Chapitre 35-Une prison terrifiante

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      Après une dizaine de minutes de sommeil, je fus brusquement réveillé. Par un cauchemar? Non pire que ça. Le cri transcendant résonnait encore entre les murs... 

     Seul, dans l'obscurité, j'entendais à présent mon souffle rauque et frénétique. Je n'étais franchement pas à l'aise ici. Surtout avec ce genre de fond sonore. Au moins, enfermé dans une cellule, où j'étais seul, j'étais plus ou moins en sécurité. Je promenais alors mon regard sur la pièce. Dans la semi-pénombre, je vis une petite table en bois, des petits coins gris de poussière, un rat qui gambadait, un cafard il me semble, la fente qui me servait de fenêtre, les bords de ma couchette semi-confortable... Je m'approchai de la fenêtre pour y voir l'extérieur. Occupant la cellule 456, je voyais quasiment toute l'île, d'en haut. C'était la pleine lune et celle-ci projetait sa lumière sur la surface de la mer. Son reflet ondulait au rythme des vagues. De temps en temps, un nuage passait devant elle, rapidement, car il y avait du vent. Ce spectacle de la nature formait une symphonie. D'autant plus que l'île, parsemée de broussailles et grouillant d'animaux nocturnes, avait comme un côté mystérieux. Brusquement, j'entendis un souffle rauque s'approcher. Une respiration puissante qui pour sûr n'était pas celle d'un humain. Ou alors c'était celle d'un énorme humain, espérais-je.

     Avec tous mes sens en alerte, j'entendis aussi des pas lourds et des grognements. Je me tirai alors de la fascination du paysage. Le cœur battant, je jetai un coup d'œil derrière moi. Ma porte était ouverte ?! Un vent frais s'échappa de l'entrée obscurément ouverte. Il contribua à me donner des sueurs froides. Et puis j'entendis clairement un cri d'horreur : «AAAAAAAAAAAAAAAAAA - suivi d'un cri d'agonie - aargggghoaart ». Le silence revenu, les pas lourds reprirent leur cadence régulière. Le quelque chose était de plus en plus proche... Le jeu de lumière bougea imperceptiblement et il apparut ainsi devant moi, dans l'embrasure de la porte de ma cellule. C'était un monstre qui venait montrer son horrible silhouette trapue à la lueur de la lune. Il se tourna vers moi. Je vis alors ses yeux violets scintiller intensément dans ma direction. A vue d'œil, il me serait impossible de le vaincre. Il avait la corpulence d'un dinosaure, avec des petits bras avant et de puissantes pattes arrière. Sa mâchoire était impressionnante et j'avais l'impression que rien qu'à le toucher je me serai blessé, vu comment il était équipé d'écailles pointues sur tout le corps, en particulier sur sa colonne vertébrale. Ses oreilles ressemblaient à de petites ailes. Je n'eus pas une seule seconde pour penser à quel pouvait être son point faible, s'il en avait un d'ailleurs. Il se léchait encore les babines, le sang rouge vif de sa dernière victime dégoulinait toujours le long de son cou. Et au moment où je me classifiais mort dévoré, quand sa gueule s'ouvrit sur des dents terribles rangées parfaitement dans la mâchoire puissante, il bailla et s'en alla. Ouf quelle frayeur ! Mais je n'étais pas épargné pour autant car je compris ce qui m'arriverait si je m'avisais de sortir de ma cellule sans autorisation. Ensuite, le monstre repassa plusieurs fois devant ma cage, fermée cette fois-ci. Pourtant, il ne fut pas le seul gardien sinistre de cette prison : différents monstres plus horribles les uns que les autres faisaient des tours de garde. Je vis passer de affreux basilics rampant avec leur demi-corps de serpent et bombant leur torse de coq, ainsi que des êtres furtifs à huit pattes, les yeux fuyants, les pattes cliquetantes, ainsi que des nuées de petits dragons rouges et verts, etc.

      Après cette nuit d'enfer, une journée d'enfer m'attendait. Elle commença aux aurores : un seau d'eau glacée me réveilla tout d'abord désagréablement, puis un gardien grincheux m'ouvrit la porte et me cria « DEBOUT ! » au cas où je n'aurais pas été assez bien réveillé. Des vêtements oranges marqués du nombre 456 étaient posés sur la table en bois. Je les enfilai prestement, de peur qu'on vint me dire de me dépêcher avec un lance-flammes cette fois-là. Après, je dus sortir dans le couloir où je me mêlai à la rangée déjà faite de prisonniers maussades. Ils avançaient clopin-clopant, soit par dérision soit par une ancienne blessure. Une minorité avait cependant le pas ferme et décidé. Ceux-là semblaient être les plus durs, les chefs peut-être même. Je suivis le sens de la marche avec un pas...normal, neutre on va dire. Je préférais me positionner comme ça pour l'instant, je me contentai de scanner les autres incarcérés, avec qui je passerai un an et avec qui je préférais ne pas avoir d'ennuis. Malheureusement, je ne voyais pas trop les autres personnes car une personne aux longs cheveux blonds me bloquait la vue devant et je ne pouvais pas me retourner. En effet les geôliers étaient intraitables sur ça et il criaient continuellement : « Allez, avancez, avancez ! Plus vite, on se retourne pas, on se parle pas. Fissa ! ». Pourtant, je pris mon courage à deux mains et pris l'initiative de parler à la personne devant moi, qui appartenait à la catégorie de personne au pas droit et ferme. Possiblement c'était un assassin, un terroriste, un voleur, un violeur ou que sais-je d'autre. Tout ce que je savais c'était que cela pouvait être une aide ici. Je lui dis :

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant