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Ch5, trop amoureuse

Quelqu'un l'interpella. Elle savait déjà qui. Pas de mystère, au son de ses pas, elle l'avait reconnu. Quelqu'un qui ne pouvait visiblement plus se passer d'elle.

"Quoi ? — elle lui coupa court. Elle savait très bien qu'il l'interromprait dans sa lecture, et aucune excuse n'était assez bonne pour ça. Elle ne lui laisserait pas le temps pour la fourberie quelconque qu'il avait mijoté, pas question de lui laisser ce plaisir.

— On remettra ça Osakabe. — lâcha-t-il, pincé entre ses dents, les mots sifflotant, difficiles à dire."

Sa voix était posée. Loin de ses tumultes habituels, loin de la colère injectée dans ses cordes vocales, juste calme. Avait-il été béni ? Parce que c'était un miracle qu'elle vivait. La première fois qu'il utilisa son nom. Son nom qui avait eu l'air lourd à prononcer, qui lui avait griffé la gorge. Peut-être à cause de ce que ça signifiait de laisser tomber le bon vieux "Wonder Woman" ? Parce que c'était une forme de respect.

"Tu t'es bien défendue. — conclut-il, un peu taquin."

Les hommes sont bizarres, ou alors c'était peut-être juste lui. Là voilà la solution miracle qu'elle cherchait pour lui faire découvrir l'humilité : la bagarre. Le feu par le feu. Ça n'avait pas été gratuit, mais est-ce que ça en avait valu la peine ? Parfaitement. Parce que le très fier Bakugo était lui aussi amoché, et réussir à lui tenir tête dans l'arène, ça force le respect. Elle avait passé son test. Elle leur avait montré, elle n'était pas une perdante.

"Ça doit être ça. — termina-t-elle, souriante. Il roula des yeux, lui aussi bizarrement souriant. Il était vraiment d'une bonne humeur étrange ce jour-là. S'était-il aussi habitué à son sourire ? Celui qui induisait autrefois sa fureur."

Momo, Kyoka et Mina pénétrèrent la classe à leur tour. Légères, souriantes, rafraîchissantes, comme toujours. Les voir était devenu un réconfort pour l'ancienne nouvelle qui s'y était finalement habituée, qui avait à peu près trouvé sa place, qui avait trouvé ses repères en ces trois filles. Elles étaient sûrement devenues amies. Il fallait dire qu'elle s'était attachée à elles.

Le sujet du jour étaient les duels de la veille, ils en parlaient tous, comme si c'était festif. Est-ce qu'ils avaient vécu la même chose ? Parce que Seiko n'en gardait pas un souvenir franchement agréable, elle en ressentait encore les effets. Les blessures restaient trop vives, elle peinait à s'endormir la nuit, prise de violents spasmes douloureux qui s'alternaient, comme s'ils se passaient le mot, qui revenaient la réveiller lorsqu'elle pensait que c'était enfin fini. Des nuits interminables avec l'œil à moitié ouvert.

Vivement que je guérisse.

Momo avait gagné son duel. Est-ce que ça étonnait quelqu'un ? Cette fille était le modèle. Si tu veux rayonner, ressemble-lui. Brillante. Le seul adjectif réellement adapté pour la décrire. Brillamment intelligente, brillamment douée au combat, brillamment belle, brillamment sociable. Est-ce que cette fille avait un défaut mis à par être trop parfaite ? Seiko n'avait rien trouvé. Ah si, peut-être un seul petit truc : trop amoureuse.

Au final, tout ça lui importait peu. Tant qu'elle est heureuse. C'est ce qu'on se dit pour toutes nos copines, quand elles se passionnent de quelque chose que l'on ne comprend pas. Et ce quelque chose, pour Momo, c'était Todoroki. Un garçon que Seiko ne comprenait vraiment pas. Les gens étaient plutôt facile à cerner pour une observatrice pragmatique comme elle, mais lui, lui c'était autre chose.

Lorsqu'elle s'y retrouvait confrontée, il y avait toujours ce truc, à la fois malaisant et très familier. L'impression de tout savoir de lui, mais de ne rien connaître. L'impression de ne rien avoir besoin de dire, mais l'envie incandescente de demander. Curiosité maladive. L'envie de réussir à poser des mots sur cet effet, l'impression d'être mise face à un miroir réfléchissant où elle voyait sa propre image, sans savoir pourquoi.

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant