30. À nous deux

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Angie


— Je suis contente de te voir, Angie. Qu'est-ce qui t'amène ?

Au-delà de mon esprit que je peine à retenir de m'ensorceler, je crois que tout un tas de choses me pousse à venir ici. Dans ce petit bureau, où rien n'a changé depuis la première fois que j'y ai mis les pieds, je m'installe sur le fauteuil en cuir, prête à partager mes états d'âme.

— Pardon, je sais que nous n'avions pas rendez-vous.

Dolorès remonte ses lunettes sur son nez avant de sourire avec gentillesse. Les jambes croisées, ma psy est pourtant aussi parée que moi à entendre ce que j'ai à lui formuler. J'ignore par où commencer, il faut dire. Il s'est passé tant de choses en si peu de temps que mon crâne est désormais un véritable volcan de sentiments. Il est prêt à entrer en éruption, bien que je m'applique de tout mon possible à l'en empêcher. Les démons qui se cachent dans cette lave me font peur. Je suis effrayée de leur faire face, et pire encore. Je crois que je n'en suis même pas capable.

J'aimerais expliquer à celle qui se tient devant moi, tout dans la patience, que cette enquête que je mène derrière le dos du monde depuis trop longtemps me rend folle. Je voudrais parler de Syke, de ce qu'il m'oblige à éprouver en s'efforçant toujours d'apparaître au bon moment. Je n'ai jamais pu être sauvée, avant lui. J'ai été malmenée, d'abord par des parents, qui oubliaient quelques fois le sens de ce mot, puis par la vie, qui n'a pas été tendre en me les enlevant. J'ai dû apprendre à faire le deuil de beaucoup de choses, mais celui de la petite fille que j'étais a sans aucun doute était le plus difficile.

Dolorès me détaille, armée de son stylo, et je le sens, dans sa tête se joue la même guerre que moi. Le doute et l'intérêt se lisent dans ses traits purs et dans ses yeux bruns. La vérité perle sur le bout de ma langue, retenue par le seul cadenas de mes lèvres serrées.

— Vous connaissiez Olivia, vous ? finis-je par demander pour mettre fin à mes pensées assaillantes.

La psychologue de l'école ne change pas de position. Tranquille, elle hoche le menton, avant de refermer son crayon.

— Est-ce qu'elle aussi, venait ici ? Est-ce qu'elle participait à des séances, comme moi ? continué-je.

Là, Dolorès se redresse. Ça n'enlève rien à ce qu'elle dégage. Cette accalmie qui me donne soif de me livrer.

— Tu as envie de parler d'elle ? me soumet-elle de sa douceur habituelle.

Je ne réponds pas, me contente seulement de hausser les épaules. J'ignore ce que je veux, pour tout dire.

— Tu as besoin de parler d'elle ? modifie-t-elle alors.

La réaction fuse dans mon cerveau massacré par les interrogations. Bien sûr que j'en ai besoin. Sous peine d'exploser et de tout brûler sur mon passage. La question, ce n'est pas de savoir ce que je souhaite avouer, c'est d'être certaine d'en avoir le droit.

SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant