Les nuages surplombaient le ciel, absorband la pointe des sapins qui cherchaient toujours à paraître plus grands. Léo tâtait le fusil dans sa main, le tenant fermement, comme si elle avait peur qu'il ne lui échappe. Cela faisait longtemps qu'elle n'eut pas sentie cette lourdeur familière ou entendu ce cliqueti répétitifs. Sa dernière chasse remontait certainement il y a plus de deux ans, et Léo vint à se demander si elle saurait encore correctement viser ou simplement tirer.
Au moins, cette fois-ci, elle fut en pantalon.Alastor nettoyait ses lunettes minutieusement, essuyant la buée que provoquait son souffle et le climat humide. C'était une expérience interessante que d'observer de si près l'homme à qui on eut envoyé des missives pendant près de deux mois. Il était ici, donnant une figure à des mots et des expressions méchantes, à un sarcasme douteux et un tempérament orgueilleux. Il était de dos à elle, ne se doutant pas une seule seconde qu'elle hésitait entre lui parler ou l'abattre sans ciller.
Arthur l'asseignit d'une tape brusque sur l'épaule, la faisait se tourner immédiatement.- Sois gentille et perds le dans la forêt pour moi.
C'était la première phrase qu'il lui addressait aujourd'hui, et cela suffit à la renfrogner.- Je pensais que tu ne voulais pas qu'on touche au précieux fiancé de Margot.
- Toi et Ray faisiez mèches à table?
Léo secouait la tête de gauche à droite, surprise par le vent qui poussait soudainement ses cheveux vers l'arrière.
- Bien sûr que non, Judy ne t'a rien dit? D'ailleurs où est Ray? Elle devait nous accompagner.
- Elle est punie et ne nous dérangera pas jusqu'à ce soir, dit son père à l'arrière de sa nuque, la faisant sursauter jusqu'à presque atteindre la branche du cyprès d'au dessus.
- Je suis désolé de troubler votre équilibre, ajoutait Alastor à la conversation, sans que Léo ne l'ait entendu se rapprocher aussi, mais, seul un idiot croirait en sa tristesse feinte, un idiot ou quelqu'un qui ne le connaissait pas si bien.
Apercevoir les plus sombres côtés d'une personne peut être si révélatrice sur ses émotions, sur ses mensonges et sur toutes les petites manières qu'elle adopte. Léo avait déjà dix tours d'avance sans que nul ne le sache.-N'ayez crainte, Régina est un peu trop protectrice envers ses soeurs, elle est jalouse qu'un homme entre dans sa vie, c'est bien normal.
Léo s'étouffait avec sa salive, toujours incertaine de son audition qui lui jouait peut-être une bonne farce, Arthur, quant à lui, cachait un rire derrière son poings serré. Si monsieur d'Harcourt cru bêtement en ses propres paroles, monsieur Beleau, lui, parut bien agacé face à la dérision de la fratrie.
- Nous devrions probablement nous mettre en route, proposait son frère aîné en touchant distraitement le cuir de son gant.
- Tu as raison, j'espère que nous ne nous ferons pas surprendre par la pluie.
- Tout ira bien pour vous? Questionnait soudainement l'animateur à la petite Léo, qui sentie déjà ses nerfs à vif.
- Ne vous en faites pas pour elle, elle est plus solide qu'elle n'en à l'air!
Si ses mots auraient sonné pour d'autres comme un jolie compliment, aux oreilles de Léo, ceci retenti comme une insulte. Certes, elle n'était pas très grande ni très épaisse, cependant, si on prenait attention à l'observer avec autre chose en tête que la symbolique "femme", sûrement verrait-on à quel point elle était adroite, souple, coriace et rapide.
- Non, je n'ai besoin que de la moitié de vos munitions pour vous égaler.
Elle eut ignoré le vieil homme, ne se concentrant que sur celui qui eut osé proférer une telle insinuation. Chaque lettre fut sortie avec une médisance incontrolée, ne réveillant dans l'oeil de son interlocuteur qu'une lueur de défis.
Il la dominait aisément par sa taille impressionnante et ses épaules larges, sa carrure fut celle de quelqu'un qui connaissait le labeur, mais il avait des binocles, et les gens qui en portent ne tire jamais très juste.
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Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc)
Fanfiction1930, Si un mariage est souvent heureux, il y en a bien d'autres dont l'annonce chagrine. Le mariage est un combat, De rhétorique, De platitudes faussements cordiales, De pleurs et de colères, De lettres et d'encres, De richesse et de pauvret...