L'effluve de l'encre brûlée.

42 8 26
                                    

Que puis-je bien raconter ?

•••

Il y a un mois, je me suis retrouvé à regarder ce feu brûler. Ce feu que tu avais créé avec les résidus de nos lettres déchirées.
Je regardais les flammes valser depuis de longues minutes. Je ressentais leur chaleur sur mon visage.
J'étais triste de voir nos échanges partir - littéralement - en fumée, mais j'y trouvais un semblant de beauté. Une beauté infâme. Une beauté bien trop honteuse qui égalait celle de ton charmant faciès. J'étais émerveillé si je puis me permettre d'utiliser ce terme inadéquat.

Alors je demeurais là, debout tel un pantin, à observer notre fin.

Nos cœurs s'étaient pourtant réunis lors de notre épistolaire, alors pourquoi l'avoir réduit en poussière ?

Je n'ai malheureusement pas reçu de réponses à ma question. Ce fût fort décevant. Décevant voire dégoûtant, tout comme ta dernière lettre.

D'ailleurs, j'y pense. Te souviens-tu de ta dernière lettre ?
Moi oui.

Une lettre d'amour mélangée à un sentiment haineux produisant l'incandescence de tes sentiments envers ma personne.
J'ai détesté la lire. Je suis sûr que si j'avais pu la goûter, elle aurait eu un goût amer.
Les mots que tu as employé dedans m'ont fait pleurer. Est-ce pour ça que je la déteste tant ?Sûrement. C'est ridicule. Enfin bon.

Reprenons. Le feu. Ta présence à mes côtés. Nos yeux se balançant des œillades presque timides. Nos lettres que nous avions déchirées ensemble, sans se soucier des mots rédigés avec de l'encre verte ou noire sur du papier buvard. L'effluve nauséabond qui s'échappaient de ces derniers calcinés. Tout cela nous était monté à la tête. Est-ce peut-être pour cela que lors d'un énième coup d'œil, tu as attrapé ma main pour la tenir tendrement ?

À ce jour je ne sais toujours pas si tu me déteste d'un amour profond ou si tu me voues une haine amoureuse.

Alors, si je t'envoies ce semblant de lettre c'est pour te demander quelque chose. Cette lettre est - selon mon ressenti - la plus intime de toutes.
De toutes celles que nous nous sommes envoyées, de toutes celles que j'ai écrites. Ma question l'est tout autant. Malgré sa simplicité, je tiens à te la poser.

M'as-tu ensorcelé ?

Car depuis, je ne pense qu'à toi. Nonobstant mon désir profond de t'oublier.

J'ai deux autres questions à te poser. Certainement plus complexes. Mais ne t'inquiètes pas, elles le sont moins que toi.

Comment vas-tu ? Comment aimes-tu ?

Ces questions sonnent doucement comme un ultimatum, je m'en excuse. Ce n'était pas mon intention.

Je sais bien que je n'ai pas respecté les codes d'une lettre classique, j'espère que tu ne m'en voudras pas.

Je vais te laisser sur ces mots quelque peu futiles. Je n'aimerais pas me tordre l'esprit.

Amicalement,
Ton premier amour

Lettres déchirées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant