༶ Chapitre 1 ༶

58 5 13
                                    


TW: Mention de suicide + violence physique ⚠️




Un nouveau départ

Trois ans plus tard

Jenha

J'observe les paysages qui défilent par la fenêtre de la voiture sans y prêter attention pour autant. Mes pensées me préoccupent.

— Alors dis moi, tu es pressée de voir la nouvelle maison ? me demande mon père au volant.

Je hausse les épaules. À vrai dire je n'ai même pas réfléchi à une quelconque réponse. Je suis fatiguée.

— J'ai entendu dire qu'il y avait un parc pas loin, au cas où tu voudrais y faire un tour, m'informe-t-il.

Je hausse les épaules, encore.

Un blanc s'en suivit, pas gênant, enfin de mon côté.

Ma mère et Sofia sont déjà là-bas en train de commencer à déballer certains cartons. C'est censé être le dernier aller-retour qu'on fait.

— Tu sais Jenha, si tu veux parler avec moi, tu peux, dit-il.

Parler ? De quoi ?
D'une mère qui depuis plus de trois ans maintenant m'en veut pour la mort de son fils ?

C'est un sujet commun tiens.

— J'ai rien à te dire, lâché-je.

Ça peut paraître rude comme réponse, j'en suis consciente. Mais sa suggestion n'était pas honnête. J'aurais beau lui expliquer comment je me sens, il répondra comme tout le monde :
Je comprends.

Non. Vous ne comprenez pas. Et je vous souhaite encore moins de comprendre.

Devenir l'ennemi de son parent n'est pas quelque chose d'attrayant.

— Ta mère passe une période difficile, essaie d'être là pour elle, souffle-t-il.

Je ne réponds pas et fais reposer mon menton sur la paume de ma main pour y faire tenir le poids de ma tête qui, j'ai l'impression, porte une charge lourde. Sûrement à cause de toutes mes pensées.

Je ne nie pas le fait qu'elle souffre, mais ça fait trois ans. Trois ans qu'elle a perdu son enfant, que j'ai perdu mon grand-frère et qu'elle rejette la faute sur moi.

J'ai besoin du soutien de ma mère, de sa présence, de son amour...

— Si on déménage c'est pour prendre un nouveau départ, laissons ses histoires derrière nous tu veux ? propose mon père en tournant sa tête vers moi.

Ses quelques cheveux blancs, qui contrastent avec le brun des autres, le rendent plus ferme, plus oppressant.

Même si son caractère se différencie très bien de son apparence. Lui qui aide les personnes qui
l'entourent et chérit celles qu'il aime.
Je me suis toujours inspirée de lui.
À vrai dire, je n'avais que lui comme exemple.

— Mh, soupiré-je.

•••

— On est arrivé Jenha, me chuchote papa en déplaçant délicatement les mèches brunes de mes cheveux qui balayaient mon visage.

J'ouvre mes yeux et me retrouve au bord de la route, devant un immeuble en pierre. Les iris verts de mon père me fixent pour voir si je suis réveillée.

— T'as bien dormi ? me demande-t-il.

Je fronce légèrement mes sourcils à l'entente de ses mots beaucoup trop doux à mon goût. S'il n'avait pas une faveur à me demander, il ne m'aborderait pas comme ça.

DECEITFULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant