33. Entre toi et moi

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Angie


Tout l'alcool ingurgité au cours de la soirée remonte et me donne la nausée. Dans un coin de la pièce, plongée dans l'obscurité, la silhouette de Syke se dessine, et garde secret les moindres détails de son visage. Je clos les paupières dans une tentative vaine d'échapper à la réalité. Ou peut-être, de mieux m'y confronter, quand je les rouvre pour me rendre compte que cette fois, ce n'est pas un rêve. Il n'y a rien de plus vrai, rien de plus concret, que cette aura qu'il dégage, et qui me paralyse totalement. Que cette vulnérabilité, qu'il m'impose, lorsqu'il s'approche un peu plus, me dévoilant à peine ses traits.

La noirceur est telle que je ne discerne presque rien. Seule la lumière des réverbères extérieurs qui s'invitent dans la pièce nous éclaire, très légèrement, juste assez pour ne pas s'ignorer. Comme dans le plus impur de mes songes, j'aperçois sa capuche, dressée sur son crâne et déterminée à me dissimuler ses cheveux. Un bandana recouvre sa bouche, jusqu'à son nez. Il n'est pas vêtu d'un survêtement, en revanche, mais d'un jean noir et d'un T-shirt de la même couleur.

Et parmi tout ça, ses yeux.

D'un bleu qui se démarque même dans les ténèbres les plus totales, sous des sourcils foncés et plissés, il me dévisage, des pieds à la tête, s'arrêtant sur le décolleté de ma robe. Je déglutis, brûlée par son regard et l'audace qui en émane. Je ne parviens pas à entrouvrir les lèvres pour parler, lui demander ce qu'il fait là ou comment il est entré. Je n'arrive plus à rien, y compris à respirer. Ma poitrine est compressée, par le tissu de mes vêtements, mais aussi et surtout par les sentiments qui exultent de mon cœur. Toute cette rage que je contiens, cette animosité, cette déception, ce besoin inéluctable de l'affronter, tout ça s'efface à l'exact moment où il agrandit la bouche à nouveau.

— Tu es... sublime.

Son timbre rauque habille mon âme de son empreinte. L'anarchie reprend possession des battements de mon organe vital, me laissant errer entre la vie et la mort. L'art de se sentir vivante, et d'avoir envie de mourir pour ça. Je me redresse, mon dos toujours collé à la porte close, des frissons qui courent le long de mon échine. Puis me faisant violence pour agripper un peu du courage dont je dispose encore, je marque un pas.

— Les caméras ne te suffisent plus, Syke ?

Ma voix s'éclaircit, se mêle à une volonté qui ne trompe pas. Il me foudroie, par sa prestance et l'envie de me jeter dans ses bras qui m'est infligée, et pourtant, je n'ai pas le goût de perdre, ce soir. Je suis consciente de la chance qui m'est donnée de le voir en chair et en os, ici et maintenant, dans ma chambre et à ma portée la plus totale. C'est pourquoi je décide de m'en servir jusqu'à ce qu'il m'en prive une nouvelle fois.

Il marque un pas de plus, laisse la lumière s'abattre dans ses iris, puis admet :

— Ça n'a jamais été le cas... Angie.

SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant