La haine de vivre, la rage de survivre.
Ella veut réussir, elle rêve de quitter cette cité pour perccer dans le sport.
Nabil aspire à percer dans la musique, désireux de tourner le dos à la bicrave et de progresser enfin dans la vie.
Ils se côtoient...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
2012 Ella Une instant - Cikey, SYB ---
Ce matin, je me réveille avec un mal de crâne lancinant, comme si un marteau s'était acharné sur mes tempes toute la nuit. La réalité de la veille s'impose à moi avec une brutalité insoutenable. Je n'ai pas été capable de fermer l'œil, tourmentée par les souvenirs de ce qu'il m'a fait. Les images me hantent : ses doigts qui s'introduisaient dans ma culotte, ses mains sur moi, sa langue invasive dans ma bouche, son regard lourd de menace, son odeur de sueur mêlée à celle de la terreur. Chaque pensée me donne des frissons d'horreur, et même en fermant les yeux, je revis cet instant, comme un film que je ne peux pas éteindre.
Ce n'est pas grave, il ne t'a pas tuée. Ce n'est pas grave, tu es encore en vie.
Mais j'ai beau être en vie, il a failli me tuer de l'intérieur. Plus jamais, je ne serai la même. Walid a abusé de moi, et même si Nabil est arrivé au bon moment, il a quand même marqué mon corps et mon esprit de son empreinte. Il m'a embrassée de force, touchée de manière indésirable, frappée, me faisant sentir comme si ma personne ne valait rien. Ses menaces résonnent encore dans ma tête, et je sais que je vivrai désormais dans la peur.
Effrayée d'être suivie. Effrayée d'être manipulée. Effrayée qu'un homme me touche, me regarde. Effrayée d'être violée.
Je suis consciente que la vie continue et que je ne peux pas laisser la peur me contrôler, que je ne peux pas toujours craindre d'être utilisée ou manipulée. C'est la nature humaine, après tout : manipuler pour régner. Mais Walid m'a prouvé que mes limites peuvent être foulées aux pieds, et c'est cette prise de conscience qui me terrifie.
En regardant mon visage dans le miroir, je prends la décision de ne pas aller en cours ce vendredi. Mon nez a pris une teinte mauve, ma joue enflée arbore une couleur bleutée, et des traces de sang séché marquent le bas de mon visage. Avec une serviette humide, je tente de nettoyer les dégâts, mais la douleur me fait pousser des plaintes. Chaque pression sur ma peau me rappelle la violence que j'ai subie.
Je devrais être capable de me défendre. Je suis stupide d'avoir été plantée là sans bouger.
Mais ensuite, des pensées viennent contrer ma culpabilité.
Il mesure deux têtes de plus que moi. Il est plus baraqué que moi. Il me retenait, et même si j'avais fait le moindre mouvement, il m'aurait frappée. Peut-être que crier était la seule chose que je pouvais faire.
En repensant à Nabil, un léger réconfort m'envahit. Il a été là, il m'a sauvée. C'est à lui que je dois ma sécurité actuelle, et cette pensée me permet d'avancer, même si la douleur demeure.
