Ch4, du charmeLa douleur. Peut-être l'unique chose qui ne lui était pas inconnue jusqu'ici.
Un fardeau qu'elle avait toujours eu le souvenir de porter, comme un spectre qui la hantait, qui la suivait partout où elle allait. Comme si elle y était destinée. Elle ne connaissait pas de vie sans douleur.
À son réveil, la douleur était tout ce qu'elle pouvait ressentir. Même son corps lui parut inconnu. À qui appartenait-il ? Ce cadavre qu'elle ne reconnaissait pas. Une redécouverte totale de ce qu'elle était devenue. Des cicatrices qui glaçaient le sang, des brûlures encore ouvertes, presque encore chaudes. Un corps meurtri par le combat, par la fougue de la survie.
L'odeur du désinfectant. Le lit cimenté, inconfortable. Les murs trop hauts, trop blancs, trop vides. Le bip bip bip des machines. Le silence mortuaire. Les corps encore inanimés de ses camarades dans les lits et une dame âgée qui ne s'en sortait pas avec tout ce boulot.
L'infirmerie.
"Vous êtes réveillée, vous devez beaucoup souffrir."
C'était peu dire. Elle était incapable de bouger. Une poupée de chiffon dans un lit. Tous ses muscles, du menton à l'orteil, étaient embaumés. Elle toisait les boites de somnifères et d'antiseptiques rangés sur l'étagère avec désir, si seulement elle pouvait les attraper, tout irait tellement mieux. Si seulement elle pouvait la chasser, même juste un jour, toute cette douleur.
"Laissez-moi appeler quelqu'un."
La petite dame se servît d'une station radio installée dans le coin de la pièce pour appeler quelqu'un. Des renforts sûrement. C'était le plus logique, toute cette charge de travail pour une seule personne, c'était illusoire.
"Shoto Todoroki, à l'infirmerie s'il vous plaît."
Mais lui ? Pour quoi faire ?
Il entra dans la pièce, comme flottant, presque au ralenti. Il y avait quelque chose d'alarmant chez ce garçon, un charisme naturel, quelque chose qui faisait du bruit, malgré son silence presque constant. Les seuls mots qu'il lui avait adressé jusque-là: un bonne nuit, pas mérité. Leur premier contact, et aussi la première fois qu'elle l'avait vraiment regardé, et sa curiosité qui avait été piquée.
"Faites comme je vous ai dit, elle en a besoin."
Elle le scannait. Chacun de ses moindres faits et gestes étaient méticuleusement analysés. La façon dont il remplissait ces pochettes de glace, assis sur la chaise qui précédait son lit, hyper concentré dans sa tâche. C'était presque comique.
"Je n'ai pas entièrement pu vous régénérer, tout votre corps est touché, j'ai favorisé les blessures les plus graves. Je finirai demain et après-demain, en attendant reposez-vous. — expliqua-t-elle, on sentait la désolation dans le grain un peu rauque de sa voix.
— Je comprends, merci de faire de votre mieux."
Il déroula une bande de tissu beige, le crissement attira son attention. À côté, sur le petit meuble à roulettes, de l'adhésif médical, une paire de ciseaux et les poches de glace qu'il avait remplies. Et tout à coup il s'arrêta. La main tendue vers elle, comme s'il attendait. Mais il attendait quoi exactement ? Elle resta immobile. Sans sourciller. Interrogée.
Son absence de réaction lui fit relever la tête. Leurs yeux se croisèrent. Et c'était le retour de ce regard qui la pétrifiait. Le retour de cette impression, celle de regarder dans un miroir.
Merde.
Elle tourna la tête d'un geste brusque. Elle avait complètement oublié, ça avait été moins une.
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I can see the light - Shoto x OC
Fanfiction"Le soleil se levait, un rayon m'a chatouillé le visage, et c'était comme si l'obscurité avait disparue. Je redécouvrais le monde du point de vue d'une adolescente normale. Et je me suis dit : Enfin, je peux voir la lumière" NEW YORK TIMES BEST SEL...