12. Sommeil.

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Amra.






Japon.
The Penthouse.
22h45.





Je serre les dents quand ma peau me lance encore une fois. Les griffures sur mes bras me font mal, elles ne s'atténuent pas.

Je suis vraiment pas futée. Me gratter jusqu'au sang pour atténuer ma crise d'angoisse, j'ai pas trouvé mieux ?

Idiote.

Amra Safia Ait, tu es bête !

Je fais les cent pas dans la pièce à vivre.

Je n'ai osé ouvrir aucune pièce, seulement monter à l'étage, et m'aventurer assez loin en bas pour voir qu'il y a une cuisine cacher dans un coin. Moi qui croyais qu'il ne se nourrissait que d'alcool.

J'ai pensé à prendre un couteau et le planter avec. Je me suis imaginé un scénario où, je me cachais derrière la porte d'entrée, il l'ouvre, et je lui plante violemment la lame dans la carotide. Le sang gicle, et je me casse le plus loin possible de cette foutue ville. Puis, je me suis souvenue qu'il avait toujours un katana et une arme sur lui. Même si je le plante, il trouvera le moyen de me tuer avec lui.

Hein...

Isao ?

C'est ça, tu ne vas jamais m'empêcher de fuir. Tu vas seulement me traquer comme une proie.

Même au bout du monde... c'est toi qui l'a dit.

Penser à lui ravive une haine soudaine en moi. Je cesse immédiatement. Une profonde déprime, également.

Je pars m'asseoir, lasse et triste, sur l'un des canapés. Le penthouse immerge dans la lumière ocre de la lune qui accompagnent les étoiles solitaires. Il fait sombre, mais de ma position, la baie vitrée qui recouvrent l'entièreté de ce qui s'apparente à un mur, m'offre une vue de hauteur sur la superficie de Tokyo. Ses quartiers, ses gens, ses bâtisses, ses étoiles. Et moi, à côté. Plus isolé que ces étoiles. Seule dans une richesse qui ne m'appartient même pas.

Je me recroqueville sur moi même et entoure mes jambes de mes bras. Ma tête se penche d'un côté, en observant attentivement la vie battre son plein.

Sans moi.

Je regarde sincèrement ces personnes qui semblent toutes avoir ce que je n'ai pas. La liberté. Mais d'un côté, c'est réconfortant de voir le monde si bien avancé.

Être seule dans mon malheur est bénéfique, je ne veux pas que quelqu'un le vive avec moi.

Je veux souffrir seule. Je veux observer le monde heureux, sans moi. Veiller sur eux, comme la Lune le fait avec les étoiles.

Toc.

Toc.

Toc.

Trois coups robustes.

Putain, pile quand il faut pas.

Je me relève immédiatement, sourcils froncés. Qui ça peut être ? Le fou est censé avoir les clés de son appartement... Aïko ? Non...

AMRA ; Alkhayin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant