22.Colère

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Antonin

Cela doit bien faire cinq minutes que je tourne en rond dans mon bureau et je ne parviens pas à me calmer.

Jamais je n'ait été aussi en colère dans une telle situation.

Habituellement, apprendre qu'il y a un traître dans mon entourage m'ennuie tout au plus. Un traître, cela signifie que je vais devoir faire mon devoir pour protéger ma famille.

Je n'y trouve aucun plaisir, cela prend du temps et les traîtres sont rarement de bonne compagnie quand ont les tortures.

Non, jamais, je n'ai ressenti une telle haine devant une trahison.

Peut-être parce que je ne laisse personne m'approcher suffisamment pour être blessé s'il me trahit. Mes amis ce compte sur les doigts d'une seule main et sont pour la plupart extérieur à mon monde.

Mais cette putain de Rochambeau a réussi l'exploit de me mettre dans une si grande rage que j'aurais pu la tuer sans avoir mes réponses.

Ce qui augmente ma rage, c'est le fait d'être aussi touché. Je savais qu'il y avait des risques qu'elle ne soit qu'une manipulatrice. Et même si je commençais à la croire innocente, sa trahison ne devrait pas me faire subir mal.

Je devrais même être heureux de l'avoir enfin démasqué.

Je me fige brusquement, ferme les yeux et me concentre. Il faut que je me sorte cette sorcière de ma putain de tête. Que j'oublie la déchirure que j'ai ressentie quand l'un de mes hommes m'a montré la vidéo.

Elle n'est rien pour moi. Et c'est pour ça que je dois l'oublier !

Le téléphone sonne, me coupant dans les méandres de mes émotions. Toujours tendu, je décroche :

- Père, dis-je en simple salutation.

- Alors, as-tu retrouvé les dossiers.

La voix sévère de mon paternel ramène temporairement le calme dans mes pensées. Pour l'affronter, il me faut tous mes moyens.

- Comme je te l'ai dit dans mes précédents messages, c'est bien la sorcière que tu m'as forcé à épouser qui les a volés. Nous les avons retrouvés dans sa chambre.

- Et la clé USB ?

- Toujours pas de trace, mais je compte bien la faire parler.

- Tu veux que je t'envoie ton frère ? Tu es peut-être trop impliqué avec elle.

Dans le flux de mes émotions incontrôlables, je m'empêche de lui répondre aussitôt. Si je ne m'étais pas retenu, j'aurais tout de suite refusé. Sans comprendre la raison.

Me forçant à garder l'esprit calme, je réfléchis sérieusement à sa proposition. Elle est intéressante. Je suis en effet trop impliqué. Si j'y vais moi-même, je pourrai la tuer sans qu'elle ne nous ait rien révélé.

Je serre ma mâchoire, mon poing se ferme. Mon frère y prendrait du plaisir, mais il ne serait aussi efficace, je le sais.

- Non, je m'en charge, finis-je par affirmer avec force. Elle a osé essayer de me berner moi, c'est à moi de lui apprendre ce que c'est de s'en prendre à notre famille...

- Très bien, répondit-il à ma grande surprise. Cela m'arrange. J'ai encore besoin de son père pour une affaire. Si j'avais confié la traitresse à ton frère, jamais, il serait parvenu à la gardée présentable. Je te laisse t'occuper de tout ça, mais n'oublie pas que si sa famille à un doute, il faut pouvoir leur prouver que leur fille adorée va bien.

- J'ai compris.

Sans aucun autre mot, il raccroche.

La fureur reprend le dessus. Pour la première fois de ma vie, je regrette presque de ne pas pouvoir faire couler le sang comme il me plairait.

Refusant de me laisser manger par cette haine qui me tord les boyaux, je convoque

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant