Chapitre 8 - Un héros sort de l'ombre

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Pendant tout ce temps, Drago avait tenté de nouer un futile contact avec son diable de père. Mais il n'avait laissé fuiter que peu d'informations, si ce n'est aucune. De plus, Drago avait encore en travers de la gorge l'intrusion de son paternel dans son esprit, en pleine nuit. Un test de communication avec le médaillon lui avait-il dit. Mais il n'en croyait pas un seul mot, il avait eu juste peur que sa mission d'infiltration ne lui permette d'aller chercher de l'aide et de le trahir, aussi avait-il voulu lui envoyer une piqûre de rappel...
Drago était assis dans l'un des fauteuils du salon, le regard un peu perdu. Il tenait dans ses bras son fils, qui s'était endormi tendrement, sa tête appuyé sur ses genoux. Il avait passé son bras derrière la nuque d'Astoria, sa femme. Elle était la seule personne au monde capable de le raisonner sans qu'il ne pique une crise de colère. Parfois, il avait la franche impression de ne pas mériter cette femme si parfaite, si douce et pourtant si ferme quand il le fallait. Il devait avouer que son physique n'était pas étranger à la fascination qu'il éprouvait pour elle : de superbes yeux verts qui n'étaient pas sans rappeler ceux de son célèbre ennemi, une longue chevelure brune naturellement soyeuse et un sourire farouche, parfois provocateur. Évidement, elle était une Sang-Pur, provenant elle aussi de Serpentard. Elle était une merveilleuse mère, aimante et sincère, bien qu'elle pouvait se montrer froide sans raison précise certains jours. Le courant passait bien entre eux, elle pouvait se vanter d'être la première femme que Drago n'ait pas aimée pour ses avantages physiques et charnelles - car n'oublions pas qu'il était l'un des Don Juan de Poudlard - mais bien pour ce qu'elle était.
- Ne t'inquiète pas, tout sera bientôt terminé, je te le promets. lui susurra-t-il au creux de l'oreille, entre quelques mèches de cheveux.
- J'aimerais pouvoir te croire... lui répondit-elle doucement, passant sa main dans ses cheveux.
Un sourire amouraché s'étendit sur le visage du jeune homme et ils s'embrassèrent longuement.
Ils ne s'interrompirent qu'à l'entrée de Lucius dans la pièce. Il congédia, sans politesse aucune, Astoria et Scorpius, qui fuirent dans l'une des chambres sans poser de question. Le regard du Malefoy était sans équivoque et n'aurait admit aucun refus d'obéissance.
- Une attaque a eu lieu à Poudlard. Tu ne m'en avais pas averti. siffla-t-il d'un ton réprobateur.
Cette annonce le cloua sur place. Potter ne pouvait-il donc jamais se comporter intelligemment et arrêter de jouer au héros ?
- Je n'étais pas au courant. répondit-il en se relevant.
- Va sur place et fais leur dire où se trouve le reste de leur "armée". dit-il, dédaigneux.
- Très bien, je pars tout de suite.
Drago était soulagé de pouvoir aller régler la situation à sa façon même s'il ne savait pas encore comme il allait s'y prendre. Cela allait-il ruiner sa couverture et devra-t-il se dévoiler sous son vrai jour devant son père ?
Il attrapa son balais, et sorti de la pièce.
- J'ai carte blanche ? demanda-t-il, un éclair de méchanceté dans les yeux.
- Totalement. répondit Lucius en esquissant un sourire mesquin.
Le fils Malefoy décolla et prit une vitesse de plus en plus rapide jusqu'à ce qu'il se transforme en une fumée noire, aptitude commune à tout les Mangemorts en déplacements. Il parcourut la vallée, la rivière, les rues, qui le séparaient de Poudlard à une vitesse foudroyante. Il avait peur de ce qu'il allait découvrir, un effroi morbide lui remonta dans la gorge.

Dolores Ombrage était restée longuement à discuter avec les partisans qui avait été blessés en chutant. Puis elle s'approcha dangereusement de Hermione.
- Quelle plaisir de vous revoir, très chère Dolores. la nargua-t-elle.
- C'en est un aussi pour moi, Miss Granger. Dites moi un peu, combien de charmants compagnons avez vous sous votre commandement ? demanda-t-elle sur un ton mielleux.
- Autant qu'il en faudra pour vous détruire. cracha-t-elle.
- Miss Granger, je crois que vous avez mal compris ma question. dit-elle en empoignant brutalement les cheveux de Hermione, lui rejetant la tête en arrière. Combien de sorciers avez vous dans votre armée ?
Hermione prit une inspiration et lui cracha au visage. Ombrage essuya rageusement la salive qui coulait sur sa joue et brandit sa baguette, la pointant sur le torse de la jeune femme. Un Doloris surgit, après qu'elle en ait prononcé l'ordre. La Gryffondor eut l'impression que des lames d'acier s'enfonçaient dans sa chair, elle hurla de douleur. Ses muscles se contractèrent et elle se déchaîna sans le vouloir dans ses liens, enfonçant les cordes dans sa peau. Cela cessa progressivement, elle était essoufflé, et ressentit la désagréable sensation d'un début de transpiration. Elle releva les yeux vers Ombrage, qui admirait son oeuvre en souriant toujours aussi mielleusement.
- Encore ? Tu as juste à me répondre.
En guise de réponse, Hermione lui jeta un regard noir. Quelques mèches de cheveux étaient tombés sur son visage, lui donnant un air sauvage. La Mangemort fût presque vexée de la non-coopération de l'une de ses anciennes victimes et se dirigea vers l'une des élèves de Beauxbaton. Elle l'attrapa fermement par les cheveux pour la mettre sur ses pieds. La jeune fille poussa un léger gémissement presque imperceptible. Toutes les autres la fixait, immobiles et impuissantes.
- Regarde, mon petit ange, je suppose que tu apprécies cette très chère Hermione ? Ce serait stupide qu'une si jolie Sang De Bourbe meurent dans d'atroces souffrances, tu ne crois pas ? Alors je vais répéter calmement ma question. chuchota-t-elle sadiquement à sa proie.
- Ne lui dis rien ! rugit Hermione en tirant sur ses liens, faisant avancer la chaise de quelques millimètres.
L'élève resta muette, elle regardait Ombrage dans les yeux, malgré la terreur sans nom qu'elle éprouvait. Elle avait de jolis yeux bleus assortis d'un blond vénitien éclatant. Une autre du bataillon lui ressemblait énormément, et Hermione supposa avec justesse qu'elles étaient jumelles.
Devant l'attitude butée dont elles faisaient toutes preuves, Ombrage jeta brutalement la fille au sol, qui s'effondra tête la première. Sonnée, elle ne réussit à se rassoir que lorsqu'elle sentit une coulée de sang commencer à inonder son visage. Son nez était surement cassé et sa lèvre inférieure coupée sur toute sa longueur.
La Mangemort fit le tour de la chaise et se plaça dans le dos de Hermione.
- Tu parleras d'une manière ou d'une autre. lui glissa-t-elle à l'oreille.
Elle planta ses ongles dans le bras de la Gryffondors et pointa sa baguette à quelques centimètres de sa peau. Une sorte d'éclair électrique noirâtre en sortit. C'était très certainement un Diffinito, revisité à la sauce Mangemort. Elle esquissait de petits gestes vifs, d'une part et d'autres de l'avant bras, qui traçaient de profondes coupures sanglantes. Hermione se mordait la lèvre pour ne pas se remettre à hurler mais la répétition du sort à plusieurs reprises fît couler des larmes le long de ses joues. Elle commença à gémir tandis que son bras n'était bientôt plus que chair à vif.
Par une fenêtre de la Grande Salle, une fumée noire entra par l'une des vitres cassées. Elle tourbillonna dans la salle avant de foncer droit sur Ombrage. Drago avait prit la décision de ne pas montrer son apparence afin de pouvoir continuer à jouer son double jeu. Aussi réunit-il une grosse quantité d'énergie magique dans son esprit et tourna plusieurs fois autour de la Mangemort. Elle chuta, morte, un liquide sombre et gluant sorti de sa bouche, comme si elle s'était étouffée avec du pétrole, et de la cendre tomba de ses narines. Drago cisailla mentalement la corde qui reliait les poignets de Hermione, et ses liens explosèrent. Ce fût au tour des jeunes filles d'êtres libérés quasi simultanément. Hermione ne comprit pas immédiatement par quelle miracle cette brume noire, qu'elle avait toujours reliée aux mots ennemi mortel, avait pût la délivrer. Puis elle reconnu qui elle était. Laissant pendre son bras invalide le long de son corps, elle récupéra sa baguette qui avait roulée à quelques mètres et immobilisa deux mangemorts. La sœur jumelle de la blessée, ainsi que ses camarades, vint rapidement leur prêter main forte, distribuant Expelliarmus et Imobilis du plus qu'elles le pouvaient. L'une d'elle sauta sur une table et bondit sur l'un des partisans, le plaquant au sol puis l'immobilisant à l'aide d'un sort. Une autre, apparement pratiquante de sport de combat, alternait prise de karaté et éclair de magie. Hermione fonçait droit dans les petits groupes, paraît les attaques puis lançait plusieurs sorts en rafales. Elle répéta plusieurs fois l'opération, mettant hors jeu une vingtaine de sorciers. Durant ce temps, Drago parcourut la salle en assommant quelques partisans au passage. Cela lui paraissait toujours étrange d'être cette fumée sortie tout droit des feux de l'enfer. Il se sentait surpuissant, invincible mais aussi extrêmement maléfique. Revenant à l'action en cours, il rassembla le reste de puissance qui lui restait et tua un sorcier qui s'attaquait à une élève en la frappant dans le dos. Mais il se rendit compte rapidement qu'il manquait d'énergie. À contre coeur, il abandonna la zone du combat et ressortit par une fenêtre. Il voleta vers le haut mais retomba à plusieurs reprises, chutant de plusieurs mètres. C'est au prix d'un effort surhumain qu'il réussit à atteindre le balcon qui jouxtait la Tour d'Astronomie. Il s'y laissa tomber, reprenant sa forme humaine. Il avait le souffle court, le regard grisonnant, les cheveux ébouriffés dont certaines mèches lui tombaient sur le front. Sa respiration irrégulière créait de petit nuage de vapeur devant son visage. Il s'adossa à la rambarde, regardant fixement devant lui. C'en était décidément plus qu'il ne pouvait en supporter. Il devrait pourtant avoir l'habitude, il passait sa vie à mentir pour s'en sortir, à retourner sa veste dès que la situation tournait à son désavantage... Mais cette fois, les conséquence seraient bien pires que les fois passées.
Un craquement retentit au dessus de lui, et avant qu'il n'ait pût réagir, un sorcier vêtu d'une longue cape noire se réceptionnait à quelques centimètres de lui. Il s'agissait de Demdesfir, Drago le reconnut grâce à la cicatrice qui lui barrait le visage.
- C'est donc toi le traître. Traître à son rang. Traître à son sang. déclara-t-il en le menaçant de sa baguette.
Drago ne bougea pas. Ça y est, il était prit. Même s'il avait pût brandir sa propre arme, il n'aurait plus eu assez d'énergie pour prononcer le moindre sort.
- J'ai choisi le camp qui vaincra. Crois moi, tu ne sers pas le bon en ce moment même. tenta de mentir le blond.
- Le propre fils du maître. L'aiglon. Je n'arrive pas à y croire. Pas toi. continua Demdesfir comme une litanie.
Il semblait hésiter. Sa main trembla. Drago en profita, il détendit ses jambes en avant et lui faucha les membres inférieurs. Poussant sur ses bras, il se releva et fonça sur le sorcier, le poussant de toutes ses forces. Celui-ci se rompit le coccyx en cognant violemment contre la rambarde puis chuta en arrière, passant par dessus, avant de se rompre le cou des dizaines de mètres en contrebas.
Drago resta longuement appuyé contre la pierre froide, à regarder le corps sans vie d'un homme qui l'avait vu grandir. Il pouvait d'ici discerner la flaque de sang qui l'entourait et son regard terrorisé à jamais éteint. Il se laissa ensuite glisser et resta sur les genoux, le front appuyé contre la rambarde. Des larmes glissèrent le long de ses joues.
