire triste fleurit sur mes lèvres à l'évocation de nos amis.

— Vous me manquez aussi, tu sais...

— Mais comment tu vas faire avec cette femme ? Tu t'entends déjà pas avec ton père !

Je pousse un profond soupir, la gorge serrée.

— Je sais Sam... Je sais pas trop, c'est vrai.

Nous poursuivons notre conversation, ressassant les mêmes questions sans trouver de réponses.

Lorsque je raccroche enfin, je me sens un peu apaisée mais terriblement lasse. Lasse de me battre, lasse de cette nouvelle vie qui m'est imposée. Je jette un regard désabusé autour de moi avant de me laisser retomber sur le matelas. Mes paupières se ferment d'elles-mêmes, cherchant un refuge dans le sommeil.

Je me réveille le lendemain avec une migraine tenace qui fait battre mes tempes. En ouvrant péniblement les yeux, je constate que le soleil est déjà haut. Un rapide coup d'œil à mon portable m'indique 10h passées.

Un soupir m'échappe tandis que je repousse les couvertures d'un geste las. L'idée même d'affronter cette nouvelle journée m'accable déjà. J'ai juste envie de rester terrée ici, à l'abri du monde.

La cité des angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant