Je galère à respirer.
Je me force à m'arrêter deux secondes - si j'écoutais la fournaise qui crame le fond de mes intestins, je continuerais jusqu'à crever.
Ma tête tourne. Même dans le noir, je sens que les murs autour de moi dansent comme dans un manège.
"Bordel !"
Je repars sans faire gaffe à l'état de mon corps, je m'en fous, je peux pas le laisser partir, c'est impossible. Il est là, je le sens. Juste là. En bas. Je comprends pas pourquoi il s'arrête pas, ça me flingue ! Pourquoi il continue à descendre ? Il y a forcément quelqu'un qui l'oblige et qui l'attire le plus loin possible de la maison. Le sang me donne des coups derrière les yeux et dans les tempes.
Quand est-ce que ça s'arrête, merde ?
J'arrive pas à croire que je tout ça ne soit pas un cauchemar. Dans la vraie vie, y a de la logique, des lois de la physique, putain !
"...pas ! Me touche pas !"
Quelqu'un qui parle. Mon coeur bondit.
Je rêve pas. Je rêve pas...c'est sa voix.
Je descends encore plus vite, je me déchire la gorge :
"LUCAAS ! LUUUCAAAAS ! LUUUCAAAS !!!"
--------
Trente...
--------
Quarante...
--------
Cinquante...
Cinquante marches depuis que j'ai entendu sa voix. Je...
Un courant d'air tiède, rempli de particules dégueulasses, me traverse. On dirait qu'une bouche d'égout me rote à la gueule. L'odeur est immonde. Soudain, une voix siffle :
"Tu cherches ton petit frère ?"
La voix me tétanise.
Ma peau relargue deux litres de sueur, et l'instant d'après se glace.
La douleur de mes blessures me revient comme un boomerang. Je crie, je tombe sur le sol. Quand je relève la tête, un homme étrange, nu, sans yeux et tenant un chapeau en cuir à la main, me fixe en tremblant.
"Il est parti en bas, petite merde. Mais ne rêve pas. Avant que tu ne le retrouves, je lui aurais fait sa fête ; et quand j'en aurais fini avec lui, je te mangerai la langue."
Il me fait signe.
"Maintenant, saute."
Et, comme si l'ordre qu'il vient de me donner faisait obéir mon corps sans que je ne puisse rien y faire, je m'éloigne du mur. Un des mes pieds trouve le vide. Je saute.
VOUS LISEZ
L'escalier
Misterio / SuspensoJe lève la tête de la console, j'entends la voix de ma mère dans la cuisine. Elle me dit que le déjeuner est servi. Je gueule que j'arrive. Je bâille. En sortant de ma chambre, Lucas me frôle en criant que je ne le trouverais jamais. Je l'ignore, je...