19 ♥︎

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Ch19, la méchante de l'histoire

"Tu penses qu'un jour on pourra être ensemble normalement ?

— Je me vois pas aimer quelqu'un d'autre."

Il ne se voyait pas aimer quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qu'elle. C'était elle, rien que pour lui. Personne d'autre. Et ce sentiment d'appartenance était délectable. L'idée d'être la seule. Et il était aussi le seul pour elle.

Peut-être que ce sera bientôt un « nous » ?

Elle était devenue comme elle. Comme elle l'était avant. Un verre un peu trop plein d'espoir, prêt à débordé. Une fille niaise, gonflée d'amour, trop d'amour à ne même plus savoir quoi en faire. Une fille de qui la vie ne tournait plus qu'autour de ça. Cet amour. Ce garçon. Le même garçon. Elle était devenue ce qu'elle avait méprisé. Et maintenant qu'elle y était elle-même, elle comprenait tout mieux. Les paillettes dans les yeux, ce sentiment d'agitation constante, son envie incandescente de parler de lui tout le temps, d'être avec lui tout le temps. Une vraie maladie.

Elle était tiraillée. Elle voulait tellement être avec lui. Tout paraissait tellement parfait et logique. Mais tout ça ce n'était pas la réalité. Ce cadre éphémère. Idyllique. Où l'on croit que tout est beau, et que tout restera beau. Des vacances. Un tissu d'illusion. Une pause dans le train-train quotidien. Et quand ils retourneraient à Yuei, alors tout redeviendrait comme ça l'était. Les problèmes reviendraient à coups de fouet, on ne se débarrasse jamais d'eux aussi facilement.

Mais elle avait une certitude : elle était tombée amoureuse. C'était peut-être malheureux, peut-être que la forme était incorrecte, peut-être que rien n'avait été bien exécuté là-dedans. Mais c'était comme ça. On ne choisit pas. Elle n'avait pas choisi. Ça lui était tombé dessus comme ça. Innatendu. Et maintenant qu'elle l'avait attrapée, cette portion de bonheur dont elle n'avait jamais assez, elle était sûre d'une chose ; elle ne la laisserait pas partir. Et si elle voulait la garder, alors il n'y avait qu'une chose à faire : tout avouer.

Lorsqu'elle pénétra la chambre, Momo y était déjà, accompagnée de Kyoka. Elle avait l'air très contrariée. Et Kyoka très paniquée. Elle savait que c'était maintenant. Le règlement de compte qu'elle s'était tuée à fuir pendant près de deux mois. L'heure de son jugement.

"Seiko."

Elle n'avait jamais dit son prénom aussi durement avant. Et elle revit ce regard qu'elle n'avait vu qu'une fois, rempli de dédain et de jalousie. Elle s'était levée comme un ressort, ses pas étaient pesants, comme si son corps entier était devenu trop lourd à porter. Elle se posta face à elle, la toisant de ses quelques centimètres supérieurs, posture rigide, visage sévère, remontée. Elle garda d'abord le silence, par pur sadisme, comme pour faire languir le châtiment. Des éclairs naissaient dans l'air.

"Il se passe quelque chose entre toi et Shoto ?"

La voilà, la question qui finirait tout.

Ce fut une réaction en chaîne dans son pauvre corps dépassé. L'impression que son sang avait atteint le point d'ébullition, que chacune de ses cellules explosait, que l'air ne passait plus, qu'elle allait mourir. Aucun mot ne sortait. Elle avait oublié son propre langage. Elle était terrorisée. Momo était terrorisante. Elle voyait la furie dans son regard, cette envie de l'étriper qui prenait toute la place. Elle se sentait écrasée. Mise au pied du mur.

"Je voulais justement te parler. — commença-t-elle, les cordes vocales chétives.

— Alors c'est vrai ?! — s'offusqua-t-elle en prenant un pas de recul, horrifiée. — Tu sors avec lui ?!

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant