Ch16, au diableUn tapement sur une porte. Il ouvrit. Il était 03:54 et le monde était endormi. Mais elle était là, dans ses bras. Elle pleurait.
Elle le serrait comme si c'était la dernière fois. Comme s'il était sur le point de disparaître. Comme si c'était sa dernière chance. Le sentiment que si elle ne faisait rien, alors tout serait fini. Et elle ne pouvait pas l'accepter.
Lui avait les bras ballants. Stoïque. Toute sa cage thoracique compactée par l'étreinte qu'il recevait, comme des griffes resserrées sur lui. Et il ne bougeait pas. Il restait sans réaction. Il ne pouvait physiquement pas réagir. Ce que lui disait sa tête et son cœur entraient en collision. Envies contradictoires. Ça lui faisait mal, cette situation.
Elle se fout vraiment de moi.
Comment se dire autre chose ? Trois semaines et quatre jours. Ça faisait trois semaines et quatre jours qu'elle l'ignorait comme la peste. Presque un mois depuis l'exercice. Un mois depuis que tout avait commencé et un mois depuis qu'elle avait décidé de tout gâcher. Du gâchis, c'était ce que c'était.
Il était en colère contre elle. En colère parce qu'il était enfin sur le point de renoncer. Pourtant renoncer n'était pas un art dans lequel il était spécialisé. C'était juste du bon sens. On ne peut pas forcer quelqu'un à nous aimer. Pour le peu qu'il savait, il savait que ça ne fonctionnait pas comme ça. Mais voilà que comme le remous elle était revenue à lui. Est-ce que toutes les filles étaient aussi compliquées ? Parce qu'elle était tout sauf facile. Un réseau de complexité. Et c'était peut-être ce qu'il aimait chez elle aussi.
Des rumeurs couraient. Des bruits de couloir qu'il n'avait pu s'empêcher d'écouter. Les gossips. À la base c'était pas trop son truc. Mais pour une fois ça l'avait intéressé. Il se passait quelque chose entre elle et lui. Tout le monde ne parlait plus que de ça. Mais lui savait, ça n'avait aucun sens, parce qu'il la connaissait. Elle ne pouvait pas l'aimer. C'était impossible. Elle ne le regardait pas comme ça. Comme elle le regardait lui. Mais les rumeurs ne se créent pas toutes seules, il était désabusé. À quoi elle jouait ? Pourquoi est-ce qu'elle faisait ça ?
"Je suis tellement désolée. — chuchota-t-elle, sans oser relever la tête. Comment affronter son regard après toute cette mascarade ?"
Elle n'avait aucunement l'intention de le lâcher. Elle le serrerait jusqu'à ce qu'il comprenne, sans avoir besoin de dire quoi que ce soit. Mea Culpa. Tout était de sa faute. Elle le savait trop bien. Elle n'avait pas l'habitude de demander pardon. Demander pardon c'était aussi ravaler sa fierté. C'était accepter d'avoir tort. En avoir conscience c'était une chose. Mais l'admettre c'en était une autre. Alors elle voulait qu'il comprenne tout seul. Qu'il lise dans la façon dont elle le serrait, la façon dont elle s'agrippait à son t-shirt, la façon dont elle pleurait en silence.
Il la serra en retour. Parce que même s'il était en colère, même s'il accusait le coup, même si elle avait agi égoïstement, même s'il avait envie de la mépriser, il ne pouvait pas. Parce qu'il l'aimait. Et de la même façon qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à nous aimer, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux.
Elle avait le front appuyé sur son torse, le t-shirt était humide là où ses yeux étaient appuyés, elle le serrait toujours aussi fort, désespérément. C'était le craquage total. Ça avait été trop. Beaucoup trop, ce soir.
"Je sais pas ce que je fais. — souffla-t-elle avec un reniflement."
Le moment était odieux. L'atmosphère lourde, désagréable. Il n'arrivait pas à faire abstraction de sa déception. Son amertume l'empêchait de parler. Il lui faisait payer ses erreurs par le silence. Et elle savait ce que ça voulait dire. Elle savait qu'il lui en voulait. Elle savait sa confusion, son doute, sa rancoeur. Elle ne s'en étonnait pas, elle l'acceptait même. Elle savait que c'était à cause d'elle, tout ça.
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I can see the light - Shoto x OC
Fanfiction"Le soleil se levait, un rayon m'a chatouillé le visage, et c'était comme si l'obscurité avait disparue. Je redécouvrais le monde du point de vue d'une adolescente normale. Et je me suis dit : Enfin, je peux voir la lumière" NEW YORK TIMES BEST SEL...