Chapitre 31 : Ryan

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Chapitre 31 : Ryan

Et encore un non pour moi mais je m'y attendais. Je savais qu'elle ne voudrait pas me voir. Évidement. Premièrement, elle est trop bouleversée, deuxièmement, je suis un connard et troisièmement... Je vous laisser inventer ce qui vous chante.

Je ne sais toujours pas si le père de Nina s'en est sorti mais j'ai bon espoir. Après tout, elle m'a répondu. Si son père était mort, aurait-elle consulté sa messagerie ?

Si là, tout de suite maintenant, je perdais quelqu'un, je pense que regarder mon téléphone serait le dernier de mes soucis et qu'il serait éteint par terre dans un coin où je ne le retrouverais pas sans le chercher.

Je m'empare de ma guitare et décide de jouer quelques accords mais je n'arrive pas à me concentrer. Au lieu de ça, je frappe les cordes comme si ce n'était pas de petites choses délicates.

J'ai déjà réussi à en casser une, alors on n'est pas à l'abri que j'en casse une autre ! Je jurerais que sur un excès de colère, je serais capable de brandir le manche de la guitare et de la frapper au sol. Même si j'y tiens.

Je pose l'instrument avant de faire des dégâts. C'est un cadeau de mon oncle pour mon seizième anniversaire. Je me lève et quitte ma chambre, une pochette contenant des cours dans la main.

Nina ne veut pas me voir, je vais au moins lui donner ce dont elle a besoin dans sa boîte aux lettres.

Je revêts mon manteau et enfile mes baskets avant de prendre la porte, direction l'appartement de Nina.

Bien sûr, je pourrais faire croire que je ne sais pas quelle est sa boîte aux lettres mais elle sait que je connais son nom. Évidemment. Je pense même que j'en connais plus sur elle qu'elle ne peut le penser.

Je quitte ma résidence et me dirige vers celle de Nina. Et dire qu'elle habite vraiment tout près du mien. Et pourtant, elle est comme à des années-lumière de moi.

Tout se passe vite. Je rentre dans le hall de son bâtiment et cherche sa boîte aux lettres en parcourant les rangées avec attention. Lorsque je repère la sienne, je constate qu'elle est remplie et que le contenu de ma pochette ne rentrera pas à moins de forcer. Pas le choix, je dois monter à l'appartement 117.

À vrai dire, ça m'arrange. J'ai comme ce besoin de la savoir à l'abri. C'est stupide, je sais.

Par chance, la porte principale est grande ouverte donc pas besoin de sonner l'interphone.

Je monte donc tranquillement au premier étage puis ne tarde pas à retrouver l'appartement où vit Nina. À cette heure-ci, le bâtiment est étrangement silencieux. Ou peut-être est-ce juste moi. Peut-être que l'autre fois m'a marqué, ce soir où les cris emplissaient la résidence, au point que je trouve l'endroit calme.

Devant sa porte, je médite et me prépare à sa future réaction. Va-t-elle me claquer la porte au nez ? Sûrement. Vais-je avoir envie de retoquer jusqu'à ce qu'elle ouvre de nouveau ? Probablement aussi. Va-t-elle me crier que je suis un bâtard ? Nul doute. Mais bon, je suis paré à ce genre d'éventualité.

J'inspire, expire et toque à sa porte avec assurance.

D'abord, seul le silence me répond puis j'entends du mouvement derrière la porte suivi d'un bruit de clés que l'on tourne dans une serrure.

La porte s'ouvre doucement mais sûrement et mes yeux rencontrent le regard brun de Nina.

Elle ne dit rien et j'attends quelques secondes mais la surprise s'empare de moi quand je me rends compte qu'elle ne m'a toujours pas claqué la porte à la figure. Étrange. Pas d'insultes ni de regard mauvais. Je n'hésite plus et me lance.

— Ta boîte aux lettres était pleine, je n'avais pas d'autres choix que de t'apporter ça en mains propres.

Je n'ajoute rien et me contente de la scruter en lui tendant la pochette qui contient tous les cours qu'elle a manqué cette semaine. Par chance, cela ne m'a pas pris trop de temps. L'imprimante à ma tante est plutôt efficace et rapide. J'entrevois du coup de l'œil un voisin qui sort de chez lui mais ne me laisse pas perturber par sa présence.

Nina murmure un mot incompréhensible en attrapant le paquet que je lui tends.

Ses doigts frôlent les miens et je recule aussitôt en me figeant. C'est comme si ce seul contact m'avait brûlé. C'est une connexion brève mais palpable qui m'hérisse le poil.

Nina ne réagit pas. Son expression est neutre. Elle ne retranscrit aucune émotion mais je devine que de la tristesse est dissimulée derrière ces traits délicats. Je décide de jouer le Ryan sage qui obéit à ses pensées et recule encore, voyant ainsi se creuser entre nous un fossé invisible plus grand.

— Bonne nuit, Nina, lui dis-je.

Je me retourne et commence à m'éloigner, mais sa voix me retient.

— Merci.

Je me retourne de nouveau et hausse un sourcil interrogateur, sans pourtant omettre le moindre bruit.

— Ton père va bien ?

— Il est encore à l'hôpital mais il devrait s'en sortir. Les médecins le gardent encore pour le surveiller.

Je lâche un réel soupir.

— Tant mieux, répondé-je avec sincérité.

L'atmosphère est lourde de notre silence et de notre calme. Je ne sais pas sur quel pied danser et surtout si je dois m'en aller tout de suite ou bien attendre encore un peu. Je vais céder à la panique si ça continue.

— Merci d'avoir été là.

Je hoche la tête en signe de reconnaissance puis cette fois, je m'en vais vraiment.

Je m'en vais aussi délicatement que possible, comme si partir vite lui ferait mal.

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