Chapitre 19 - Le code secret

52 11 35
                                    

François s'était habitué à sa cellule mais n'envisageait pas d'y rester pour autant !

Il fallait qu'il trouve un stratagème pour s'évader ou en tous cas envoyer un message d'alerte, un "S.O.S.".

Il fallait qu'il trouve comment jeter une bouteille à la mer au nez et à la barbe des deux gardiens !

Son cerveau tournait à 200 km/h. Les possibilités de messages secrets à passer en fraude étaient nombreuses !

Il envisagea le message caché où il faut lire un mot sur tant de mot ! Mais combien de mots entre chaque mot clé ? Et comment le faire comprendre au lecteur-sauveur !? Ça n'allait pas !

Il repensa à ce temps de l'enfance où l'on se faisait passer des mots codés en classe et qui ne devaient être compris que par le destinataire : "RDV PSM 20" pour "rendez vous place Saint Martin à 20h" !

Il repensa aussi à "glaçons,citrons et 15 pizzas" comme dans la série Monk pour décrire la plaque d'immatriculation " GCE15P" ! Mais ça n'était pas utilisable ici.

Il aurait pu écrire un code en lien avec un ancien téléphone où la même touche correspondait à plusieurs lettres.
Le 2 correspondait aux lettres a, b et c. Pour faire la lettre b il fallait appuyer sur 2 deux fois : 2-2.
Pour faire "e" il falait appuyer sur le 3 deux fois : 3-2 et ainsi de suite. Mais le lecteur comprendra-t-il le message par ce biais là ?
Non ! ça n'irait toujours pas !

Lui vint alors pléthore d'idées saugrenues : Les hiéroglyphes ? Trop compliqué ! L'alphabet runique ? Impossible ! L'alphabet chiffré ? Trop facile à décoder ! Le morse ? Pas dans un texte de roman ! Le code frappé des prisonniers ? Inutilisable ! Le code binaire de Bacon ? Trop peu discret !

Rien n'allait ! Il ne voyait rien venir à l'horizon !

Il lui fallait inventer un code que quelqu'un, de l'autre côté du mur, comprendrait...

Il lui fallait en plus intégrer son message à son roman, le faire passer pour un message d'un personnage à un autre. Il relut son manuscrit et se rendit bien compte qu'il l'avait bâclé. Il avait honte de son travail. L'intrigue amoureuse de son roman à l'eau de rose était cousue de fil blanc. Tout était téléphoné, attendu, évident, sans surprise, même ce qu'il voulait faire passer pour un coup d'éclat devenait un coup d'épée dans l'eau. Tout retombait sans effet ! Comme un soufflet ! Il se décevait. Il reprit le fond et la forme avec beaucoup d'énergie et de volonté. Cela lui faisait oublier sa condition pitoyable et lui occupait l'esprit. Certes il cherchait à faire un bon roman d'amour mais surtout à en faire une porte de sortie, avec la clé cachée à l'intérieur !

Il voulait envoyer son message de détresse et être secouru au plus vite de cet enfer ! Mais il ne pouvait pas glisser un SOS dans une bouteille aussi frêle qui ne résisterait même pas une vaguelette ! Il lui falait faire un chef d'œuvre romantique !

S'il venait à faire sa dernière oeuvre, il voulait qu'elle soit magistrale !

Et si elle ne lui servit pas à s'évader de sa prison réelle, elle servirait au moins aux autres à s'évader de leur quotidien.

Il repensa à Bernard Werber qui réécrivit plus de 100 fois son chef d'œuvre Les Fourmis !

Il réécrivit donc tout son roman d'amour. Il changea les intrigues, les personnages, fut moins critique et moins frou-frou. Il fut proche des Liaisons Dangereuses par la verve, la méchanceté et la manipulation, et très voisin d'un Roméo et Juliette tellement l'union de deux personnes fut si politiquement préoccupante. Et il fut presque dans le plagiat de Cyrano de Bergerac tellement le héros se cachait derrière les traits et la parole d'un autre. Il y passa beaucoup de temps, d'énergie, et de créativité, dévoré par sa passion, en oubliant pendant tout ce temps ses lourdes chaînes et cette immonde cave à vin puante.

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant