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Léo ne se souvenait que trop bien de l'adrénaline qu'on ressent lorsqu'on a une arme entre les doigts.
Le bruit qui sonne comme le tonnerre, et la puissance qui nous projette de quelques centimètres à chaque coups.
On se sent inébranlable, devenant progressivement plus vulnérable.
Le lapin devient le bas de la chaîne alimentaire, tandis que nous le dominons et que le fusil nous domine.
Mais cette sensation devient un doux fléau, car tôt ou tard, notre langue habituée recherchera des epices plus fortes.
Agathe était la première à se croire invincible.

Aujourd'hui, la jeune fille fut figée devant la forêt, ne sachant toujours pas si elle serait apte à y entrer.
Les grands arbres la fixaient méchamment, les écorces paraissant presque faire la grimace sous l'angle qu'offrait la lueur du soleil.
Elle tournait doucement la tête, mécaniquement, cherchant à savoir si il ne s'agissait bien que d'une illusion ou d'un avertissement divin.

-Que fais-tu? Demandait Margot, l'effrayant suffisamment pour qu'elle sente son coeur remonter jusqu'à sa trachée.

Son ainée lui souriait avec tendresse, les joues rougies par un maquillage trop épais.
Cela lui sied à merveille, avec ses grandes prunelles bleues d'agneau et sa bouche d'une teinte framboise naturelle.
Le portrait typique d'une jolie fille qui ressemble à une fleur.
Cependant, Léo ne sut que trop bien la reaction qu'aurait leur mère en apprenant cette futilité esthétique, elle lui courrait après, tentant de l'essuyer d'un chiffon d'eau tout en proclamant d'un air moralisateur "qu'ils etaient une famille bien, pas une troupe de cirque en passage".
Ce fut une vision archaïque, éloignée de la réalité.

-Les chênes, n'y vois tu pas aussi un visage?

Margot plissait les yeux, se penchant comme Léo l'eut fait auparavant.

-Je le vois aussi, celui ci, dit elle en pointant le plus à droite, à le même regard que tante Abigaïl.

Tout d'abord décontenancée, puis légèrement surprise, elle finit par reconnaître les quelques rides familière.

-Je n'ai rien avancé de tel... Murmurait Léo.

-Alors je suis honorée de le faire avant toi.

La demoiselle fut merveilleusement parée, vêtue d'une robe bien différentes de celles industrielles que l'on pouvait apercevoir dans les rues. Souvent délavées, usée, dépareillée, respirant la pauvreté et les produits forts qu'on utilisait dans les laveries.
Beaucoup serait apte à voler pour se permettre un luxe si banal, mais Margot le portait humblement, certainement inconsciente de sa chance et de son malheurs.
Ses parents l'eurent emballé comme une viande prête à être vendue puis consommée, car oui, Margot fut un agneaux, adorable et savoureux, pur et ignorant.
Le rêve de tout homme.

-Ne devrais-tu pas être occupée à te pouponner?

Cette journée fut un évènement exceptionnel.
La famille était partie dans leur manoir secondaire, fastueux et indécent, avec la prétention de s'extirper de la grande ville.
Léo admettait toutefois facilement, que la nature et le vide du paysage, l'odeur de l'herbe mouillée et de la pluie, lui donnèrent un souffle rédempteur.
Il n'y avait pas de musique qui résonnait au loin, qu'un silence agréable et le cri aiguë des oiseaux.
Monsieur Alastor Beleau fut gentillement invité afin de goûter au plaisir de tous les rencontrer.
Léo ressentit un frisson d'appréhension.
Léo ressentit un frisson d'impatience.

—Judy m'a supplié de te trouver, elle a explorait tous les recoins de la maison.

Elle nettoyait ses ongles, omnibulée par la saleté qui s'y trouvait.

—Tu aurais pu me le dire dès le départ!
S'exclamait-elle en se dirigeant immédiatement vers les escaliers extérieurs, l'angoisse rechauffant son front comme si elle était fiévreuse.
Ces temps-ci, sa belle-sœur eut la fâcheuse tendance à lui prodiguer le plus explicite des mépris.
Margot se pressait derrière elle, ses petits talons se coinçant dans la terre humide sans qu'elle ne ralentisse pour autant.

Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant