Samedi 28 janvier

18 4 1
                                    


Après le footing avec Bianca, où j'ai littéralement abandonné mes poumons quelque part entre chez moi et le parcours de santé, je suis sortie boire un verre avec Justine et Romain. Quand j'ai pris un perrier, Romain a failli s'étouffer. Lorsque j'ai remarqué que Justine me couvait du regard avec un sourire de mère poule contemplant son poussin un peu attardé, je me suis sentie obligée d'éclaircir les choses.

─ Si tu crois que je ne bois plus à cause de la théorie débile que tu nous as sorti l'autre fois sur notre pseudo alcoolisme...  l'ai-je prévenue, C'est à cause de mon rééquilibrage alimentaire.

─ Ce n'est pas pour ça que je souris. J'ai une surprise, a-t-elle dit avec un sourire machiavélique.

─ Oh Mon Dieu. T'es en cloque ? s'est exclamé Romain.

─ Cherche encore Sherlock, a répondu Justine en avalant une gorgée de Gin Tonic.

─ Ah oui, j'avais oublié ce détail...

─ De toute façon celui-là c'est un cadeau pour Margaux.

─ Celui-là ? ai-je rebondi, soudain pleinement intéressé pas la conversation.

─ Oui ! a jubilé Justine en se frottant les mains et en se trémoussant si fort sur sa chaise haute, que cette dernière à dangereusement vacillée. Mario a un super ami à lui qui est célibataire. Un pompier aussi. Sexy. Vraiment sexy. On s'est dit que ça serait une superbe idée que vous vous rencontriez chez nous, autour d'un diner. Je suis certaine que vous avez pleeeiins de choses en commun ! Vraiment plein.

─ Un rencard arrangé ? Bof, c'est un peu cliché non ?

─ Ma chérie, m'a coupé Romain d'un ton très solennel, quand on est célibataire à vingt-sept ans, on s'en fiche de comment on rencontre des gens. On saisit toutes les perches, c'est tout.

─ C'est toi qui me dis ça, alors que tu changes de mec comme de chemise ?

─ C'est différent, moi je suis gay.

─ C'est pas un peu homophobe comme remarque ? s'est interrogée Justine.

─ Pas quand c'est un gay qui le dit. Mais merci, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas entendue La Parole de la Maîtresse Bienpensante.

Justine s'est immédiatement renfrognée. Être moralisatrice, c'était pour elle un sport de compétition. Mais elle détestait qu'on lui fasse remarquer.

─ Est-ce qu'on peut revenir au pompier ? les coupais-je.

─ Il t'intéresse finalement ? a-t 'elle rétorqué un peu sèchement.

─ Disons que j'explore toutes les possibilités...

─ Parce que t'en a plusieurs ?  s'est esclaffé Romain.

─ T'es en forme ce soir.

─ Désolé, c'est sorti tout seul.

Il n'avait pas l'air désolé le moins du monde.

─ Viens à la maison mercredi soir, reprend Justine. Si ça te va bien sûr. C'est Mario qui cuisine

─ Ok de toute manière je n'ai rien à perdre !

─ Et merci d'être un peu plus positive. Je me suis décarcassée pour convaincre Mario de te le présenter.

─ Je ne demande pas la charité, ai-je répondu, piqué.

─ Ah bon ? demanda Romain, prenant un air faussement étonné.

Lui c'est sûr, je ne lui parle plus de la soirée.

─ Et ce repas on ne peut pas le faire un autre soir dans la semaine ? Je bosse le lendemain ;

─ Non, je crois pas. En ce moment à la caserne, ils ont un maximum de travail donc c'était pas facile de trouver une soirée où les deux étaient libres.

─ Alors que forcément, moi en temps qu'enseignante...

─ T'es relou Margaux, a commencé à s'impatienter Justine. Normalement c'est moi la susceptible du groupe.

─ Elle a raison, appuie Romain. Le perrier, ça te rend chafouine. Tu devrais repasser au gin, ça te rend plus aimable.

─ Je ne peux pas. Sinon ça aura été le rééquilibrage alimentaire le plus court de toute l'humanité.

─ Bah non, il y a eu celui que tu avais commencé l'année dernière non ? avant Noël ? a dit Romain. Il avait duré combien de temps déjà ?

─ Trois heures, a rebondi Justine en riant.

Bande de traîtres.

─ Et sinon, quand tu dis que le fameux collègue est « vraiment sexy », tu le places où par rapport à Mario ? a innocemment demandé Romain, revenant sur le sujet principal.

─ Du genre, s'il passe le week-end à la maison, c'est Mario qui dort dans la baignoire.

─ Bordel. Fonce Margaux, soupire Romain en me regardant, soudain très envieux.

Journal sans titre. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant