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Chapitre 3
Madeleine

Il fait noir, il y a un peu de brouillard mais assez épais que je n'en vois plus mes pieds, j'entends au loin une voix familière mais je ne pourrais dire de qui il s'agit.
Je n'ai ni chaud, ni froid mais mon corps le ressent autrement, des perles de transpiration coulent sur mon front, ce qui contraste avec ma chair de poule.
je n'ai pas étrangement pas peur, je me sens comme spectatrice de ce qu'il se passe, je ne comprends absolument pas où je suis, ce que je fais, je suis juste... là.
J'erre sans but cherchant le moindre petit élément qui me ferait comprendre où je suis.
Il y a de grands arbres, des petits chemins mal entretenus, des escaliers à moitié cassés en passant devant une grande bâtisse, il y a une vieille fontaine complètement cassée, je ne sais pas depuis combien de temps je marche sans vraiment savoir où je vais.
Je continue encore et encore pendant un moment qui me semble une éternité et une seconde à la fois, comme si en perdant toutes sensations j'avais également perdu la notion du temps,
Toutes sortes de bruits se font entendre derrière moi mais aussi sur les côtés, le brouillard s'intensifie, je veux partir mais par où ?
Où suis-je bon sang !?
-Eh oh ! je crie suffisamment fort pour essayer d'alerter quelqu'un qui serait dans les environs, en vain

Sans crier gare mon corps commence à se crisper et trembler de peur, j'ai l'impression que mes jambes vont me lâcher.
Comment j'ai pu arriver ici ?
Le froid commence à s'insinuer dans mes membres, mes dents se mettent soudainement à claquer, j'ai une chair de poule monstrueuse, mes membres se contractent tellement de froid que j'en ai mal.
Je lève la tête tant bien que mal quand je vois que j'arrive dans un endroit complètement désert. Ah, non pas totalement désert, il y a un bâtiment avec une grande porte en bois marron foncé comme celle de l'éco...

-Oh ! Mais c'est la bibliothèque de l'école, je vois soudain une personne se diriger à l'intérieur, elle se déplace rapidement et avec une telle grâce qu'on dirait qu'elle vole.
Je me précipite pour la rattraper mais sort de mon champ de vision.
Au diable les douleurs, mon âme et mon corps se disloquent, je souffre terriblement mais mon corps continue encore de courir.
Je n'ai nulle part où aller, il y a toujours autant de brouillard donc la vision est difficile, mes jambes me font tellement mal pour courir, malgré le froid mais je parviens à y entrer.
J'essaye de me réchauffer les mains difficilement, il n'y a plus de brouillard et il ne fait pas froid, mais ce n'est pas pour autant que je me réchauffe rapidement, je pense qu'il faudra attendre un peu.

Je regarde tout autour de moi, la bibliothèque est complètement différente de la veille, l'ambiance est plus sombre, plus vide, je sens un courant d'air ni chaud ni froid à travers mes cheveux qui arrive jusqu'à ma nuque.
J'en tremble de tout mon corps, je regarde mes doigts, ils sont très blancs, les bouts de ceux-ci sont bleus, pourtant, je n'ai plus froid, la brume qui me montait jusqu'aux chevilles est toujours là, tout est poussiéreux, il y a des draps sur les tables pour les protéger.

-Je ne comprends pas..

Je suis complètement bouleversé, sous le choc, apeuré, je pense qu'aucun mot ne pourrait définir mon taux de stress, d'adrénaline, de peur et d'angoisse.

-Je veux rentrer, je dois rentrer...

J'essaye de courir mais je m'aperçois que mes jambes refusent d'obéir, impossible de faire le moindre mouvement, et d'un seul coup tous les livres se mettent à tomber un par un faisant un bruit épouvantable. J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur, je me mets à pleurer, crier, je perd totalement le contrôle de mon être, je me sens tomber, mon cœur se serre d'un coup, comme si le sol s'écroulait sous mon corps, j'ai mal à la poitrine, mes yeux commencent à se fermer, ma vision se floute, et c'est le noir total.

-Madeleine, j'entends une voix douce, je ne la connais pas, j'essaye de garder les yeux ouverts pour essayer de distinguer la silhouette, qui est-ce ? je n'ai pas la force de lui demander.
N'aie pas peur, Madeleine, tu connais la réponse, la voix disparaît peu à peu et mes yeux se ferment, je ne vois plus rien et je n'entends plus rien.

--------------

-Madeleine !!
Ma mère est à côté de moi, elle me tient les mains, j'ouvre les yeux d'un seul coup et je me rends compte que je suis dans mon lit, toute transpirante, ma respiration est haletante, un cauchemar.
Tout va bien ma puce c'est fini, je suis là, elle me serre fort contre elle mais je n'arrive toujours pas à bouger, je suis encore pétrifié.
Elle finit par me lâcher.

-Je vais te préparer un petit truc à grignoter, vas prendre une douche ça te fera du bien.
Je ne me fais pas prier.

Mon corps tremble en direction de la douche, je reprends peu à peu mes esprits.
-C'était un cauchemar Mad, ça faisait juste longtemps que je n'en avais pas eu depuis longtemps, tout va bien, je lâche un profond soupire et je fais quelques exercices de respiration en entrant dans la douche.

-Qui était-cette personne ?
-"Tu connais la réponse"... je me murmure plusieurs fois cette phrase sans réellement comprendre.
Je laisse couler l'eau chaude sur moi quelques minutes.

En prenant le gel douche je m'aperçois que j'ai les pieds remplis de terre, et bleus, comme si j'étais sorti et que j'avais eu froid, mon sang se fige dans mes veines. Directement, mon corps arrête de bouger pétrifié par la peur. Mon cœur bat plus vite que la moyenne, des larmes perlent sur mes joues. Une vision horrifique dont je ne pourrais pas me débarrasser de sitôt. Ma main se pose sur ma bouche instinctivement pour éviter de crier.

-Ce c'était.. Pas un cauchemar..

Je sors de la douche transpirante, je titube, est-ce que je suis tombé malade et que ça me provoque des hallucinations ?
Je rejoins ma mère. Au vu de son visage qui se ferme le mien ne doit pas être beau à voir.

-Maman, je ne me sens pas très bien.., elle doit le voir, j'ai du mal à m'asseoir.
Sa main se pose sur mon front et son expression me confirme qu'il a un problème, je dois être bouillante.
-Ma chérie, tu es gelée.. dit-elle, ce qui me rend complètement abasourdi.
La panique s'empare d'elle lorsqu'elle me fait réchauffer mon chocolat chaud et va chercher un gant chaud et me le place sur le front. Moi, je n'y comprend rien, mon cerveau ne veut pas réfléchir, il essaye déjà de comprendre ce qu'il se passe.
-Tu vas rester au chaud aujourd'hui, je vais mettre le chauffage dans ta chambre un peu plus fort et te placer une bouillotte pour réchauffer ton lit.

J'avoue que là je ne m'attendais pas à ça, je pensais avoir de la fièvre, ce qui aurait expliqué mes hallucinations, mais être gelé...
J'ai la confirmation que ce n'était pas un cauchemar, entre mes pieds bleus et sales et mon corps froid, je suis bel et bien sorti...un frisson parcourt mon corps, ma mère m'aide à me lever et me mettre dans mon lit.
Il est chaud, elle rajoute plusieurs couches de couettes et monte le chauffage.
Au vu de son accélération elle doit être en retard, mais elle a quand même le temps de me faire un baiser sur le front en me tenant les mains.

-S'il se passe quoi que ce soit tu m'appelles, je reviendrais aussi vite que possible, pour midi tu as les restes d'hier au frigo, je rentre le plus tôt possible et je t'envoie un message à ma pause de midi, repose toi maintenant.

Elle me donne mon doudou, j'avoue ça me rassure un peu, m'embrasse une dernière fois et s'en va, hésitante, je sais que si elle avait pu, elle serait resté avec moi.

J'entends la porte claquer.
Je suis désormais seule, je mets un peu de musique pour ne pas entendre ce silence affreux et j'essaye de m'endormir tant bien que mal.
Au bout de plusieurs heures et plusieurs aller-retours aux toilettes je décide de prendre un des somnifères de maman, elle ne veut pas que j'en prenne mais je pense que pour cette fois ci elle va comprendre, je retourne m'allonger sous mon amas de couettes, et j'arrive enfin à m'endormir.

DisappearedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant