Basile et moi avons discutés une bonne partie de la nuit et je dois dire qu'encore une fois, certaines de ses réponses ont su me surprendre et me rappeler que Basile est habité, par moment, par l'esprit d'un grand sage. Du moins, c'est ce que j'aime croire car comment à peine vingt ans, peut-on avoir ce recul sur la vie et sur ce qui nous entoure ? Comme s'il vivait dans une autre dimension, une dimension miroir à la nôtre. Cela m'épate encore alors que depuis le temps, je me dis que je devrais m'y habituer, mais... Non.
Nous avons alors discutés de nos projets, de la façon dont je craignais l'avenir et dont nous n'étions certains de rien. Nous avons remis sur le tapis des sujets que l'on pensait tous deux clos et comprit pour l'autre, mais je crois que tout compte fait, nous avons bien fait de s'assurer que nous sommes encore sur la même longueur d'ondes car les choses, les événements ont été tellement chaotiques pour nous depuis un certain temps que cette mise à plat nous a fait du bien.
Nous voulions quitter la maison de ma grand-mère est partir à l'aventure.
Puis nous voulions rester ici et reprendre la boutique afin de s'encrouter tranquillement dans un coin, rien que tous les deux.
Puis nous avons souhaité tout changer et devenir présidents de Mars, comme si cette option était seulement envisageable alors que... soyons sérieux ? Mars ?
Finalement, il a été convenu que dans un premier temps, eh bien, aussi bête que cela puisse paraître car nous avions sérieusement l'impression de tourner en rond et de nous répéter sans cesse, nous avons décidé de rester ici et de voir. Je présume que nous avons besoin de ce temps pour aussi se retrouver lui et moi et pour réapprendre à fonctionner en binôme, car même avant l'accident, nous commencions tout juste à danser main dans la main. A présent, il nous faut absolument tout reprendre depuis le départ, comme si nous étions deux inconnus et j'avoue que cette perspective ne m'enchante pas. Dans ma tête, j'ai encore les images de cette fausse vie qui me hantent et Basile a eu...Eh bien lui aussi toute une année pour faire sa vie et essayer de se construire, de se reconstruire.
Et qu'est-ce qu'une année dans une vie ? Pour moi, ça représente l'équivalent de l'éternité, mais c'est mon côté dramatique qui veut ça. Je sais que j'ai tendance à tout exagérer et à me dire que nous sommes peut-être pas au bout de nos peines, mais nous sommes d'accord sur une chose Basile et moi : cela va nous demander du temps.
Beaucoup de temps.
Après tout, ni lui, ni moi, sommes les mêmes personnes que celles que nous étions quand nous nous sommes quittés. L'accident de la rivière nous a changé et on le sait. Alors, oui, on a besoin de réapprendre à graviter l'un autour de l'autre.
— Je nous ai fait du café, me dit-il tandis que je descend difficilement les escaliers.
J'aurai aimé traîner au lit, mais quelque part, je sais que je ne peux pas... je ne peux plus faire ça. Je lui ai promis que j'essayerai. J'essayerai d'aller de l'avant et ça commence par sortir de son lit, malgré l'épreuve que ça m'a parut être, malgré le manque d'envie, malgré le fait que soudainement, je me suis dit que j'étais plus à "l'abris" sous la couette, tel un petit garçon se cachant du monstre traînant sous le lit et guettant la moindre petite opportunité dans l'obscurité.
Cependant, je ne suis plus ce petit garçon trouillard et je sais, j'ai réalisé ces derniers mois que le monstre n'était pas sous mon lit, mais seulement dans ma tête et que je devais apprendre à vivre avec. A le dompter. Je devais apprendre à l'accepter.
— Je ne t'ai pas entendu te lever, lui fis-je en m'asseyant sur une chaise tandis que je le regarde aller ici et là.
Ca m'avait manqué, je crois. De voir Basile se débrouiller ainsi. Il allait dans la maison comme un danseur car Basile ne marchait pas, il virevoltait. C'était son truc et je constate avec plaisir que ce "truc" en question, il l'a toujours en lui. Il sait où se trouve les tasses, le pot de café, les cuillères, les dessous de table. Il sait où se trouve chaque chose et il sait parfaitement se débrouiller. Même sans moi.
— Oh je n'ai pas voulu te réveiller et puis je me suis dit qu'après la nuit que nous avions eu, tu aurais besoin de récupérer, me lance-t-il.
— Ce n'est pas comme si nous avions fait l'amour toute la nuit, non plus, sortis-je de but en blanc.
Peut-être n'aurais-je pas dû dire cela ? Du moins, quand je vois Basile s'arrêter net pendant un quart de seconde, je me mets à douter. Etait-ce trop tôt ?
— Je pense que j'aurai préféré que nous fassions l'amour toute la nuit, finit-il par me dire tout sourire.
— Coquin ! Je vois que Monsieur a prit le goût des choses.
— Le goût des bonnes choses, mon cher. Mais à qui dois-je cela à ton avis ? Qui a passé une année à me dévergonder. J'étais un si prude jeune homme auparavant.
Je n'y ai jamais cru. Pas une seule seconde. Encore moins depuis que je sais que Basile a flirté avec la moitié du village. Il cache simplement bien son jeu et il pourrait tromper n'importe qui avec ses fossettes. N'importe qui, mais pas moi.
— Honnêtement, je ne t'ai rien appris que tu ne savais déjà faire, tenté-je.
— Oui, mais parfois ça vous prends une personne supplémentaire pour avoir confiance en vous. Tu es cette personne pour moi. Tu es, comment pourrais-je le formuler sans que tu ne prennes la grosse tête ?
— Parce que ça a déjà été le cas ? Je ne prends jamais la grosse tête. Jamais !
Il se retourne vers moi et je devine à son petit sourire en coin dont seul Basile a le secret, que j'ai effectivement un melon pas possible.
— Mais je t'aime comme tu es, n'en doute pas ! reprit-il, Toutefois, malgré tes petits défauts, tu es vraiment ma source d'inspiration première.
— Tu n'as pas plus mal tomber ! fis-je avec ironie.
— Non. Non, je crois... oui, je suis certain même que je suis plutôt bien tombé. Tu n'en as peut-être pas l'impression, mais je crois véritablement au fait que tu puisses avoir ce pouvoir sur les gens qui t'entoure.
— Quel pouvoir ? Car là, de suite, à part celui d'être un éclopé à l'humour très limite, je ne vois pas...
— Tu peux changer les gens, Gabriel. Tu l'as fait pour moi. Pour Cléo. Pour ta grand-mère. Tu as cette influence sur les gens qui gravitent autour de toi, un peu comme le soleil.
Oh. Oh.
— Je suis donc le soleil de ta vie ! repris-je de plus belle et complètement flatté.
— Tu l'es. Tu es mon soleil à moi.
Et si ça, ça ne vaut pas tous les "je t'aime" du monde alors je n'y connais pas en amour !
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Voyage au centre de ton cœur (BxB) - Tome 2 (PAUSE)
RomanceAlors que Gabriel a tout quitté pour poursuivre ses rêves, ces derniers se sont envolés juste sous son nez. Ne sachant plus quoi faire de sa vie et ne pouvant plus suivre le chemin qui lui était destiné, il décide alors d'une idée : Faire du village...