1.Dors bien petit Prince

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Je n'ai jamais assistée à des funérailles toute ma vie. J'ai peur de la mort en fait, c'est pour ça que je n'aime pas les films d'horreurs. C'est pour ça aussi qu'il me traite parfois de trouillarde. Mais il ne m'a jamais forcé a les regardés, même pas un. On ne regarde que les films comédies parce que je n'aime pas non plus les films d'actions ou romantiques mais ça c'est à cause d'une autre raison.

Aujourd'hui sera le dernier jour que je le verrai. Aujourd'hui, c'est le jour de son enterrement. On va le mettre sous terre, le cacher aux yeux du monde, et je ne pourrai plus jamais le revoir, ni le câliner, ni ébouriffer ses cheveux pour juste le taquiner. Trois jours ont passé depuis sa mort, et pourtant je ne peux m'empêcher d'espérer le voir entrer par la porte avec son sourire éclatant. Il m'a souri une dernière fois, m'assurant que tout irait bien, mais c'était un mensonge que nous avons tous voulu croire.

Je revois le dernier moment ou il a respiré pour la dernière fois. J'étais là quand la vie a décidé de quitter son corps cancéreux. J'étais toujours là dès le début quand on nous a annoncé sa maladie. Je m'étais préparée pour ça depuis trois ans qu'il pourra mourir à tout moment, dans une minute comme dans cinq ans. Mais on a toujours eu l'espoir qu'il vivra jusqu'à ses dix-huit ans même plus. Mais le destin a été cruel, il n'a que dix-sept ans, on vient de fêter son anniversaire il y a trois semaines. Il s'est battu pour qu'on reste toujours ensemble, il s'est vraiment battu pendant ses derniers trois ans. Et maintenant, il ne reste plus que moi qui le regarde coucher sur cette table. Je suis restée à son côté depuis ses trois ans et je reste toujours là à le fixer pendant ces trois jours. Parfois, j'espère qu'il va se réveiller et me dire d'arrêter de le fixer comme ça mais rien ne se passe. Il ne bouge n'est ce qu'un seul millimètre pour me prouver qu'il est vraiment parti.

Les souvenirs de lui ont envahi mon esprit, des moments partagés, des rires partagés, des instants de complicité qui semblaient maintenant si lointains. Je voulais juste pouvoir revenir en arrière, revivre ne serait-ce qu'un de ces moments précieux avec lui.

Une main se pose sur mon épaule, un geste d'affection mais je le jette tous de suite. Je tourne la tête et croise le regard de mon frère Marc. Son sourire triste reflète ma douleur. Je sais que mon état est pitoyable en ce moment.

-Va te préparer, on devrait partir dans une heure.

Me préparer pour quoi ? Pour aller à l'enterrement de la personne que j'aime le plus au monde ? Je ne réalise pas que je pleure jusqu'à ce que mon frère s'abaisse à mon niveau pour effacer mes larmes. Il me prend dans ses bras et me murmure que ça va aller mais ça, il ne sait rien. Il n'était jamais là donc il ne sait pas à quel point ça fait mal et que ça ne va pas. Ça ne va pas du tout. Je regarde une dernière fois mon petit frère et sort de la chambre pour me préparer comme dit Marc.

Je vois quelque personne en passant dans le salon mais je n'ai même pas pris la peine de les regarder ni de les saluer. J'entends quelque murmure comme ''Oh la pauvre, elle tenait beaucoup à lui'' et ''Elle est vraiment bouleversée la petite''.

Je monte à ma chambre, ignorant les murmures dans le salon. J'entre rapidement sous la douche après avoir jeté mes vêtements dans le back à linge et prends une douche froide pour me réveiller de ce cauchemar. L'eau glace ma peau, mais apaise mes nerfs. Je sors de la salle de bain un quart d'heure après. J'ai fait un chignon bas pour mes cheveux et entre tout de suite dans le dressing. Je choisis la robe qu'il avait sélectionnée pour moi, la robe rouge qu'il m'avait offerte pour ce jour. C'est lui qui a acheté ça et il m'a dit que je dois la porter pour sa funérailles. Il ne m'a jamais laissé la porter, il a dit que si je la porte pendant qu'il est toujours en vie, ça veut dire que je veux sa mort parce que c'est ma robe pour ce jour. On a vraiment ris ce jour-là, je lui ai dit que je ne peux pas porter une robe rouge mais il m'a juste répondu que ce n'est pas n'importe quel jour, c'est le jour de son enterrement. Un sourire triste apparait sur mon visage suivi par des sanglots. Je n'arrive pas à y croire que ce jour est vraiment arrivé cinq mois après qu'il m'a acheté cette robe. Je la porte sur mon cœur et la serrer fort pour la faire savoir que jamais, je ne veux pas la porter. J'entends mon frère m'appelle et toque à ma porte. J'enfile rapidement la robe, prend l'escarpin que lui aussi a choisi et sort du dressing.

Sombre (L'envol du papillon brisé 🦋)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant