Chapitre 3

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— J'ai commandé asiatique ce soir !

Loup, qui retirait ses baskets dans la minuscule entrée, lâcha un soupir de dépit. Non pas qu'il détestait ce choix – au contraire ! -, mais si Aubin lui criait une telle information à peine arrivé, c'était qu'il serait sûrement de corvée « récupération de colis ». Le doigt glissé à l'arrière de sa chaussure, la main libre appuyée contre le mur, il demanda :

— Depuis combien de temps ?

— Dix minutes, répondit Aubin, un sourire sur les lèvres et un torchon dans la main.

Loup dévisagea son petit ami, les éclaboussures qui parsemaient son t-shirt, ses yeux sombres qui le détaillaient avec malice ainsi que ses boucles qui étaient déterminées à encadrer son visage. Il garda ses pieds au chaud et avala la distance qui les séparait pour capturer un baiser. Le sourire d'Aubin chatouilla ses lèvres.

— Bonjour vous, sourit-il avant de déposer un baiser sur le bout de son nez.

Aubin pouffa avant d'essuyer du plat de la main la trace humide qui le dérangeait sur sa peau puis enfouit son visage dans le creux du cou de son copain. Les yeux de Loup balayèrent le capharnaüm de l'appartement, régulant tant bien que mal la pulsion qui le poussait à tout ranger. Il s'était toujours considéré comme quelqu'un de bordélique, mais se rendait compte aujourd'hui qu'il y avait définitivement pire que lui, et qu'il frôlait la maniaquerie.

— J'ai fait la vaisselle !

— C'est bien Aubin, félicitation, le taquina-t-il, conscient que son amoureux n'était clairement pas une fée du logis.

Boudeur, le jeune homme fouetta l'air de son torchon alors que Loup sautillait pour éviter une potentielle vengeance. Il accueillit Cachou, la chatte d'Aubin, qui se frotta contre sa jambe et éternua. Soucieux, le châtain se confondit en excuses, repoussant l'animal du bout du pied.

— Pardon, j'ai pas fait l'aspirateur.

— C'est pas la poussière, t'inquiète.

C'est ce chat, songea Loup en faisant les gros yeux à l'animal qui semblait visiblement n'en avoir rien à faire. Une nouvelle fois, Aubin s'excusa de ne pas avoir aspiré les poils, mais il haussa les épaules. Heureusement, son allergie ne l'empêchait pas de côtoyer le monstre à quatre pattes. Il se dirigea vers la fenêtre béante pourvue d'une poignée, l'ouvrit et accueillit l'air frigorifiant de l'extérieur. Peut-être qu'en aérant un peu, les poils s'envoleraient ?

— Tu m'as pris quoi ? demanda-t-il, l'estomac affamé.

— Comme tu aimes, des makis au saumon, sourit-il en déposant son torchon sur une chaise encombrée.

— Cool ! Merci. Comme s'est passée ta journée ?

Aubin eut à peine le temps de lui expliquer les déboires d'une de ses collègues que l'interphone les prévint d'une visite. Comme s'il était chez lui, Loup décrocha et affirma réceptionner la commande rapidement. Il déposa un baiser langoureux sur les lèvres de son petit ami, puis dévala les escaliers avant de pousser la lourde porte de l'immeuble. Un livreur attendait sagement, un sachet dans les mains. Il lui fourra les billets que son amant lui avait donnés avant de descendre et remonta aussi vite qu'il le put. Légèrement essoufflé, il abandonna ses baskets dans l'entrée, verrouilla la porte et revint dans la chambre-salon-cuisine du petit appartement.

Aubin y dépliait le clic-clac sous l'air amusé du brun. Sans attendre, Loup l'aida et ils aménagèrent l'espace de sorte à être confortablement installés. Face à la télé qu'Aubin venait de mettre en route, le lit venait d'être dressé. Loup dénicha un plateau sous un fatras de choses qui dormaient depuis une semaine sur la table puis y déposa la nourriture qu'il découvrait au fur et à mesure.

Tome 2 - True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant