- Camille ça va ?
Il ne me répond pas. Ce matin quand je lui ai envoyé un message pour lui proposer de se revoir et qu'il a accepté, j'ai pensé que l'incident d'hier était oublié, ou que du moins il avait comprit que je n'avait pas voulu le blesser en le repoussant. Mais depuis que nous nous sommes retrouvés Camille est froid et distant et a autant de conversation qu'un poisson dans son bocal. Hier soir Camille c'est rendu malade à cause de la quantité d'alcool qu'il a absorbé. Je l'ai raccompagné, on a du s'arrêter trois fois sur le chemin pour qu'il vomisse dans une poubelle et quand nous sommes arrivés devant chez lui il est rentré dans sa maison en me claquant la porte au nez. Je ne sais pas si ce sont les effets de sa gueule de bois ou simplement la honte de s'être saoulé mais Camille s'obstine à ne pas vouloir me répondre.
- Camille qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien.
Il soupir et accélère le pas comme si je n'avais déjà pas du mal à suivre son rythme. Nous marchons l'un derrière l'autre. Je le suis comme un petit chien. Je voulais qu'on se ballade tous les deux, pas que je lui court après en espérant l'entendre prononcer une autre mot que ces « rien » qui me font bien comprendre que je le saoul.
- Pourquoi tu ne me parles pas.
- Je n'ai à dire.
Il est refermé comme une huître. Son ton est glacial. Je ne comprends pas pourquoi il a accepté de venir marcher avec moi s'il n'avait visiblement pas envie de me voir. Par désespoir je repose une énième fois la même question.
- Camille tu es sûr que ça va ?
Il se retourne enfin vers moi mais son regard et sa bouche crispée ne me rassure pas.
- Arrêt de me demander si ça va ! Je ne suis pas ton gosse !
Sur le moment je ne sais pas comment réagir. Camille ne fait plus rien pour cacher sa colère. Il sait que je vois qu'il ne va pas bien mais il est clair maintenant qu'il ne veut pas que j'insiste. Je n'aime pas ce genre de situation. Je trouve ça injuste de sa part de me laisser dans l'expectative. Je suis triste de le voir mal comme ça et je suis frustré qu'il s'obstine à rester silencieux.
Le vent est frais et me fouette le visage. J'ai les joues rosies et Camille aussi. Nous avons tous les deux froid et nous sommes tous les deux fatigués. Je ne sais pas pour lui mais moi j'ai passé ma nuit à regretter le déroulement de la soirée d'hier. Je perds patience et attrape Camille par le bras pour le traîner dans une petite rue moins passante.
- Ça ne me fait plus rire Camille. Il faut que tu parles ! Et ne me dis pas qu'il n'y a rien.
J'essaie de ne pas trop montrer ma colère mais c'est un échec. Je suis en colère.
- Ta gueule Thomas !
Je me recule et lâche son bras. Là je ne comprend vraiment plus ce qu'il se passe. Ça pourrait être tellement simple et non il faut qu'on est des embrouilles de couples. On est même pas en couple !! C'est peut-être ça qui me dérange d'ailleurs.
- Qu'est-ce que je dois faire Camille ?
- Il n'y a rien à faire. Si je ne veux pas te parler tu me lâches c'est tout !
- Mais je veux juste comprendre. Si c'est à cause d'hier soir je suis vraiment désolé...
- Mais arrêt de vouloir tout comprendre ! Je ne veux pas te parler c'est clair !
Effectivement c'est très clair mais moi je veux l'entendre.
- Qu'est-ce qu'on fait alors ?
Il ne répond pas. Décidément ça devient une habitude.
Il pourrait partir mais il reste face à moi, adossé au mur comme s'il attendait quelque chose. Je n'ai plus la patience d'attendre, je veux le bousculer un peu.
- Je te propose un truc. On se fait la bise, on se dit à bientôt. Puis on se quitte pendant quelques années, dix ans par exemple et si un jour on se recroise on se boit un café ! Après tout on ne se doit rien.
J'ai laissé éclaté toute ma frustration. Je le regrette déjà mais c'est trop tard.
- ...C'est débile de dire ça.
- Oui, je deviens bête quand je tombe amoureux
VOUS LISEZ
Thomas & Camille - Seuls contre nous-mêmes
RomanceQuand on déteste c'est qu'on a aimé, c'est qu'on aime encore...