Chapitre 24 : Un accord silencieux

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Abou Dhabi, novembre 2022.

Adèle arrive au Yas Hôtel tard vers dix-neuf heures, traînant sa grosse valise derrière elle. Elle se dépêche de monter jusqu'à sa chambre pour s'y enfermer. Elle adore cette ville mais elle est trop sous pression pour vouloir parler à qui que ce soit. Elle range des vêtements grossièrement dans une commode de la suite et ouvre grand le balcon pour faire entrer de l'air. À vrai dire, la seule personne qu'elle ait envie de voir se trouve sûrement de l'autre côté, mais elle ne sait pas vraiment quoi faire. Il lui a manqué pendant les quelques jours depuis la dernière course, mais elle se demande si c'est seulement parce qu'elle le sent distant. Pourquoi meurt-elle d'envie de lui sauter au cou dès qu'il s'éloigne alors que l'idée d'aller plus loin avec lui la terrifie ?

Thomas est allongé sur son lit en short de bain, la porte du balcon grande ouverte. Il avait prévu d'aller nager en arrivant mais a préféré prendre un moment pour laisser ses pensées s'évacuer. Entre le rejet d'Adèle qu'il ne parvient pas à comprendre et l'erreur improbable de Maxime, il commence à étudier la possibilité qu'il est maudit. Il a vu son regard, dimanche, quand il ne l'a pas enlacée après la course. Comment peut-elle en vouloir autant et le rejeter dès qu'il fait un pas vers elle ? Il entend la porte du balcon voisin s'ouvrir et un long soupir angoissé. Elle est là. Thomas se redresse sur ses coudes pour écouter ce qu'elle fait, espérant qu'elle l'appelle.

Elle regarde un moment la cloison qui sépare son balcon de celui de son patron avant de s'en approcher. La jeune rousse essaie d'inspirer profondément et sent une légère odeur de tabac froid. Il doit être arrivé, mais est-il là ? Veut-il la voir ? À force de le repousser sans cesse, elle sait qu'elle prend le risque de le perdre. Ne rester qu'amie avec lui n'est pas imaginable, il l'attire trop. Devenir plus est un coup de poker qui pourrait tout lui faire perdre. Elle se mord l'intérieur de la lèvre, hésitant un moment.

— Thomas ? appelle-t-elle sans hausser la voix.

Il sent son estomac s'agiter et se lève pour aller jusqu'au balcon. Elle voit son ombre à travers la cloison.

— Bonjour Adèle, répond-il sans réussir à s'empêcher de sourire.

— Tu es arrivé depuis longtemps ? demande-t-elle.

— Hier soir, j'avais besoin de m'ancrer ici avant de commencer le week-end.

— T'es stressé aussi ?

Sa voix tremble un peu, trahissant sa vulnérabilité. Un élan de tendresse le traverse et il se penche sur le balcon pour la voir.

— Pas qu'un peu, avoue-t-il. J'allais me servir un verre pour me détendre les nerfs, tu veux me rejoindre ?

— D'accord, mais habille toi s'il te plaît, plaisante-t-elle en remarquant qu'il est torse nu.

— T'es pas drôle.

Il lève les yeux au ciel, ravi de l'avoir fait sourire et rentre dans sa chambre. Adèle retient un soupir anxieux et rentre dans sa chambre. Elle ferme la grande porte fenêtre coulissante qui donne sur le balcon et rejoint le couloir de l'hôtel. Thomas ouvre la porte de sa chambre et sort pour l'inviter à entrer. Elle le regarde un moment, le trouvant vraiment très charmant avec cette chemise blanche et ce short vert d'eau.

— Quoi ? demande-t-il en baissant les yeux sur sa tenue.

— Ça change, explique Adèle en entrant dans la chambre.

— Je porte souvent des chemises.

— Rarement des shorts, précise-t-elle en s'installant sur le canapé.

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