Chapitre 18

498 70 46
                                    

Je traverse l'entrée en esquivant les gardes, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine.

Chaque pas me rapproche un peu plus de la confrontation, de la vérité brutale qui m'attend mais je ne peux pas reculer maintenant, pas quand la vie de Kieran est en jeu.

Quand j'arrive dans la cour, la scène qui s'offre à moi me glace le sang : le grand-père de Kieran se tient devant lui, une expression de colère déformant son visage alors que Kieran est dos à moi, silencieux pour une fois...

C'est ce qui m'inquiète le plus perso...

Le silence règne alors que le grand-père de Kieran, dans un geste de rage incontrôlée et d'une violence inouïe, lève sa main et la laisse retomber sur le visage de Kieran.

Le bruit du coup résonne dans l'air, comme un coup de tonnerre dans la nuit calme.

Kieran vacille sous le choc avant de reprendre l'équilibre alors que ses parents ont interdiction de venir l'aider.

Son grand-père le fixe d'un regard impitoyable, comme s'il le blâmait pour tout ce qui s'est passé.

Je reste figé sur place, incapable de bouger, impuissant face à la brutalité de la scène qui se déroule devant moi.

Une part de moi veut intervenir, pour arrêter cette violence insensée, mais une autre partie sait que je suis en partie responsable de tout cela.

J'ai déclenché cette réaction en mettant en œuvre ma vengeance, en utilisant la vie de Kieran comme s'il n'était qu'un vulgaire jouet.

Je sens une boule se former dans ma gorge, la rage montant en moi à mesure que je vois la personne que j'aime souffrir sous les coups de ce connard.

Mère de Kieran : tu vas le tuer si tu continues !

Pourtant, même ses hurlements ne l'arrête pas, il s'avance vers Kieran et attrape ses cheveux en regardant son visage attentivement sans que je ne puisse le voir.

Grand-père : soit tu acceptes de te marier à monsieur Robertson soit je te tue de mes propres mains !

Alors c'est vrai, ce connard va vraiment le tuer d'une manière ou d'une autre.

Et on croise les bras en regardant la scène ?

Kieran : j'ai dit non.

Le regard de son grand-père s'illumine d'une lueur meurtrière et, incapable de continuer de regarder en silence, je m'élance vers eux sans réfléchir.

Ma présence inattendue semble stopper net la violence qui grondait dans leur cour dès que son grand-père croise mon regard.

Le grand-père de Kieran ne recule pas mais semble presque surpris par ma soudaine présence.

Il ne dit rien, son regard restant fixé sur moi avec une intensité troublante alors qu'il tenait encore les cheveux de Kieran entre ses mains.

Je déglutis difficilement, conscient que je n'ai rien à dire ni à faire ici mais je ne supporte pas de voir Kieran dans cette situation.

Alors peu importe ce qu'il y a autour, j'ai choisi de protéger Kieran, même si cela signifie affronter la colère de son grand-père.

La tension dans la cour est palpable, comme si nous étions sur le fil du rasoir, prêts à basculer à tout moment alors que je soutiens le regard du grand-père de Kieran en restant impassible.

Les yeux de Grigor sont étincelants d'une fureur incontrôlée et je sais qu'il espère que je sois paralysé par la violence qui émane de lui mais ce n'est pas le cas.

Pendant un bref instant, nous restons ainsi, figés dans une confrontation silencieuse alors que tout ce qui m'importe c'est Kieran.

Moi : ça suffit.

Il lâche enfin les cheveux de Kieran qui se tourne lentement vers moi comme pour vérifier si j'étais bien là.

Mais la vision me donne l'impression de recevoir une centaine de coups de poignard.

Kieran est au sol devant moi, son visage en sang et son regard empli de douleur et de désespoir, alors qu'une terrible vague de culpabilité m'envahit.

C'est moi qui ai provoqué cela, moi qui ai orchestré sa descente aux enfers. Chaque coup qu'il a reçu est de ma faute alors que j'ai juré de l'aimer et de le protéger.

Je sens une douleur lancinante m'envahir, une douleur physique qui se mêle à la douleur de mes remords.

Mes mains tremblent, impuissantes à effacer les marques que j'ai laissées sur lui, à effacer les souvenirs de cette nuit où j'ai tout foutu en l'air.

Mes pensées tourbillonnent dans ma tête, un tourbillon de regrets et de repentir. Je réalise soudainement l'ampleur de ce que j'ai fait, l'irréparable que j'ai causé.

Je n'aurais jamais dû laisser mon envie de vengeance prendre le dessus sur ma raison, jamais dû laisser mon envie de les faire souffrir m'aveugler au point de détruire ce que j'ai de plus précieux.

Je me sens étouffé par le poids de mes actions, par le poids de ma propre culpabilité.

Je voudrais pouvoir revenir en arrière, effacer ce qui a été fait, réparer les dégâts que j'ai causés mais je sais que c'est impossible.

Les mots de regret que je voudrais dire, les gestes de rédemption que je voudrais faire, semblent insignifiants face à l'immensité de la douleur que j'ai infligée à Kieran.

Je suis consumé par le chagrin, par le regret, par le désespoir. Je suis pris au piège dans un tourbillon de remords, incapable de trouver une échappatoire à ma propre culpabilité.

Et tout ce que je peux faire, c'est regarder, impuissant, alors que la vie que j'ai détruite s'éloigne de moi à jamais.

Mais alors que je sens le poids de mes erreurs me retomber dessus, nos regards se croisent, et c'est comme si le temps s'arrêtait.

Son regard, habituellement empreint de vie et de détermination, est maintenant vide, brisé.

On dirait qu'il n'a plus aucune raison de vivre, comme si toutes ses forces l'avaient abandonné en cet instant de désespoir.

Son regard vide me hante et je sais que je ne pourrai jamais oublier cette expression de désespoir, cette lueur éteinte dans ses yeux.

Je lis toute la douleur que je lui ai infligé dans ses yeux et cette vision me transperce, me brise en mille alors que je sens une boule se former dans ma gorge.

Comment j'ai pu infliger autant de douleur à Kieran ? Comment j'ai pu être si aveugle et si con ?

La douleur dans son regard est comme un poignard enfoncé dans mon cœur, me rappelant à chaque instant les conséquences dévastatrices de mes actes.

Je voudrais pouvoir effacer cette expression de son visage, lui rendre son sourire et son éclat de vie.

Mais je sais que rien ne pourra effacer les cicatrices invisibles qui marquent désormais son âme.

Et même si je donnerais tout pour effacer cette douleur, je sais que je suis condamné à vivre avec les conséquences de mes actes, pour le reste de mes jours.

Le voir en sang dans cet état, ce n'est pas ce que je veux.

Et si ma vengeance se résume à lui faire autant de mal, alors je suis incapable d'aller plus loin.

Grand-père : tu n'as rien à faire ici.

Sa voix me rappelle à l'ordre alors qu'il lâche violemment Kieran qui s'écroule au sol.

Je n'ai pas réfléchi une seule seconde avant de venir ici mais maintenant, je suis incapable de m'en aller comme si de rien était.

Moi : je ne compte pas partir sans mon mari.


Je vois ses parents me lancer des regards haineux dans le coin de la cour mais Grigor se contente de me regarder d'un air surpris avant de me répondre.

Grand-père : je ne sais pas à quoi tu joues mais j'ai déjà trouvé un autre époux que ce batard, tu devrais le connaître c'est Robertson.


Je retiens mon dégoût au mieux rien qu'en imaginant mon oméga épouser ce gros porc qui serait déjà en prison si ça n'en tenait qu'à moi.

Moi : dommage pour vous, Kieran est toujours légalement mon mari.

Son visage se tord de colère sans qu'il ne puisse rien faire face à cela et je prie intérieurement pour que Kieran n'ait pas signé ces foutu documents.

Son grand-père finit par s'avancer vers lui, il ne s'était toujours pas relevé depuis, et le tire jusqu'au milieu de la cour me forçant à serrer les poings pour ne pas le tuer.

Grand-père : t'entends ça ? Ton très cher mari semble vouloir te garder finalement, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être qu'il aime les salopes dans ton genre. 

Retiens moi de le tabasser, il appelle notre amoureux salope là ! Bouges ton cul.

Conscience, on lui a fait bien pire alors essayons d'abord de le sortir de là.

Grand-père : mais sache que cette maison n'est plus la tienne, n'oses plus revenir ici même pour rendre visite à ta mère, tu n'as plus ni le droit de poser un pied dans cette maison ni de porter notre nom de famille.


Comme si ça avait été le cas un jour, mais je m'assurerai personnellement qu'il n'ait plus besoin de revenir ici.

Sans attendre, il le prend par le bras et me le jette comme un vulgaire déchet, je me précipite vers lui pour le soutenir et lui offrir mon réconfort.

Moi : Kieran, s'il te plaît, laisse-moi t'aider.. 

Mais alors que je tends la main pour l'attraper, il se décale légèrement et se laisse tomber en m'évitant soigneusement avec le peu de force qu'il a.

Kieran : Ne me touches pas. 

Je sais que rien ne sera plus jamais pareil mais je sais que tout est de ma faute.

Il finit par se redresser en prenant appui sur le mur et se met à tituber dangereux jusqu'à la sortie alors que ses parents sont retenus par les gardes.

J'essaye de le retenir et de le porter mais à chaque fois, il me repousse avec le peu de force qui lui reste.

On finit par atteindre la sortie avant que Kieran ne lâche son appui et s'apprête à tomber au sol.

Je m'empresse de le rattraper malgré son air contrarié et en sentant qu'il essayait de se débattre, je le fais monter dans ma voiture avant de le lâcher pour m'installer à mon tour.



En lui offrant le bonheur, j'ai perdu le mien..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant