Comme une comédie romantique

Chapitre 44 : Nina

— Je te pardonnerai jamais d'avoir squatté mon appart jusqu'à quinze heures, asséna Nina.

Dalal se contenta de sourire sans prendre au sérieux la colère affichée par Nina. Une journée et une nuit avaient passé, mais Nina ne comptait pas laisser sa meilleure amie s'en tirer aussi facilement. Elle devait simplement trouver le moyen idéal de se venger et attendre le bon moment, qui pourrait ne pas arriver avant plusieurs mois. Dalal ne se doutait de rien, de toute façon, mais Nina savait comment le lui faire payer. Comme s'il avait lu dans ses pensées, Ivan sourit, le nez plongé dans son verre.

Après une journée à visiter les musées strasbourgeois, Dalal se plaignant que tout était vieux et ennuyeux, Nina avait décidé d'inviter ses ami·es à boire un verre, cette fois en petit comité et en faisant promettre à sa meilleure amie qu'elle ne coucherait pas avec Marius.

— Vous avez vraiment aucun respect, commenta Camille.

— C'était pour que Nina puisse passer plus de temps avec Ayden ! se défendit Dalal.

— J'ai dormi quasiment toute la journée sur son canapé au lieu d'être dans mon lit, c'était vraiment trop sympa de ta part.

Dès qu'elle était rentrée chez elle, elle avait changé les draps et envoyé Dalal sous la douche pour l'empêcher de lui raconter sa nuit endiablée. « Trop de détails », avait-elle lâché avant d'ouvrir le robinet, laissant un jet d'eau glacée tomber sur Dalal, qui ne méritait pas mieux. Puis Nina avait aéré pendant plus d'une heure avant de se sentir de nouveau chez elle. Plus jamais elle ne laisserait son amie seule dans son appartement, s'était-elle promis, tout en sachant qu'elle changerait d'avis dès sa prochaine visite.

En revanche, Nina comptait bien rappeler cet épisode à Dalal pour toujours – et se venger dès que l'occasion se présenterait.

— Je me suis déjà excusée !

— Elle a quand même essayé de me raconter à quel point t'étais génial au pieu, glissa Nina à Marius.

Celui-ci manqua de s'étouffer avec sa bière et Dalal ricana, très fière d'elle.

— Je veux surtout pas savoir, c'est dégoûtant, gémit Violette.

— Oh ça va, sois pas prude !

— C'est du sexe hétéro, je veux vraiment pas entendre parler de ça.

— Moi, je veux entendre parler de la vie sexuelle de personne ici, intervint Camille.

Ivan approuva d'un hochement de tête. Dalal soupira, bougonna qu'iels n'étaient pas drôles, mais garda le silence pour mieux finir son cocktail d'une traite. Nina la regarda avec un sourire qui s'accentua encore quand son amie lui fit un doigt d'honneur, comme si elle était la seule responsable de son interdiction de parler de sexe à tout va.

— L'année passe beaucoup trop vite, se plaignit Ivan. On est déjà en novembre alors que j'ai l'impression que la rentrée était il y a deux semaines. En plus, j'ai à peine commencé à réviser pour les partiels.

— Je vois pas en quoi ça t'inquiète, dit Camille en levant les yeux au ciel. De toute façon, tu vas faire comme d'habitude et « m'emprunter » mes fiches pour pas avoir à faire le travail toi-même parce que t'es le pire fainéant que la terre ait jamais porté.

— Moi aussi, je t'aime.

— Vous êtes vraiment adorables, commenta Dalal.

— Commence pas, intervint Nina. Surtout que toi, t'as jamais révisé pour le moindre examen.

— En même temps, j'en ai pas besoin. J'ai un talent naturel.

— Il y en a qui ont de la chance, marmonna Violette, qui passait plus de temps à la BU que n'importe qui autour de la table. Parfois, je regrette vraiment de m'être lancée dans des études supérieures, mais au moins je fais quelque chose qui me plaît.