Antonin
Vingt-six jours. Vingt-six putain de jours qu'on a découvert la trahison de la sorcière. Vingt-six putain de jours que la colère ne m'a pas quitté.
Vingt-six jours que je me comporte comme un putain de connard. Camille refuse que je participe à une réunion tant que je ne suis pas calmé. Guillaume, après essayé par tous les moyens de me faire changer les idées, semble m'éviter.
Même Martial prend des pincettes avec moi.
Je pense que quelques mois plus tôt, j'aurais eu honte de mon comportement incompréhensible. Même moi, je ne comprends pas dû me vient cette mauvaise humeur.
Sa trahison n'aurait pas dû me blesser autant. Et pourtant, c'est bien le cas.
En vingt-six jours, je me suis autorisé des choses qui m'auraient parue impossible avant. J'ai accepté qu'en plus des commandes habituelles, nous nous lancions dans des arnaques ciblées.
Ma famille fonctionne depuis toujours par commande. On nous paye pour faire quelques choses m, nous le réalisons. Assassinat, vole, enlèvement, trafic, rien ne nous arrête.
Nous choisissons toujours les commandes et personne ne peut nous imposer de travail. Nous prenons également à cœur notre travail d'intermédiaire et de médiateur.
Quand deux organisations rentrent en conflit, mais que les deux parties sont encore prêtes à ne pas s'entretuer, l'on nous appelle pour jouer les juges.
Bien sûr, notre famille à son propre réseau et son propre trafic. Mais quand, j'ai choisi d'agrandir nos activités vers la cybercriminalité, j'ai gardé ce système de commande.
Toutes les arnaques, tous les piratages, tout ce qu'on a pu faire jusqu'à présent était des commandes.
Mais j'ai transgressé cette règle quand l'un de mes subordonnés m'a informé avoir l'occasion de mettre le grappin sur une riche héritière et lui faire cracher son argent.
Malheureusement pour cette pimbêche, sans même prendre le temps de savoir de qui s'agissait, j'ai accepté, l'associant à la sorcière qui dort dans mes caves.
Après cela, le cercle vicieux s'est enclenché et c'est dangereux.
J'en ai conscience, mais j'ai encore et toujours le besoin de passer ma colère.
Le plus agaçant, c'est que je pensais qu'elle aurait déjà craqué. Je ne prends aucune nouvelle d'elle, j'ai juste demandé à être prévenue quand elle sera prête à parler.
Et j'attends toujours. Il ne reste plus que cinq jours avant que lui rendre visite pour faire avancer les choses.
En attendant, j'ai eu près d'un mois pour chercher où elle a bien pu cacher cette putain de clé. Sa chambre a été fouillée de fond en comble, rien.
Je sais qu'elle adore la bibliothèque et qu'elle avait entrepris un grand rangement avant son emprisonnement. J'ai donc fait fouiller tous les étages de la bibliothèque. Et malgré une semaine entière de recherche, rien.
Il reste bien les plantes. Elle adorerait s'en occuper. J'ai alors fait vider chaque putain de pot pour voir si elle n'avait pas enterré la clé. Rien. Toujours, rien.
Bien que je sache qu'il n'y avait nullement besoin de détruire toutes les plantes de cette maison pour arriver à cette conclusion. Passer un détecteur de métaux aurait suffi.
Non, détruire ces plantes n'a été que le début pour faire disparaitre toute trace d'elle du manoir.
Parce que voir ces plantes me rappeler que j'étais tombé dans son putain de piège. Qu'elle avait réussi à me rappeler ma mère. Voir ces plantes, la voir s'en occuper, m'avait rendu nostalgique du temps où j'étais heureux et insouciant.
Et durant un court instant, je lui en avais été reconnaissant.
La vibration de mon portable me fait sortir de ma torpeur :
"Mec, une soirée, ça de dit ?"
Guillaume. Il ne laisse jamais tomber... Je vais pour ignorer son message, ne voulant pas imposer mon mauvais caractère une fois de plus quand mon portable vibre de nouveau :
" Je change de formulation, ce soir, tu ramènes tes fesses !"
Je soupire. Il ne va pas laisser tomber. Avant qu'il me harcèle davantage, je lui réponds :
"Ok"
Je repose mon portable. Ce connard, par son obstination, me tire presque un sourire. Je ne le mérite clairement pas.
Si je veux sortir rejoindre ce con ce soir, il faut que j'avance dans mon travail.
On toque à la porte.
Décidément, je ne peux pas me concentrer. D'un autre côté, ça m'arrange. Seul dans mon bureau, je suis en train de perdre la boule.
- Entrez !
Martial rentre. Je vois aussitôt que quelque chose ne va pas. Son visage grave laisse percevoir son inquiétude.
Je me lève précipitamment.
- Que se passe-t-il ?
Inconsciemment, j'ai déjà mis ma main sur mon arme. Martial reste toujours impassible. Même quand le manoir est attaqué, il ne montre aucune inquiétude.
Il me montre cinq petits carnets noirs. De ceux qui se trouvent dans chaque meuble de la maison. Je fronce les sourcils.
Il hésite. Cela ne lui ressemble pas.
- Explique, ordonnè-je.
- Cela fait quelque temps que je n'arrive plus à donner un sens à son comportement, commence-t-il.
Il parle de la sorcière.
- Ses paroles durant l'interrogatoire me sont restées dans la tête. Donc, hier soir j'ai voulu fouiller une nouvelle fois dans sa chambre.
Je commence à m'impatienter. Je ne comprends pas pourquoi il ne vient au fait. Agacé, je retourne m'assoir. Je me cale au fond de mon fauteuil, les bras croisés.
Je ne l'interromps cependant pas. Il a mon respect.
- Je sais que cette pièce a été parfaitement fouillée, explique-t-il devant mon agacement. Mais, j'en avais besoin et j'ai eu raison d'y aller. J'ai trouvé ceci sous son armoire.
Il me désigne les cahiers. Je me redresse cherchant à contrôler la colère grandissante. Comment mes hommes n'ont pas pu les trouver avant ?
Je vais pour m'en saisir quand il les éloigne de moi.
- Tu ne peux pas leur en vouloir, ils étaient bien cachés.
- Ça, c'est à moi de décider.
- Je les ai lus, déclare-t-il soudain
- Et alors où est la clé ?
De la tristesse apparaît sur son visage. Décidément, il commence vraiment à être incompréhensible !
- Alors ? Insistè-je, agacé.
- Tu devrais les lires toi-même, suggère-t-il doucement.
- Je n'ai pas envie de lire une seule ligne écrite de la main de cette sorcière !
La tristesse se fait plus forte sur son visage. Il me tend les cahiers.
- Il le faut. Vraiment. Si je te dis ce qui s'y trouve, tu me croirais pas.
Agacé, je lui attrape ces fichus carnets. Je n'en reviens pas qu'il ne fasse perdre du temps comme cela.
Martial semble soulagé. Il tient vraiment à ce que je lise ces torchons. Je le fusille du regard.
Il incline alors la tête avant de se retirer. Il a bien raison de partir. Une seconde de plus et je lui balançais les carnets à la figure.
Je retourne m'assoir à mon bureau. Ferme les yeux pour faire revenir le calme. Ça me ressemble pas. Jamais, je ne me suis énervé contre Martial.
Une vague de culpabilité me submerge. Il ne mérite pas mon comportement immature. Je lui dois au moins de lire ces torchons.
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Deuxième captivité
De TodoAliénor : Un mariage. Cela ne signifie pas grand-chose pour moi. Finalement, je passe juste d'une captivité à une autre. Je ne la crains pas vraiment. J'ai eu des années pour m'y préparer. Une seule question reste : cette nouvelle vie peut-elle êtr...