2015, octobre, lundi 19, 12h45.
— [...] Mon diagnostic a été posé grâce à un scanner thoracique, il retrouve une infiltration d'air dans le médiastin. L'air peut être emprisonné à la suite d'un traumatisme pénétrant, donc dans ce cas-ci à l'aide d'une arme blanche. À partir des voies aériennes perforées, l'air remonte les gaines périvasculaires et pénètre dans le médiastin, d'où il peut entrer dans les tissus sous-cutanés. Cela provoque un emphysème sous-cutané et un pneumomédiastin.
Je levai enfin les doigts de ce clavier rouillé par mes tapotements continu. J'avais passé le reste de la matinée à rédiger des rapports pour des affaires récentes d'une à deux semaines, sans oublier ces immenses tas de paperasses concernant une vingtaine de personne m'ayant vu depuis un mois. Je soufflai d'épuisement et m'affalai sur ma chaise de bureau, laissant presque le droit à mes chaussures de décorer la table de leur cuir marron. Vivement les vacances... Où est-ce que Shams voulait aller déjà ? Grenoble ? Ouais, confirmai-je en souriant, à Grenoble.
Je me redressai et tournai la tête vers un petit être recroquevillé sur lui-même, assis au sol, les cheveux en pagaille. En attendant, toi, tu ne m'es vraiment d'aucune utilité. Atlas jouait au morpion contre lui-même sur une feuille à moitié déchirée, un stylo jaune à la main. Selon lui il était plus stimulant de jouer contre soi-même car on ne pouvait pas prévoir ses propres actions, j'avouai ne pas comprendre son point de vue, enfin, ce n'était pas comme si j'essayais de le comprendre.
Tout de même intrigué par sa façon de jouer, je me surpris à fixer sa feuille, attendant impatiemment de savoir son prochain coup. Il plaça deux ronds à la suite, laissant aux croix un tour de retard. Il vient vraiment de tricher contre lui-même là ? Je souris d'incompréhension et remis le nez dans mes papiers.
Je m'intéressai alors davantage à toute cette affaire qui ne quittait pas mon esprit depuis vendredi soir. Trois meurtres aux mains barbares, une disparition, un suspect qui refusait de dire quoique ce soit et un psychopathe qui prévoyait tout avant tout le monde. Comment est-ce qu'on va s'en sortir avec ça...
— Il me semble... m'interrompit le fou d'une voix incertaine, il me semble que vous avez oublié quelqu'un de très important dans votre enquête Docteur, une personne qui a sûrement toutes les réponses à vos questions.
Je crispai mon corps de par sa prise de parole. Il lit dans mes pensées ou quoi !? Je déglutis et me levai pour m'installer à ses côtés, assis près de toutes ses feuilles déchirées et de ses stylos aux couleurs uniques.
— Laisse-moi deviner, un certain Atlas ?
— J'ose espérer que vous ne m'avez pas oublier Docteur ! ria-t-il en plissant les yeux. Non, il s'agit de votre troisième cadavre, Alastor Brown.
Monsieur Brown ? Il est vrai que Jun n'avait pas encore déterminé la raison de sa mort, celles des agents de vidéosurveillance avait été très explicite, mais pour lui... et puis cette histoire avec Shams disant qu'il avait quitté son siège pour le lui laisser, comme si tout avait été parfaitement orchestré par l'un d'entre eux. Comme si Shams était le...
— Je m'explique ou je garde mes mensonges pour moi Docteur ?
Mes yeux roulèrent vers le ciel. Dans un soupir je m'adossai au meuble qui contenait la moitié de ma paperasse et croisai les bras. Mon regard insistant sur ses yeux verts pommes était un signal pour lui de commencer son mythe. Ne m'embrouille pas encore une fois, gamin...
VOUS LISEZ
Les Précepteurs du Я - Âmes sentinelles (Tome I)
Mystery / ThrillerAzur n'avait jamais été aussi belle. C'était dans son esprit qu'elle se matérialisait le mieux, au point d'en perdre la tête, de sombrer dans la folie. Depuis qu'elle était partit, depuis qu'elle l'avait laissé seul dans cet hôpital, il n'avait cess...