Il n'avait vraiment pas l'étoffe d'un héros, pensa-t-il à cet instant, à pleurer pour quelques morts. Il n'était pas Potter. Avait-il pleuré lui ? Il en doutait. Mais il n'était pas lui, ça, il en était bien certain. Il n'était qu'un lâche, un faible, pas même capable de se choisir un camp. Demdesfir avait raison, il était un traître à son sang. Il trahissait son propre père. Y avait-il chose plus déshonorante pour un homme pour qui l'honneur n'était que fabulation à côté de la victoire ?
Un froissement de tissus murmura derrière lui. Il ne se retourna pas. S'il devait mourir maintenant, qu'il en soit ainsi, il n'avait plus la force de se battre. Une main se posa sur son épaule, et des cheveux lui chatouillèrent la nuque. Enfin, il releva la tête vers les deux yeux bruns fauves qui le fixait. Il se redressa, se retrouvant face à elle. Le vent s'était levé, faisant voleter leur chevelure autour de leur visages. Hermione passa ses doigts sur les joues du Malefoy, retirant l'excédent de larmes. Ils se scrutaient du regard, se jaugeaient presque. La cadence de leur battement de coeur et le rythme de leur souffle s'était mystiquement synchronisés. Drago retira la main de la Gryffondors de son visage et la serra dans sa propre paume. Il attrapa également l'autre main, et découvrit qu'elle était entièrement couverte de sang dégoulinant. Il la serra également, souillant par la même occasion ses doigts. La tempête se renforçait, mais eux ne la voyaient pas, ils étaient dans leur monde, ils ne faisaient qu'un. Leur deux visages s'approchèrent jusqu'à ce que chacun sente la respiration haletante de l'autre, que leur mèches de cheveux s'entremêlent, et que leur cils battent à la même fraction de seconde. Enfin, leurs lèvres se joignirent passionnément. Drago passa ses mains dans la chevelure de Hermione tandis qu'elle passa la sienne dans la nuque du blond. Ils s'embrassèrent sauvagement, comme si leur vie dépendait de ce baiser, comme si la pluie qui martelait à présent leurs épaules allait les faire fondre sur place ou que l'un des monstrueux éclairs qui zébraient le ciel allait les électrifier dans l'instant.
Ce n'est qu'au bout d'un laps de temps, qui avait parût durer des heures après les mouvements d'actions qu'ils venaient de vivre, qu'ils se séparèrent. Au loin, les Mangemorts et partisans qui avaient survécu à l'attaque et jugés bon de fuir volaient vers le crépuscule, sous forme de fumée ou à dos de balais.
- Drago... Merci. souffla-t-elle
Il ne répondit pas. Il était comme hypnotisé par la blessure de Hermione. Puis, il redressa soudainement la tête et réalisa ce qu'il venait de faire. Astoria. Scorpius. Il recula et s'appuya à l'endroit même où Demdesfir était tombé. Ses pensées tourbillonnaient dans son esprit, des images de son fils, de sa femme, puis plus sombres, de son père. Il se retourna face à l'horizon. Le ciel était couleur cauchemar, des nuages noirs le couvrait et n'était éclairé que par des éclairs vert maléfice. La pluie et la brume n'étaient qu'ombres fantomatiques. En relevant la tête, il crû voir l'effigie d'une tête de mort gravée dans les cieux. Hermione le rejoint, regardant sans rien dire le paysage, à ses côtés. Il pensa, sans vraiment savoir pourquoi, au monde moldu, et au leur. Ces moldus qu'il avait toujours rabaisser et haïe comme l'on hait des cafards ou des cloportes. À cet instant précis, il les voyait plutôt comme de petits animaux innocents, incapable de se défendre contre les prédateurs qu'ils étaient, eux les sorciers.
Il scruta à nouveau la vision d'horreur qui s'offrait à lui. Il connaissait les motivations de son père, il ne s'arrêtera pas là. Pas tant qu'il ne vaincra pas.
- Cette fois, le mal va passer de notre monde au leurs. Et la plus noire des heures nous attends tous.

La Bataille du Serpent [ tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant