7- Jenny Corrigan

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Helena

Ce matin en me réveillant j'ai senti une vive douleur dans le poignet, j'espère que ce n'est rien de grave.

Aujourd'hui je porte la robe que avait offerte ma mère. Elle est de plus en plus petite mais je ne peux pas me résoudre à la laisser trainer dans mon dressing et ne plus la mettre. Ce serait comme délaisser encore un peu plus ma mère, je ne peux pas, je n'en ai pas la force mentale. Je n'arrive pas à réaliser qu'elle est parti, que je ne la reverrai plus.
Cela fait pourtant de nombreuses années qu'elle nous a laissés.
Je crois que ce qui m'a confronté à la réalité c'est le mariage de mon père avec ma belle-mère.
Il était là dans son beau costume devant l'autel à attendre sa futur femme. Elle est finalement arrivé avec 10 minutes de retard, on ne change pas les bonnes habitudes, dans sa longue et très décolletée robe blanche.
Dès qu'elle a vu mon père, un immense sourire s'est étiré sur son visage et a avancé jusqu'à l'autel.
Lorsque qu'il ont échangé leur consentement "Je promet de t'aimer jusqu'à ce que la mort nous sépare" je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il avait également fais cette promesse à ma mère des années auparavant. Je ne sais pas si il a tenu sa promesse ou pas.
D'un côté il l'a bien aimé jusqu'à ce qu'elle meurt mais ne l'a pas aimé jusqu'à la sienne. Peut être que si elle n'était pas morte ils seraient resté ensemble jusqu'à leur mort. De toute façon je ne le saurai jamais.

Ça ne me dérange pas tant que ça que mon père se soit remarié, ce qui me dérange c'est avec qui.
Elle me déteste, elle porte sur moi des attentes sans prendre mes envies et mes passions en compte.
Un jour elle m'a dit vouloir que je fasse des études de management alors à la rentrée je me suis retrouvée avec cette option. Si je ne fais pas comme elle le souhaite elle ne me nourrit plus pendant une semaine. Si je veux pouvoir me nourrir, il faut que je le fasse en dehors de la maison et pas après 19 heures car c'est l'heure du couvre feu qu'elle m'a instauré depuis le jour où je suis rentrée à 19h30. J'étais restée bloquée dans les bouchons après une sortie entre copines. Bien évidemment mon père ne sait rien de tout ce qu'elle me fait subir, pour le peu de temps où il est là de toute façon.

Je finie de me préparer et descend prendre mon petit déjeuner.
La douleur dans mon poignet ne s'est toujours pas apaisée. À peine arrivé dans la cuisine, ma belle mère m'observe des pieds à la tête.

"- Tu continue de mettre cette robe, elle est trop petite, il faut que tu la jettes maintenant.

- Ma mère me l'avait offerte, je ne veux pas la jetter.

- D'accord mais je ne veux plus te voir la mettre ou je la jetterai et tu ne la verra plus jamais."
Je baisse la tête et vais m'asseoir à table où une assiette remplie de salade, de tartine sans gluten et une barre protéinée sans sucre m'attend.
Elle ne veut pas que je prenne un seul gramme alors elle contrôle tout ce que je mange.
En début d'année elle a appelé le collège pour leur donner de l'argent si il ne me donnait que des aliments bon pour la santé et équilibrée.
Je me contente en général de salade avec un petit bout de viande et un fruit comme dessert.
J'ai pris l'habitude de manger aussi peu et mon estomac aussi alors les peu de fois où je vais au restaurant avec mes amies je ne fini jamais mon assiette et me fais vomir tout ce que j'ai mangé de trop avant de rentrer chez moi.

La majorité du temps je vais au lycée à pied. Je ne suis pas obligée mais ça me fait respirer l'air qui me manque chez moi, j'ai parfois l'impression que j'étouffe, que je suffoque et ma belle mère n'y est pas pour rien.

Ce matin, l'air me libère. J'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau.
L'air frais du matin fait voler mes cheveux dans le ciel orangée tandis que le soleil se réveille de sa longue nuit. Je l'envie, il n'a personne pour l'embêter, tout le monde l'admire.
Moi je suis invisible, ce qui n'est pas pour me déplaire seulement je préférerais que les quelques personnes qui me voient ne me voient pas.
Mais bon, comme on dit, on ne choisit pas sa famille.

À mon plus grand désarroi, le chemin qui me mène au lycée est plutôt court et je suis déjà devant la grande grille du portail.
Bien évidemment je suis arrivée en avance, ils n'ont pas encore ouvert.

Je grelotte, pourquoi est-ce que je ne me suis pas rendue compte ce matin en sortant qu'il faisait aussi froid. J'espère que le concierge va bientôt ouvrir car sinon je pense que je vais geler sur place.

Enfin, au bout d'une interminable attente, le vieil homme chauve qui nous sert de gardien apparaît derrière la grille. Il fait tourner les clés dans la serrure tellement lentement qu'on pourrai croire qu'il s'agit d'un film au ralenti.

Dès qu'il retire les clés de la serrure, je pousse le lourd portail en fer qui rouille de plus en plus et cours me réfugier dans la bibliothèque.

Je n'ai mon premier cours que dans deux heures alors je pense que je vais profiter de ce temps de répit pour continuer mon livre et avancer mes devoirs.

Je suis installée depuis 20 min quand Jenny arrive. Je ne la vois pas tout de suite dès qu'elle a passé la porte et je crois qu'elle s'en rend compte car elle me contourne pour venir enrouler ses bras autour de mon cou, ce qui me donne un léger sursautement.

"- Salut, comment ça va, j'ai appris pour Alex et comme tu ne répondais plus au téléphone je commençais à m'inquiéter, me murmure-t-elle dans mon oreille droite.

- Ça pourrai aller mieux mais je pensais que j'irai plus mal que ça, j'imagine que le fait que ce soit un connard diminue un peu mon chagrin.

- Je suis vraiment désolée, de toute façon je ne le sentais pas ce mec.
Je sais qu'elle me dis ça pour me consoler mais le fait qu'elle ne m'est jamais fait part de ses doutes envers Alex m'agace plus qu'autre chose. Seulement je préfère me taire, si elle me l'avais dit je ne l'aurai probablement pas prise au sérieux.

- Merci, mais je n'ai plus envie de parler de ça, on pourrai parler d'autre chose s'il te plaît ?

- Oui bien sûr je te comprend tu sais, qui aurai envie de parler de son ex alors qu'il l'a trompée pendant la moitié du temps qu'ils ont passé ensemble.
Je me rend compte que parfois elle n'est pas très délicate et en ce moment, je ne sais pas si elle le fait exprès ou si elle est juste conne.

- Tu n'as pas cours, je lui demande alors.

- Si, tu as raison, il faut que j'y aille si je ne veux pas être en retard, à plus Lélé."

C'est la seule à m'appeler comme ça. Je n'aime pas ce surnom mais je ne veux pas la vexer alors je ne dis rien.

Je lui ai un petit peu mentis quand je lui ai dit que je que n'allais pas si mal que ça. En vérité, je pleurs tous les soirs quand je repense aux moments joyeux qu'on a passé ensemble. Il prenait tellement soin de moi et me chouchoutait comme une princesse. Est-ce qu'il jouait un rôle pendant tout ce temps ?
Était-il un minimum sincère envers moi ?
Ça non plus je ne le saurai jamais.

Pour la vie et à jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant