10.2: HAYDEN

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_ Sept cent mille un, sept cent mille deux,...

Je regarde le tableau qu'on essaie de vendre à 700 mille et la colère que j'ai ressenti durant tout ce mois revient en masse. 

Le tableau en soi vaut au moins dix fois le prix sur lequel on le vend aux enchères. Et là, je parle du tableau sans son contenu, parce que s'ils savaient ce que ce tableau a dans son ventre, ils se batteraient pour l'emporter à des milliards.

Mais cette putain qu'est Shane a décidé de jouer une fois de plus avec moi.

Enfin pas de ma personne. De l'artiste derrière qu'il ne connaît pas mais avec qui il trouve amusant de jouer avec.

C'est le quatorzième tableau que je suis venu récupérer. Il fait partie de la dernière cargaison qui a été détournée il y a deux mois et je commence à comprendre son jeu maintenant.

Quand j'ai rencontré Shane pour la première fois, j'ai été fasciné par sa passion des arts plastiques. Je suis sûr que c'est la raison pour laquelle nous avons tout de suite claqué. 

Il aimait dessiner. Il dessinait même assez bien.

Mais il n'avait aucun génie en lui. Il imitait les grands artistes. Il était un plagiaire et l'est encore aujourd'hui apparemment.

Des treize tableaux que j'ai déjà récupérés, à un prix si médiocre que c'est révoltant, le priseur les a décrits comme "Des imitations réussies du grand génie Gakwabu".

Parce qu'apparemment, les originaux sont plus légers mais ceux-ci pèsent trop à cause du mauvais bois utilisé pour sculpter les cadres.

Ce que personne ne sait à part mes clients, c'est que mes tableaux pèsent une tonne avant que le vrai produit en soit déchargé parce qu'ils ne servent que comme enveloppes.

Shane ne le sait pas. Et il joue avec le feu. 

Parce que si GrandPa perd patience ou qu'il sent ses intérêts menacés, il le tuera.

Je ne comprends pas pourquoi il ne l'a pas encore fait mais les huit années que je travaille pour lui m'ont appris à ne pas questionner ses faits et gestes.

_ Vendu! déclare le priseur d'un coup de marteau et je quitte la salle, ma mission terminée.

J'ai encore deux tableaux à récupérer et puis, je retourne au Burundi.

J'envoie un message à GrandPa pour le mettre au courant de l'avancement des choses et vais attendre Ben dans la voiture.

La réponse de GrandPa vient presque tout de suite.

GranPa
Tu fais du bon boulot, mon fils.

Ainsi dit-il et je soupire presque de soulagement. 

J'aime GrandPa. Il a été un père pour moi, un soutien quand j'en avais le plus besoin. 

Le fait qu'il soit en colère contre moi m'est insupportable, surtout quand il a raison.

Ça a été le cas tout ce mois-ci.

À cause de mon imprudence.

J'avais été si en rage contre le baiseur d'Iris que j'en avais été aveuglé. Je n'ai pas été prudent et si GrandPa n'était pas si influent, j'aurais pu me retrouver en prison.

Parce qu'un putain de vigile m'avait vu tuer une personne.

Heureusement, tout a été réglé.

Le vigile mort par ma lame et enterré six profondément sous le bâtiment en rénovation.

CravingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant