Forgotten Memory [AUTO-ÉDITÉ SUR AMAZONKDP]

XXVII

Alban

Pendant une éternité, je reste immobile devant la porte de l'appartement d'Ethan, les deux sachets que je tiens fermement dans ma main suscitant en moi une hésitation. L'idée de m'éloigner précipitamment et de les jeter loin d'ici, loin de lui, s'immisce dans mes pensées, mais le simple fait d'envisager ce geste me donne l'impression de jeter de l'argent sans réfléchir.

Frapper à la porte semble rester la meilleure option. L'instant d'après, Ethan l'ouvre, une cigarette nonchalante entre ses lèvres. Ses cheveux auburn sont en total désordre et ses paupière à moitié.

— T'as bu ? interroge-je.

— Je viens de sortir du lit, rétorque-t-il.

— Tu te réveilles la cigarette à la bouche, c'est ça ? je fais remarquer.

— Nan, je venais juste de l'allumer, m'explique-t-il.

Un léger hochement de tête accompagne mon entrée dans ce qui, en réalité, est un espace de quelques mètres carrés prétendant être un studio. Les sachets que je transporte trouvent leur place parmi des dizaines d'autres dans un tiroir.

— Merci, me lance-t-il avec un sourire léger.

M'installant sur son canapé, mes yeux scrutent le sol. Aucune miette, aucun paquet de chips.

— Tu as fait le ménage rien que pour moi ? plaisanté-je.

— Ouais, répond-il en soufflant, s'affalant à mes côtés tout en expirant la fumée.

Une brève pause me permet de saisir une cigarette de la table basse que j'allume en me rassoyant.

— Comment s'est passée ta journée hier ? m'interroge Ethan.

— Bien, tellement bien que j'ai frôlé la mort, répliqué-je.

Il écarquille les yeux.

— Avec Faith, je précise.

Ses yeux semblent prêts à sauter de leurs orbites.

— Qu'est-ce que Faith faisait là-bas avec toi ? demande-t-il, incrédule.

— Elle a insisté.

— Et tu as cédé ?

— Oui, je sais, j'ai été con, avoué-je.

Il hoche la tête.

— Et vous n'aviez pas un genre de pacte pour éviter que tu replonges ? me demande-t-il.

— Si, pourquoi ?

— Alors, tu lui as dit que je...

Il marque une pause.

— Oui, je lui ai dit.

— Sérieusement ? Et quoi d'autre ? Tu lui as dit que je me bourre de médocs et que je me taille les veines ? s'alarme-t-il.

Je lève les sourcils.

— Non.

— Elle doit m'en vouloir maintenant...

— Pourquoi tu penserais ça ?

— Elle m'a dit plein de choses, elle doit croire que je lui cache tout.

— Crois-moi, elle ne t'en veut pas, je l'assure. Tu connais Faith, elle doit plutôt s'en vouloir à elle-même.

— C'est peut-être pire !