Bugiardi [En Réécriture]

12. Sang froid

Lys, 23h, en route vers la maison de Carter

Nous venons de partir de ma maison, ma précieuse maison que j'attends depuis des années. Je viens à peine d'avoir mon indépendance qu'on me l'enlève déjà. C'est vraiment injuste ! Mais je n'ai pas tellement envie de mourir maintenant, alors je vais aller vivre chez mon ancien meilleur ami et son coloc. Franchement je n'aurais pas pu tomber sur pire !

—Je ne comprends pas comment tu fais Lys ! s'écrit Lucas.

—Tu ne comprends pas quoi ? je lui demande curieuse.

Lucas jette un coup d'œil à Carter, et il se glisse à côté de moi. Je suis assise à l'arrière de la voiture, alors je ne vous dis pas à quel point c'est drôle de le voir escalader le siège sous le regard meurtrier de son meilleur ami.

—Tu nous connais à peine et tu vas emménager avec nous, et tout ça dans le plus grand des calmes. Comment tu fais ? Tu n'as pas peur ? Enfin, moi je ne serais pas très confiant à ta place, m'avoue-t-il en se grattant la nuque.

C'est vrai que dans d'autres circonstances, j'aurais eu peur d'emménager avec des gens que je connais à peine. Mais avec Lucas je me sens en confiance, je sais qu'il ne me ferait pas de mal.

Je me sens en confiance avec Carter aussi, il s'est sacrifié pour me sauver la vie alors qu'il aurait très bien pu laisser cette balle traverser mon corps pour ne plus jamais me revoir. Ce n'est pas quelque chose d'insignifiant. Et puis, je le connaissais très bien, à l'époque, il n'osait même pas me toucher par peur de me blesser, c'étaient les débuts de notre relation. Et malgré ses idées vengeresses, j'espère qu'il ne me fera pas de mal ni physiquement ni mentalement. Je le déteste déjà assez pour qu'il en rejoute une couche.

-Je me suis déjà retrouvé dans une situation pire que celle-là Lucas, ça ne me fait pas peur de venir habiter avec toi et ton pote, dis-je en regardant dans le rétroviseur. Crois-moi quand tu as vu le pire, plus rien ne t'effraie.

Lucas baisse alors la tête, se remettant visiblement en question face à mes derniers mots. Je tourne alors la tête en direction de notre conducteur et je croise son regard. Il ne regarde même plus la route, ses yeux sont fixés sur moi. Et je n'arrive pas à savoir à quoi il pense, il me regarde sans rien laisser paraitre.

Vous connaissez le genre de personne qui se cache derrière un masque pour ne jamais révéler son vrai visage. Carte est ce genre de personne. Je ne l'ai vu retirer son masque qu'une seule fois, il l'a fait devant moi. Le jour où je suis parti en France, le jour où il m'a demandé de rester avec lui et que je n'ai rien répondu. Il s'était mis à nu devant moi et je n'ai pas su répondre.

Je n'avais pas su lui dire que je voulais rester avec lui, que je n'avais besoin que de lui pour être heureuse, que peu importe nos différences il n'y avait qu'avec lui que je voulais être. Je n'ai pas su lui dire qu'il était le seul à illuminer mes journées dans mon enfer.

Je n'ai pas su lui dire que je l'aimais... Je le regretterais toute ma vie.

Mais je devais partir de l'Italie seulement la raison il ne la connaissait pas, je l'ai toujours tenu à l'écart de mes problèmes en lui dévoilant que le nécessaire. Il ne connait pas ma famille, il ne connaitra jamais ma famille. Il connaissait qu'une partie de ma vie, il ne pouvait pas comprendre pourquoi mon départ était important. Je n'ai pas voulu agrandir la souffrance qu'il ressentait déjà. Je ne connaissais pas grand-chose à sa vie non plus, il a toujours été discret là-dessus, comme moi, ne dévoilant que le nécessaire pour ne pas que je pose trop de questions.

—Je suis désolé que tu ais eu à voir le pire mais dis-toi que tout ça nous a rassemblé et que c'est l'un des côtés positifs de ton histoire. Il faut savoir trouver la lumière quand tout parait sombre autour de toi. Et je t'annonce que je suis trop content d'avoir une nouvelle amie qui va vivre avec moi ! Non pas que tu ne me suffises plus Carter, reprend Lucas en entendant ce dernier se racler la gorge.