En sortant de ma chambre, je remarquais qu'il y avait 4 pièces en plus de la mienne, les couloirs étaient spacieux et quand je suis descendue, je constate que toute la famille est installée au salon à l'exception de Maïmouna qui était toujours à la cuisine. Je m'avançai quand d'un coup, une petite sauta sur moi
-Tata! Tata, fit-elle tout en m'entourant la taille. Elle était très enjouée, devait avoir au maximum 5 ans et ressemblait beaucoup à tata Fatmata
-Salimata, hey! Fit tata Fatmata en se dirigeant vers elle, Oumy vient à peine d'arriver laisse là au moins du répit toi aussi. Comme seule réaction je me mis à sourire en prenant part à son jeu. Je m'abaissais alors à son niveau quand elle me fit un petit bisous furtif sur ma joue droite en souriant de toutes ses dents.
-Ce n'est pas grave tata Fatmata, votre fille est très mignonne et adorable, dis-je en souriant ce qu'elle fit à son tour. J'étais agréablement surprise de sa réaction une fois de plus. Je commençais petit à petit à me sentir comme chez moi, j'apprenais ce qu'était une famille et je ne voulais que rien ne gâche ce moment...
-Tu es tata ! Comment tu t'appelles? Tu- tu-habites dans ma maison ? Me demanda t-elle. Elle me fit sourire encore une fois et je lui répondis que oui. Youpiii! Fit-elle simplement tout en allant rejoindre sa mère.
Tout en me redressant, je sentis le regard insistant d'un des fils de papa Ibrahima. Salimata m'avait assez occupée donc je n'avais même pas pris la peine de lever les yeux. Je procédais alors de lever mes yeux et analyser le salon. L'un d'entre eux était concentré sur ses jeux vidéos et ne me calculait pas beaucoup ensuite mon regard stoppa net sur l'autre, c'était certainement le deuxième enfant de papa Ibrahima. Il avait comme Maï ce teint noir d'ébène qu'ils avaient hérité de papa Ibrahima. Ses traits étaient doux comme ceux d'une femme mais son regard intense et sa barbe naissante venaient équilibrer le tout. Il me fixa sans sourciller pendant ce qui paraissait être une éternité pour moi, je ne comprenais pas pourquoi mais je me sentis très vite gênée et je restais debout à la même place. Tata Fatmata et papa Ibrahima se regardaient de façon perplexe et comme ayant ressenti ma gêne, papa Ibrahima coupa le silence.
-Qu'est-ce que tu fais debout comme ça ? Viens donc t'asseoir ma fille je vais en profiter pour te présenter à tes frères. Ne fais pas attention à Shams, il est très taquin dit-il en lui lançant un regard qui ramènerait à l'ordre toute personne désobéissante. C'est d'ailleurs mon garçon aîné de 20 ans, il vient à peine de débuter sa licence en droit.
-Enchantée Shams... dis-je simple
-Enchanté Oumy, bienvenue ! Me dit-il cette fois-ci avec un air plus détendu sans jamais me quitter du regard. J'acquiesçais juste de la tête pour ne laisser paraître aucun signe de gêne
-Ensuite, je te présente Aliou, il a 14 ans. Je me fatigue à lui interdire ses jeux là, sacrée génération ! Mais n'empêche il sait déjà ce qu'il veut dans sa vie pour son jeune âge. Aliou! Khana gaan sou nieuwei geu meuneu tekk seu jeux yi te deglou( tu devrais arrêter de jouer au moins quand il y'a une invitée)
-Diegalou deh papa( Désolé papa!) dit-il en déposant son téléphone et faisant une moue rapide presque invisible avant de s'adresser à moi.
-Ça va Oumy?
-Oui ça va bien Alhamdoulilah.
Nous discutâmes ainsi pendant à peine cinq minutes avant que le repas soit prêt. Vous allez me prendre pour une folle mais j'avais très hâte. Je n'avais pas mangé de vrai repas depuis un jour de fête à l'orphelinat où on était toutes bien habillées et célébrant les festivités autour d'un plat de viande assises à même le sol comme maintenant.
-Agn bi parei na ! (Le repas est prêt!) scanda Maïmouna.Elle s'avançant avant de déposer le plat couvert. Elle enleva le couvercle laissant place à un plat fumant de C'est bon, bien décoré de tomates, poivrons, oignons crus, le tout surmonté de trois poissons braisés, des citrons coupés en rondelles couvrant le riz blanc. Bismillah, dit-elle simplement.
-Ah diank deffga deh! (tu as bien fait hein!) Dit tata Fatmata à sa fille pour la taquiner. Harouna(le mari de Maïmouna) mom namoul dara( Harouna ne se plains pas)
-Bayil togn! (Arrête de me taquiner !) il doit d'ailleurs revenir de son voyage dans pas très longtemps hein, je vous laisserai votre maison car mon mari me manque, dit-elle en rigolant et en faisant des manières.
-Ya faux !( tu es fausse!) fis-Shams, amusé par ce que sa sœur dit. Ma fogoni fi mo dakk fepp( tu n'avais pas dis que ici c'était meilleur que partout)
-Ma wakhon wakhet deh( je me suis trompée hein) dit-elle en laissant échapper un léger rire. Mange c'est mieux pour toi.
-Tey mom demley nangoul(aujourd'hui j'accepte), le plat est délicieux! Scanda Aliou en faisant de grandes bouchées.
-Ioe sissouman ga! (tu es rabat-joie). Tu passes ton temps à dévorer mes plats, j'ai déjà ma réponse!
Je mangeais en silence et c'est vrai que c'était vraiment bon. C'était ni trop salé, ni trop fade; Maïmouna me rajouta de l'huile de palme.
-Merci beaucoup ! M'exclamais-je.
Nous finissions de manger ainsi, tout le monde était rassasié et content. Nous remercions tous Maï pour ce bon repas. Après avoir débarrassé la place, nous nous rassemblions tous pour regarder la télé mais aussi discuter, une vraie ambiance de famille sénégalaise! Entre thé, anecdotes et rires, l'ambiance était agréable et cela m'a permis de connaître un peu plus ceux que j'appelle désormais ma famille. Je me suis même « liée d'amitié » avec Aliou qui m'expliquait le fonctionnement de son jeu et comment se passaient ses cours et les aventures de son prof de maths qu'il trouvait drôle.-Je vois que ça parle de cours ! Dit Papa Ibrahima. D'ailleurs Oumy à l'orphelinat comment on vous dispensait les cours ? J'y pensais avec Fatmata et je me suis dis que Shams pourrait t'inscrire à l'école. Tu sais en semaine il n'y a presque personne à la maison pendant la journée et je ne voudrais pas que tu t'ennuies ici, n'est-ce pas pas Shams ? Oumy tu en penses quoi?
-Ça me ferait vraiment plaisir Papa Ibrahima ! À l'orphelinat on avait de très bons profs, les cours étaient réguliers au début. Mais vers la fin, notre directrice manquait de moyens pour veiller à la bonne marche de nos cours. On a finalement fini par arrêter les cours en attendant de meilleures conditions, nous devrions être en seconde cette année normalement mais est-ce que ce sera possible ici..., comme ça..?
-Ne t'inquiète pas ma fille, Shams est déjà passé par là et j'ai entièrement confiance en lui, dineu leu goungei beu ga Am sa inscription Insha'Allah (il t'accompagnera jusqu'à ce que tu t'inscrives si Dieu le veut)
-Merci beaucoup papa! Sama khel daal neu vraiment (je ne me plains pas), dis-je en me tournant vers Shams.
-On pourra y aller dès demain matin si ça te va ?
-Oui ça me convient, merci beaucoup ! Dis-je toute heureuse à l'idée de commencer un nouveau chapitre de ma vie.
-Je t'en prie ! Papa je vais aller jouer au foot avec mes amis! Ne m'attendez pas mais gardez moi ma part pour le dîner. À tout à l'heure!
Chacun vaquait désormais à ses activités et moi je regagnais ma chambre, Morphée me saisissant ainsi que la perspective de beaux rêves après cette si longue et belle journée...
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Oumy: entre ciel et mère
Fiksi UmumC'est l'histoire d'une aventure tumultueuse, d'un destin entrelacé entre le désir de retrouver sa mère et celui de se retrouver soi-même.. Oumy n'est encore qu'une inexpérimentée de la vie quand elle décida de s'enfuir de l'orphelinat où elle a gran...