Ch1, Wonder WomanHuit heures du matin. Une sonnerie terriblement mécanique.
Le groupuscule arrive, en troupeau, on ne croirait pas à première vue qu'ils sont tout sauf des élèves banaux. Ils représentent cette génération de miraculés, de grand espoir, de promesses, d'illusions ? C'est à eux que l'on confiera nos vies dans dix ans. C'est en eux que l'on croit, plus fort encore qu'une religion, comme une certitude. Parce que c'est ce que ce lycée promet, c'est son image, sa réputation, son travail, son marketing.
C'était la rentrée. La fin de l'été, les jours longs, chauds, interminables. Comme les couloirs de cette école, comme la hauteur de ses murs qui chatouillent le ciel et ces murailles épaisses qui donnent le vertige. Tout est trop grand ici. Mais on s'y fait. C'est comme tout.
Il y avait toutefois une anomalie. Dans une classe, et pas n'importe laquelle, ce matin-là, quelque chose n'était pas à sa place. Alors qu'ils entrèrent tous un à un comme ils le faisaient dans leur salon, à force d'habitude, ils la remarquèrent tous, cette anomalie. C'était une fille. Assise dans le fond comme si elle avait toujours été là. Elle portait l'uniforme, tout fraîchement repassé, qui sentait presque encore la lessive. Détachée, imperturbable, ailleurs. Comme si elle était là, sans vraiment être là. Fantomatique. Un casque vissé sur les oreilles, le nez plongé dans un livre, des lunettes aux vitres teintées qui cachaient ses yeux.
Bizarre. C'est qui celle-là ?
Les chuchotements animaient la classe, messes basses, questionnements, plaintes. Incompréhension globalisée. Tu sais toi ? Non j'en sais rien. Personne ne savait rien. Un chaos qui continua jusqu'à l'arrivée du délégué de classe simultanée à celle du professeur principal qui endossèrent la tâche, celle de tout expliquer.
"Comme vous l'avez sûrement remarqué, nous accueillons une nouvelle personne dans la classe. — expliqua le délégué à la posture rêche.
— Tu peux te présenter. — continua le professeur."
Elle posa son livre, se leva de sa chaise, frotta sa jupe pour la dépoussiérer et les affronta. Comme une machine, colonne vertébrale toute droite, menton relevé, regard neutre. Elle attendit une seconde avant de donner à tout le monde ce qu'ils voulaient, une seconde où elle les toisa tous longuement un par un, l'impression d'être scannés.
"Je m'appelle Seiko Osakabe, j'ai été transférée d'un autre lycée. J'espère qu'on pourra tous s'entendre."
Une voix transparente, un ton neutre qui frôlait le désintérêt, pas l'air ravie d'être ici, pas l'air déçue non plus, juste affreusement calme. Pas un sourcillement sur ce visage, pas une onde, pas un battement, lisse, poli, passé au papier de verre, rien ne trahissait sa nonchalance. Elle s'inclina, par politesse, il fallait faire bonne impression.
"Et pourquoi veux-tu devenir une héroïne ? — continua triomphalement le délégué, comme s'il lui tendait un piège."
Elle resta statique, en cours de réflexion, l'information était en train d'être traitée. Son regard indifférent accroché à celui du grand dadais à lunettes impatient de recevoir une réponse. Les regards étaient fixés sur elle, la nouvelle attraction de la 2-A.
Elle n'était pas douée pour les grands discours. Elle ne savait pas convaincre les foules. Elle n'avait pas l'éloquence des hommes politiques. Elle n'avait que ses valeurs, ses idéaux. Le moteur de sa vie, ce qui la poussait dans ses retranchements, et ce qui l'avait aussi guidée à cette école.
"Je veux... — un éclat de lumière qui naissait dans ses yeux. — Je veux bâtir un monde dans lequel les femmes n'auront plus peur. Un monde d'égalité."
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I can see the light - Shoto x OC
Fanfiction"Le soleil se levait, un rayon m'a chatouillé le visage, et c'était comme si l'obscurité avait disparue. Je redécouvrais le monde du point de vue d'une adolescente normale. Et je me suis dit : Enfin, je peux voir la lumière" NEW YORK TIMES BEST SEL...