NATHANIEL
"Fais semble que ceci est un rêve"
"Je ne peux pas. Si je le faisais, je ne voudrais jamais me réveiller."
Et j'aurais voulu ne jamais me réveiller...
Je marque une pause avant d'ouvrir la porte menant au toit du lycée. J'ai besoin d'un instant, juste un instant, pour reprendre mes esprits.
La fille dont je suis éperdument tombé amoureux était la personne la plus radieuse que j'ai jamais vu il y a à peine quelques minutes. Elle offrait au monde un véritable sourire et c'était la plus belle chose que j'ai vu de toute ma vie. Sous les applaudissements du public, elle s'est laissée emportée et a passé ses bras autour de moi, et ça, c'était le rêve que j'aurais aimé ne jamais quitter.
Mais comme à chaque fois que je rêve d'elle, le réveil est brutal.
Je prends une grande inspiration et pousse la porte. Je soupire de soulagement lorsque je la découvre assise sur le muret qui entoure le bâtiment. Contrairement à moi qui suis retourné en coulisses pour me changer, elle est toujours vêtue de sa robe de princesse. De loin, on pourrait presque croire à une de ces peintures exposées en galerie. Le soleil commence à décliner, reflétant les paillettes du tissu bleu roi de sa robe. Une brise légère s'engouffre dans ses cheveux et ses boucles s'échappent de la barrette que lui a donnée Rosalya avant la pièce.
Je m'approche doucement d'elle, terrifié à l'idée de la faire sursauter. Elle pourrait basculer et tomber, ou pire, choisir de sauter. Mais elle n'en fait rien. Elle ne fait rien. Pas même quand je pose les mains sur le muret à côté d'elle. Suffisamment éloigné pour ne pas la brusquer, suffisamment proche pour la rattraper si besoin. Je la détaille un instant, ses yeux sont fermés et elle semble étrangement paisible, mais je sais qu'il n'en est rien. Sa main est fermée, fermement accrochée à sa lame de rasoir. Une petite traînée de sang s'en écoule et je n'ose imaginer le niveau de douleur qu'il lui faut pour atteindre un seul instant de silence.
En fait, si. Je le sais.
– Tu y as déjà pensé ?
Sa voix est calme, mesurée, trop mesurée pour les circonstances.
– De ? je demande.
– Quand tu viens ici pour te réfugier, est-ce que parfois tu y penses ? À sauter ?
Je ferme les yeux un instant, terrifié à la perspective qu'elle puisse sincèrement envisager cette idée. Mais je me montre honnête :
– Oui.
Elle pouffe, l'air de dire "je le savais". Bien sûr qu'elle savait. Tout le monde ne voit que "Nathaniel le délégué principal", celui toujours là pour aider les autres, celui qui a des résultats parfaits, mais pas elle. Elle l'a compris bien avant d'entrer dans ce maudit vestiaire.
– Et qu'est-ce qui te retient ?
Je baisse les yeux sur la cour, quelques personnes commencent à sortir du gymnase et les bruits de la ville résonnent tout autour de nous.
– Je ne sais pas.
Là encore, c'est la vérité.
– Et toi ? je demande. Qu'est-ce qui t'empêche de sauter ?
– Trois étages c'est peu, répond-t-elle. J'aurais trop peur de survivre à la chute.
Mon souffle se coupe. Ce n'est pas la réponse que j'espérais.
– Et puis, reprend-t-elle. J'ai fait une promesse... Je crois que s'il y en a une que je dois tenir dans ma vie, c'est celle-ci.
Elle ouvre doucement les yeux et le soleil se reflète dans ses prunelles de jade où se dessinent des reflets dorés. Sans la quitter du regard, je déverrouille mon téléphone et écrit un message surement truffé de fautes d'orthographes à Ginny pour l'informer que pour l'instant, tout va bien.
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this is me trying || Amour Sucré
FanficSuite à de terribles événements, Octavia et Ginny, deux meilleures amies aussi chaotiques que torturées, débarquent au lycée de Sweet Amoris. Elles y feront des rencontres qui changeront le cours de leur vie, pour le pire, mais surtout pour le meill...