Chapitre 41-Castelpopol

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      Nous étions arrivés à Castelpopol, une assez grand ville formée de maisons entassées les unes sur les autres sur le flanc de mer. Derrière la ville on apercevait des montagnes et à son sommet on trouvait une massive forteresse. Celle-ci semblait avoir été construite en brique, d'où sa couleur rouge. Je lui donnais alors dans les deux siècles d'âge. Elle ne ressemblait pas du tout au type d'architecture du reste de la ville, c'est-à-dire que le reste de la ville était composé de maisons blanches au toit en ardoise. Les rues étaient en pavés. Je m'étonnais alors de voir que les allées étaient propres. Aux premiers abords, j'avais pensé avoir affaire à une ville miteuse et assez sale. Comme quoi, les apparences sont souvent trompeuses. Il y avait beaucoup de bateaux de pêche amarrés au port, quelques bateaux à voile du 17ème siècle et quasiment aucun yacht. C'était déjà une preuve que la population locale ne roulait pas sur l'or. Qui sait quelles étaient les traditions de cette ville et combien de temps allions-nous y rester ? Je trouvais ça fascinant de découvrir une nouvelle ville, surtout une pittoresque comme celle-ci. Pourtant, même la louve ne semblait pas sereine dans cette ville portuaire. Ça sentait fort le poisson sur les quais, et il y avait comme un goût de haine à l'égard des étrangers qui venaient ici. Je regardai avec un brin de tristesse le voilier, que nous dûmes quitter. Il m'avait rappelé tout un tas de doux souvenirs. Mais, on le sait, il ne fallait pas se retourner trop longtemps vers le passé. Il fallait aller de l'avant, et c'est ce que je fis à pas déterminés jusqu'à ce que...un goéland me chie dessus. Beuurk, dégoûtant. Chiara me tendit un mouchoir en rigolant. Je m'essuyai et enlevai le guano répugnant. Décidément, cette ville n'était pas très accueillante. A peine arrivés, on me chiait déjà dessus. Nous nous rendîmes dans une taverne, où Chiara devait retrouver l'un de ses contacts. En entrant dans la taverne, le vacarme se mua en silence tendu. On nous jetait des regards courroucés, et les faces étaient menaçantes. Nous n'avions vraiment pas l'air de locaux alors.

    « Salut la compagnie ! Ben dis cdon, vouès m'avaient pas l'air bien joyeux d'y arriver à Castelpopol. Tute rappelle pas de moué Chiaara? Dit le tavernier dans un drôle d'accent.

       -Ah Yoann ! Bien sûr que si que je me rappelle de toi, ça fait si longtemps...répondit Chiara.

      -Yep ! Depuis l'ultime fois, toué sais quand toué oubliais dte payer l'aaddition. Moué je m'en souviens bien. AH mais bien bien !

      -OK on va régler cette dette alors. Ce soir c'est ma tournée! répliqua aussitôt Chiara.

      -Ouais !!!

      -Comment on va faire ? On a pas un sou... chuchotais-je, inquiet, à Chiara.

     -T'inquiète pas Pissotroum. On filera quand une bagarre d'ivrogne éclatera et que personne fera attention à nous. Ça arrive toujours ici », me répondit-elle à mi-voix, l'air triomphant.

      Bon. Pour l'instant, je jugeai le plan assez bon et cohérent. Pour ce soir, ça allait aller. Après, pour le reste de notre séjour à Castelpopol, je ne promettais rien. On sera sûrement traqué par la police du coin, sauf que je n'avais vraiment aucune envie de retourner en prison. C'est pourquoi on devra quitter la ville aussitôt qu'on aura bien bu, bien mangé et obtenu des informations grâce au contact de Chiara. Ainsi, nous partirons quand la nuit serait en train de tomber. Puis, nous serons contraint à installer un bivouac, dans les montagnes, où je ne sais quel danger nous guettait.

     Aïe, aïe, aïe... Pourquoi ça devait toujours forcément se passer comme ça? C'est-à-dire complètement de traviole. Cela me mettait en rogne. Chiara, abusant sur la boisson, ce soir, fit un scandale en provoquant elle-même la bagarre générale. Quel boulet celle-là! Je dus faire appel à mes quelques bases de combat acquises à "Affronter le tableau", pour m'en sortir et pouvoir m'échapper dans les montagnes. Malheureusement, Chiara avait du mal à suivre et puis elle se trimballait deux lourdauds qui l'avaient accostés pour ses yeux verts. Elle était limite en train de se faire aliter. Bien heureusement, elle était féroce et envoya bouler les deux gros en bas de la pente. Ouf! Nous nous en étions sortis sains et saufs. Bon maintenant on avait juste toute la PA du pays à nos trousses, mais bon on s'en sortira comme toujours j'ai envie de dire.

      Au moins nous avions eu le mérite de ne pas avoir pris autant de risques pour rien. On sentait dès à présent l'alizé du nord-est, signe que nous étions bien au Nord, plus que ce que nous aurions dû. Cela m'inquiétait et puis je commençais à avoir de sérieux doutes quant à ma guide louve. Elle n'arrêtait pas de capter l'attention par son apparence et son impulsivité. En effet, les gens d'ici ne connaissaient au monde d'en bas comme il l'appelle, c'est-à-dire le Sud. C'est donc pour cela qu'il faisait souvent des remarques déplacées sans s'en rendre compte, et puis la présence de la louve me pesait de plus en plus. Tous les soirs elle s'évertuait à me dégriser en chantant des chansons guerrières ou bien en racontant des récits de bataille. Elle finissait par me pomper sur le système. Son contact avait été utile. Il nous avait dit où se trouver exactement la demeure d'Obnut, encore plus vers le Nord à Tchouck-Tchoukville. Cette ville du monde artistique était alors reconnue comme la ville des lutins du Père Noël. Je trouvais l'idée assez marrante.

      Pourtant...je savais pertinemment que la foule dans la gare s'était déplacée à Toulouse, ma chère ville de France, à cause des manigances d'Obnut et des Créateurs. J'en avais encore un très bon souvenir heureusement. Il s'était déroulé tellement de choses là-bas. A présent, je me souvenais de ma mère, qui m'avait prévenue et avertie des événements récents. J'espérais alors qu'elle allait bien.Cela faisait plus d'un an depuis le début de cette histoire complètement folle. Un an où j'étais parti dans cette contrée étrange, qu'on appelle le monde artistique, parallèle au nôtre. Je n'avais toujours pas résolu le mystère des perturbations des deux mondes. A mon avis, il existait des liens avec les Créateurs. Eh bien, je pense, je pense mais j'en oubliais de prendre la tangente. A tel point que Chiara finit par se réveiller. Avec ses étranges yeux verts, elle me regarda ébahie et encore sous l'emprise du sommeil. Alors que j'étais sur le point de faire ma performance de 30 km/h en sprint. Elle me chuchota: "c'est ça, va rejoindre tes amis en Enfer."

      Je piquai ensuite mon meilleur sprint, en direction de la forêt du Sud.



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