Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)

Chapitre 4 : Elysia

Après trois mois de dur labeur, Cassian m'avait enfin laissé m'approcher du râtelier où un certain nombre d'armes étaient disposées. Il s'était saisi de deux épées en bois et m'en avait lancé une. Depuis, chaque jour il m'avait enseigné les enchaînements de bases et me les avait fait inlassablement répéter. Ces exercices étaient fastidieux, mais je mettais du cœur à l'ouvrage, et Cassian ne tarissait pas d'éloges.

"-C'est bien Elysia, maintiens ta garde plus haute. N'oublie pas d'utiliser tes ailes pour mieux t'équilibrer.
-C'est... difficile de penser... à tout en même temps, répondis-je essoufflée.
-C'est ce qui fera la différence un jour sur le champ de bataille, petite guerrière, expliqua-t-il avec patience. Allez, encore une série. Reste concentrée."

Le soleil de fin de matinée tapait fort. J'étais couverte de sueur et le guerrier Illyrien aussi. A l'autre extrémité du terrain d'entraînement, Morrigan et Amren faisaient tranquillement bronzette sur des chaises longues. Je pris quelques instants pour reprendre mon souffle avant de relever mon épée en garde haute, mes ailes déployées pour m'aider à mieux conserver mes appuis. La fin de la séance approchait et je savais que c'était ma dernière chance de briller aujourd'hui. Cassian attaqua et j'enchainais les parades. Je restais volontairement sur la défensive, le laissant croire que j'étais réellement fatiguée et en position de faiblesse. Je reculais suffisamment jusqu'à ce que nous soyons à portée de voix des deux magnifiques Grandes Fae qui se prélassaient sans vraiment se soucier de nous. Lorsque nous fûmes suffisamment proches d'elles, je bondis en arrière hors de porté de l'allonge du guerrier et m'exclamais :

"-Non mais quand même, t'exagère, trop de soleil c'est pas bon pour la peau, mais elles ressemblent pas encore à deux vieilles sorcières."

Les yeux de Cassian s'agrandirent de surprise, alors que Mor et Amren bondissaient de leurs chaises avec des éclairs dans les yeux. Je rassemblais toutes mes forces et bondit l'épée en avant vive comme l'éclair. Un bref instant, l'attention de Cass s'était portée ailleurs que sur moi. Mon épée de bois frôla sa cuirasse avant qu'il ne l'intercepte.

"-Presque ! m'écriais-je joyeusement.
-Espèce de vile petite créature ! gronda Cassian, mais ses yeux pétillaient d'une lueur d'admiration.
-C'est pas ce qui change que ça a marché, répliquai-je avec malice. Un peu plus et je te transperçais la cuisse.
-C'était futé je le reconnais, répondit-il. Mais ça ne marchera pas en condition réelle.
-Avoue, que tu viens de te faire avoir par une gamine de huit ans Cassian, intervint Amren. Quant à toi jeune fille, qui as-tu traité de sorcière ?"

Les yeux d'Amren flamboyèrent. Je déglutis en réalisant que mon trait d'esprit avait eu l'air malin sur le coup, mais je n'avais pas vraiment réfléchi aux conséquences. Contrairement à beaucoup de Fae adultes que j'avais souvent vus reculer devant elle, je n'avais jamais eu peur d'Amren. Peut-être parce que je la connaissais depuis toujours, ou plus certainement parce que j'avais fait en sorte de ne jamais me retrouver dans son collimateur. Mor et Cassian n'avaient pas du tout l'air disposés à me venir en aide. Alors je décidais de lui faire mon fameux "regard". Celui auquel peu d'adultes résistaient. Mon ami Lorcan disait que c'était de la triche et j'avais bien à l'esprit qu'il n'allait pas falloir que j'en abuse trop. Le "regard" fonctionnait plutôt bien avec Mor, Cassian et Az, en revanche pas du tout sur Rhys, et je n'avais jamais eu besoin d'en faire usage sur Amren. Mes grands yeux bleus nuit semés d'étoiles avaient pour effet de faire oublier aux adultes leur colère à mon égard. Je regardais donc Amren de cette manière si particulière en dissimulant mon appréhension du mieux que je pouvais sous son propre regard gris acier. J'ignorais si c'était grâce à mes yeux doux où au fait que je n'ai pas reculé devant elle, mais peu à peu, la menace disparut du visage de la créature antique et elle m'adressa finalement un regard énigmatique.