La sonnerie criarde du réveil me fait ouvrir brusquement les yeux. Agacé, je m'en saisis et le cogne violemment contre la table de chevet, avant de le balancer contre le mur opposé. L'objet s'écrase avec fracas, sur le sol.
«Au moins, il a arrêté de brailler!», me dis-je, en tentant de retrouver une position confortable dans mon plumard. À cet instant précis, mon portable se met à sonner.
-Raaah! C'est pas vrai! Ils se sont passés le mot, ou quoi?!
De rage, je décroche, en hurlant:
-QUOI ENCORE?!
-Oh, du calme, abruti! C'est toi qui m'as demandé de t'appeler, pour te réveiller, je te signale!
Aussitôt, je reconnais la voix douce et mélodieuse de Rosalie. Maladroitement, j'essaie de rattraper ma gaffe:
-Ah, c'est vrai, j'avais oublié. Merci, Rose.
-Ouais, ben compte plus sur moi! Me lever à six heures du mat, pour te rendre service et me faire enguirlander, je m'en passerai bien.
-Ça va, j'ai dit que j'étais désolé.
Face à ce silence gênant, j'entreprends de temporiser, en changeant de sujet.
-Sinon, on se voit toujours, cet après-midi?
-Peut-être. Je te dirai ça tout à l'heure. Ça dépendra aussi de ton humeur.
À peine a t-elle fini sa phrase, qu'elle me raccroche au nez. Je reste, bêtement, quelques secondes, l'oreille collée au combiné; puis me ressaisis, quand mon regard se pose sur la pile de biftons, posée en vrac, sur la table.
Une somme colossale, que je suis «sensé» rendre à mon «employeur». Néanmoins, mes intentions, à l'égard de cet argent, sont tout aussi malhonnêtes que l'est mon «employeur». J'espère, sincèrement, qu'il a bien rêvé de ce fric, car je n'ai pas pour projet de le lui rendre. Cet escroc m'a suffisamment arnaqué, en me rémunérant que dix pour cent des sommes que je lui rapportais; alors que c'est moi qui prends tous les risques, à chacun de ses trafics. Il est grand temps, pour moi, de lui rendre la monnaie de sa pièce.
Beaucoup me qualifieraient de fou, d'oser me rebeller de la sorte, face au plus grand mafieux de La Plèbe: Boris Boudanov. Peu m'importe. Tout ce que je sais, c'est que ma patience a atteint ses limites; tout comme l'emprise ridicule que ce vaurien pense avoir, sur moi.
Une fois préparé; je me rends au lieu de rendez-vous. Le port regorge de hangars, plus vastes les uns que les autres. La plupart des gens s'y perdraient; un endroit idéal pour les trafics, en somme...
J'aperçois l'imposante bâtisse où Boris m'a donné rendez-vous. Je gare ma moto de location, pas très loin de là; puis, je pénètre dans le hangar sombre et humide, en m'exclamant
-Pouah, c'est irrespirable, ici! Whoooo; il y a du monde?!
Dans la pénombre, j'entends des cliquetis de chaînes, suivi de bruits de pas, s'approchant de moi. Très vite, je me retrouve encerclé par trois individus, dont les visages me sont familiers.
Boris s'avance vers moi, en tentant de m'intimider, avec son énorme bedaine et son cigare à la main.
-J'espère que t'as mon fric!
Je me bouche le nez, en répondant d'un ton provocateur:
-Je comprends mieux d'où vient l'odeur! Eh, Boris; avec une haleine pareil, faudrait que tu penses à aérer l'endroit plus régulièrement, juste par respect envers autrui.
Ne se souciant pas que je fasse trois têtes de plus que lui, Boris se rapproche d'avantage, puis place son index sur mon front, en me menaçant:
-Un de ces quatre, Joval, tu vas te retrouver avec une balle entre les deux yeux! T'en es conscient, de ça?
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Zibaë, les mystères de l'autre monde T1. Les fantômes du passé
FantasiDans un monde où règne le chaos et la division; l'illégalité est synonyme de survie. Moi; c'est Alex, jeune vingtenaire à l'avenir de délinquant tout tracé. Ma vie ne se résume qu'aux trafics de drogue, aux arts-martiaux ainsi qu'à mes deux seules a...